Retraite en France et en Suisse : peut-on cumuler les deux ?

La Suisse ne connaît pas la crise.  Mais comme tous les pays d'Europe, sa natalité chute : en 2022, son taux de fécondité était tombé à moins de 1,4 enfant par femme, pour la première fois depuis 2001 rapporte Swissinfo. Ce petit pays d'environ 9 millions d'habitants, bien que très puissant d'un point de vue économique, a donc besoin de main d'œuvre. Toujours d'après la même source, "Sur la décennie 2013-2022, l'immigration étrangère nette (la différence entre les immigrations et les émigrations) s'est élevée en moyenne à 66'000 personnes par an et a contribué à l'augmentation de la population à hauteur de 85 %."  Des chiffres édifiants. Il faut dire que de l'autre côté des Alpes tricolores, les salaires sont alléchants.

Un SMIC suisse à 3 000 euros net... au minimum

Le salaire horaire minimum, qui est différent en fonction des cantons, le pays étant un État fédéral, varie de 20 CHF (le franc suisse) dans le Tessin à 24,48 CHF à Genève, soit, selon les 42 heures de travail hebdomadaires légales, un salaire net qui peut aller de 3 000 euros minimum (plus du double que le SMIC français), jusqu'à près de 4 000 euros par mois*.  Il faut toutefois prendre en compte que la vie est beaucoup plus chère qu'en France, notamment à Genève et alentours, où comme à Paris et peut-être plus encore, il est quasi impossible de se loger même avec 4 000 euros mensuels.

La Suisse : le paradis des travailleurs français frontaliers

Dans ces conditions, il est logique que la majorité de nos compatriotes qui choisit de travailler en Suisse, francophone essentiellement, habite non loin de la frontière helvète. "Le flux des travailleurs frontaliers résidant en France et se rendant quotidiennement à Genève pour leur emploi a connu une hausse significative, de 33’ 00 individus supplémentaires depuis 2021" indique une étude de l'entreprise immobilière Wüest Partner d'avril 2025, relayée par Pleine Vie. Pour ceux qui sont proches de la retraite, appelée "rente AVS" en Suisse, à quoi peuvent-ils prétendre ?

Cumuler retraites suisse et française : c'est possible 

Si vous avez travaillé en Suisse, "même quelques trimestres" précisent nos confrères, il est parfaitement possible de toucher une retraite de la part de ce pays en plus de votre pension française. Cela demande évidemment quelques démarches administratives et de conserver tous les justificatifs, comme le demande systématiquement notre Assurance retraite. Il faut commencer par avertir cette dernière de vos activités professionnelles chez nos voisins. Pleine Vie indique que vous pouvez le faire en ligne dans votre espace personnel, en vous rendant dans la rubrique "Mise à jour de ma carrière." Ou tout simplement en fournissant un relevé des droit que vous avez acquis en Suisse. L'Assurance retraite les ajoutera à votre relevé de carrière avec la mention "trimestres équivalents Suisse."

Comment synchroniser les deux pensions ?

Nos confrères notent qu'il faut demander "votre retraite suisse trois à quatre mois avant d’atteindre l’âge de départ à la retraite". Il y est actuellement de 65 ans, contre 64 ans en France. Là bas, c'est "la caisse de compensation", l'équivalent de la nôtre, qui calculera vos droits. Ensuite, votre pension suisse pourra s'ajouter à votre pension française : "se coordonner" comme le définit l'Union européenne (qui a pour cela passé des accords bilatéraux avec le pays, qui ne fait pas partie de l'UE). Il suffira pour cela d'effectuer les démarche précitée.

*Source : Info Entreprises