Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir de l'interview d'Emmanuel Macron
Après le sommet entre le président américain Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine en Alaska, les dirigeants européens ont fait bloc autour du président ukrainien Volodymyr Zelensky, qu'ils ont accompagné lundi à Washington. Un moment crucial pour tenter de mettre fin au conflit le plus meurtrier qu'ait connu l'Europe depuis 80 ans.
Le président ukrainien s’est réjoui devant Donald Trump d’avoir eu avec lui "la meilleure" de leurs discussions pour tenter de trouver une issue à la guerre dans son pays. "Je pense que nous avons eu une très bonne conversation avec le président Trump, c’était vraiment la meilleure - enfin, pardon, peut-être que la meilleure aura lieu à l’avenir - mais c’était vraiment bien, et nous avons parlé de choses extrêmement sensibles", a déclaré Volodymyr Zelensky.
L’organisation d’une rencontre à venir entre Poutine et Zelensky
Donald Trump a affirmé avoir de son côté "commencé les préparatifs" d’une rencontre entre Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine. "Une fois cette rencontre tenue, nous organiserons une [réunion] trilatérale, réunissant les deux présidents ainsi que moi-même", a ajouté sur sa plateforme Truth Social le président américain, précisant que le premier sommet entre Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine se déroulerait "dans un lieu à déterminer".
Selon le chancelier allemand Friedrich Merz, cette rencontre pourrait se tenir dans les deux semaines à venir. "Le président américain s’est entretenu avec le président russe et a convenu qu’une rencontre entre le président russe et le président ukrainien aurait lieu d’ici les deux prochaines semaines", a-t-il déclaré après les discussions à la Maison-Blanche.
De quoi réjouir Volodymyr Zelensky, qui a dit qu’il était "prêt" pour cette réunion. "Nous sommes prêts à une rencontre bilatérale avec Poutine et après cela nous nous attendons à une rencontre trilatérale» avec la participation de Donald Trump, a-t-il déclaré à la presse. Le dossier d’éventuelles concessions territoriales exigées par la Russie à l’Ukraine «est une question que nous laisserons entre moi et Poutine", a-t-il ajouté.
Poutine et Trump se sont téléphoné
Vladimir Poutine et Donald Trump ont discuté par téléphone de "l’idée" de porter à un "plus haut niveau" les négociations directes entre la Russie et l’Ukraine, a indiqué le conseiller diplomatique du président russe Iouri Ouchakov, cité par l’agence Tass.
"Vladimir Poutine et Donald Trump ont exprimé leur soutien à la poursuite de négociations directes entre les délégations de Russie et d’Ukraine. À cet égard, en particulier, l’idée a été discutée qu’il serait nécessaire d’étudier la possibilité de porter à un plus haut niveau la représentation de l’Ukraine et de la Russie", a-t-il déclaré.
Des garanties de sécurité formalisées d’ici dix jours
Les alliés occidentaux de Kiev vont formaliser "d’ici dix jours" les garanties de sécurité pour l’Ukraine afin de prévenir toute nouvelle attaque russe sur ce pays en cas d’accord de paix avec Moscou, a par ailleurs affirmé Volodymyr Zelensky. "Les garanties de sécurité seront probablement décidées par nos partenaires et il y aura de plus en plus de détails, car tout sera couché sur papier et officialisé (...) d’ici une semaine à dix jours", a-t-il précisé.
Avant de poursuivre : "Il est important que les États-Unis donnent un signal clair qu’ils feront partie des pays qui assisteront, coordonneront, et seront aussi des participants dans les garanties de sécurité pour l’Ukraine. Je pense que ça, c’est un grand pas en avant."
Après la réunion à Washington, Emmanuel Macron a accordé une interview exclusive à TF1-LCI. Voici ce qu'il faut en retenir.
Pour Macron, Poutine est un "ogre" qui "a besoin de continuer à manger" pour survivre
Vladimir Poutine est "un prédateur, un ogre à nos portes" qui "a besoin de continuer de manger" pour "sa propre survie", a averti Emmanuel Macron, appelant les Européens à "ne pas être naïfs" face à la Russie qui sera "durablement une puissance de déstabilisation".
"Depuis 2007-2008 (date de l'intervention russe en Géorgie), le président Poutine a rarement tenu ses engagements. Il a constamment été une puissance de déstabilisation. Et il a cherché à revoir les frontières pour étendre son pouvoir", a-t-il souligné mardi dans un entretien sur LCI.
Moscou peut déstabiliser l'Europe
Le président français pense que "la Russie est devenue durablement une puissance de déstabilisation et une menace potentielle pour beaucoup d'entre nous".
Rencontre Poutine-Zelensky : Macron plaide pour Genève
La rencontre entre Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine devrait avoir lieu en Europe, a dit le président français, qui plaide pour qu'elle se tienne à Genève, en Suisse.
"Plus qu'une hypothèse, c'est même la volonté collective", a-t-il déclaré dans un entretien diffusé mardi sur LCI, interrogé sur la tenue en Europe de cette rencontre annoncée à l'issue de la réunion à Washington entre Donald Trump et plusieurs dirigeants européens. "Ce sera un pays neutre, et donc peut-être la Suisse, je plaide pour Genève, ou un autre pays. La dernière fois qu'il y a eu des discussions bilatérales, c'était à Istanbul", a-t-il rappelé.
Une exception faite à Vladimir Poutine
Emmanuel Macron pense même "qu'il faut faire" une exception à Vladimir Poutine si la réunion a lieu dans un pays reconnaissant la Cour pénale internationale, et donc devant arrêter le président russe, visé par un mandat d'arrêt.
"Le travail de la justice doit venir, nous sommes nous-même signataires de ces traités", assure-t-il. "Mais il est président en exercice, il a un principe d'immunité. Il faut que la paix avance, donc il faut trouver un lieu."
"La paix, pas une capitulation de l'Ukraine"
Emmanuel Macron met tout de même en garde sur "une paix précipitée" qui "ne serait pas respectée par la Russie"... mais aussi sur des "reconnaissances de droits" qui signifieraient "que l'on peut prendre des territoires par force".
"L'Ukraine fera les concessions qu'elle estime justes et bonnes", précise le chef de l'État (voir vidéo en tête de cet article). "Cette paix ne peut pas être une capitulation, ce serait dramatique pour l'Ukraine et les Européens. Une puissance dotée de l'arme nucléaire se rapprocherait de nos frontières et avancerait. Ce serait l'effondrement de l'ordre international construit depuis 70 ans."
La sécurité de l'Europe doit être garantie
Pour Emmanuel Macron, une des priorités du sommet à la Maison Blanche est de garantir la "sécurité de l'Europe" face à la Russie. "Nous aurons besoin d'une réunion quadrilatérale, parce que lorsqu'on parle de garanties de sécurité (pour l'Ukraine), nous parlons de la sécurité de tout le continent européen", a lancé le président français aux côtés de Donald Trump.
Pas de discussions sur les territoires
Emmanuel Macron avait affirmé lundi que la question des concessions territoriales éventuelles de l’Ukraine n’avait pas été abordée lors des discussions à la Maison-Blanche.
"Nous n’avons pas parlé de ce sujet du tout aujourd’hui", a déclaré le président français à des journalistes. "Et pour deux raisons. D’abord, la priorité c’est les garanties de sécurité et, ensuite, on a dit “c’est ce qui doit être discuté en bilatéral et en trilatéral”".