Rencontre entre Vladimir Poutine et Donald Trump : “C’est comme si le loup s’était fait agneau”

Publié par Suruthi Srikumar
le 18/08/2025
Rencontre entre Vladimir Poutine et Donald Trump : “C’est comme si le loup se faisait agneau”
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@Zuma/ABACA
Ce vendredi 15 août, les deux chefs d’états se sont retrouvés à Anchorage en Alaska pour sceller le sort de l’Ukraine. Pour Planet, Stephen Bunard, conférencier synergologue, a analysé cette rencontre très attendue.

“Des retrouvailles de camarades de lycée”, c’est ainsi que Stephen Bunard, conférencier synergologue, expert du langage corporel, auteur du “Vos gestes disent tout ce que vous pensez tout bas”, décrit l’accueil de Donald Trump à Vladimir Poutine. Sur le tarmac de l’aéroport militaire d’Anchorage, le président américain a réservé à son homologue russe un long salut, ponctué d’applaudissements inhabituels. Un détail qui a marqué l’expert : "Trump applaudit rarement. Cet applaudissement, c’est une marque de respect. Il ne l’aurait pas fait pour Emmanuel Macron, mais pour Poutine, il veut rendre hommage car il a selon lui le courage d’être venu.”

Dans ce sommet attendu, dont l’enjeu majeur restait un cessez-le-feu en Ukraine, la gestuelle en dit long. “On n’a jamais vu Poutine aussi souriant”, note Stephen Bunard. En Russie, rappelle-t-il, le sourire est réservé à la sphère intime. Voir le président russe afficher un tel enthousiasme, allant presque au-devant de Trump, traduit une volonté manifeste de rapprochement.

À l’inverse, Donald Trump adopte une attitude inhabituelle. “Il a ralenti ses gestes, s’est mis dans une posture d’accueil, la main ouverte vers le haut, comme pour recevoir l’autre, sa tête penche très à gauche et souligne son empathie." Pour l’expert, il s’agit là d’une inversion de rôle : “C’est comme si Trump cherchait à gommer sa dominance naturelle.”

“On a deux mâles dominants qui s’observent, mais avec sympathie”

Tout au long de la rencontre, des détails renforcent l’idée d’une mise en scène. Poutine tend régulièrement le bras vers Trump, établissant une proximité rare. L’index pointé, marqueur habituel d’autorité, devient dans ce contexte un signe de connivence. “On a deux mâles dominants qui s’observent, mais avec sympathie”, décrypte Stephen Bunard.

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Lors de la conférence de presse commune, où trônait derrière eux l’inscription “Pursuing peace”, Poutine apparaît satisfait. Trump, lui, laisse échapper des moues de déception, lèvres pincées, comme si les négociations n’avaient pas abouti à ses attentes. “Il sort de cet échange perplexe et un peu embarrassé.”

Autre détail révélateur : le tapotement de la main ou du dos par Trump. “C’est typique du mâle dominant. Le dominant touche davantage que l’inverse, c’est une façon de rappeler son statut.” Pourtant, selon Stephen Bunard, cette communication instinctive contredit l’image de respect affichée au début de la rencontre.

“C’est comme si le loup s’était fait agneau”

Assis côte à côte, les deux dirigeants semblent synchroniser leurs postures, presque en miroir. “C’est un signe de complicité recherché par Poutine : adopter le langage corporel de l’autre, pour créer un climat de proximité.” Une stratégie qui, selon Stephen Bunard, a fonctionné. “La gestuelle de Trump trahit sa perplexité. Poutine, lui, sort vainqueur de cette rencontre.” 

Si aucun cessez-le-feu n’a été annoncé, les deux hommes ont salué des échanges “constructifs” et promis de se revoir, peut-être à Moscou. Dans l’immédiat, Donald Trump doit rencontrer Volodymyr Zelensky à Washington. Mais pour Stephen Bunard, la symbolique corporelle est déjà parlante : “C’est comme si le loup s’était fait agneau. Derrière les postures, chacun poursuit ses propres objectifs. Trump pense à son prix Nobel et à son image d’Amérique sauveuse du monde. Poutine, lui, banalise son rôle : il se montre comme un dirigeant fréquentable, et reprend l'avantage.”

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