Depuis vingt ans, ce couple de retraités se bat pour récupérer sa maison squattée
À Pamiers (Ariège), Georgette, 78 ans, et son mari David pensaient enfin en avoir terminé avec leur long combat. Après vingt ans de procédures, le tribunal leur a donné raison face à l’occupant illégal de leur maison et l’a condamné à verser 70 000 euros, dont 3 000 euros de dommages et intérêts. Mais malgré cette victoire judiciaire, le couple reste privé de son bien.
De locataire à squatteur : la maison confisquée
Tout commence à la fin des années 1990. Georgette achète une petite maison d’environ 90 m² pour y passer sa retraite avec son mari. Elle confie les travaux de rénovation à un artisan local, qui s’y installe temporairement. Peu à peu, le locataire cesse de payer le loyer de 350 euros et s’approprie les lieux.
"Quand je lui ai dit que je voulais récupérer ma maison, il m’a répondu qu’il y était bien… mais que je pouvais dormir sur le canapé", raconte la septuagénaire à La Dépêche du Midi. Les loyers deviennent aléatoires, parfois versés "quand il en avait envie", et à des montants qu’il fixait lui-même.
La maison, laissée sans assurance depuis plus de vingt ans, s’est dégradée. Impossible de la vendre : l’occupant refuse les visites et empêche la réalisation des diagnostics. Le couple, lui, vit désormais en logement social, tout en continuant à payer impôts et charges pour une maison qu’il n’occupe plus.
Une victoire judiciaire qui ne change rien
Le 26 septembre 2025, la justice a enfin tranché : le squatteur est reconnu coupable d’occupation illégale et condamné à quitter les lieux sous deux mois. Pourtant, la décision reste sans effet immédiat. En raison de la trêve hivernale, qui débute le 1er novembre et s’étend jusqu’au 31 mars 2026, toute expulsion est suspendue.
"C’est un cauchemar qui n’en finit pas", confie David. "On a gagné, mais on ne peut toujours pas rentrer chez nous." Le couple raconte son épuisement face à la lenteur de la procédure : "Les impôts continuent de tomber, les dettes s’accumulent, et on ne peut rien faire."
Dans le garage de la maison, du matériel professionnel appartenant à David reste bloqué. "J’ai des outils que je loue normalement 200 euros par mois. Ils sont là-bas depuis un an."
Un combat absurde et épuisant
Depuis plus de vingt ans, Georgette et David vivent au rythme des démarches administratives, des reports d’audience et des menaces. Le squatteur, selon eux, aurait même affirmé qu’il "brûlerait la maison" s’il était expulsé.
Le couple a reçu plusieurs propositions d’achat, toutes restées sans suite. "On veut simplement tourner la page, vendre et vivre tranquillement", confie Georgette, rapporte La Dépêche. Cette affaire illustre les lenteurs et les zones grises du droit immobilier français, où une décision de justice ne suffit pas toujours à restituer un bien à ses propriétaires. Pour Georgette et David, le printemps 2026 représente désormais l’unique espoir de récupérer enfin leur maison… et de mettre fin à un calvaire de deux décennies.