"Complément d’enquête" : une ex-ministre accuse Christophe Castaner d’avoir fait du "lobbying" pour Shein

Publié par Suruthi Srikumar
le 11/12/2025
Dans le prochain numéro de "Complément d’enquête", Véronique Louwagie raconte comment l’ancien ministre de l’Intérieur Christophe Castaner l’a sollicitée afin de contribuer à la "dédiabolisation" de la plateforme asiatique d’ultra fast fashion
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Dans le prochain numéro de "Complément d’enquête", Véronique Louwagie raconte comment l’ancien ministre de l’Intérieur Christophe Castaner l’a sollicitée afin de contribuer à la "dédiabolisation" de la plateforme asiatique d’ultra fast fashion.

C'est une séquence qui risque de faire couler beaucoup d'encre dans le monde politique. Christophe Castaner, ancien maire de Forcalquier (Alpes de Haute-Provence), avait occupé le poste de ministre de l’Intérieur entre 2018 et 2020. Fin 2024, l’ancien ministre avait été nommé au sein d’un comité chargé de la “stratégie régionale et de la responsabilité des entreprises (RSE)” par le groupe Shein.

Christophe Castaner accusé de lobbying

Dans cet extrait de "Complément d’enquête", diffusé ce jeudi 11 décembre, Véronique Louwagie, ministre du Commerce de décembre 2024 à octobre 2025, dénonce "une forme de lobbying" menée selon elle par Christophe Castaner en faveur de la marque chinoise Shein. Elle affirme que l’ancien ministre "l’aurait sollicitée par SMS plusieurs fois" afin d’organiser un rendez-vous avec Donald Tang, le président exécutif de Shein. Refusant de participer à des rencontres utilisées, d’après elle, par la plateforme pour "se dédiaboliser dans le paysage du commerce", Véronique Louwagie assure avoir "toujours refusé".

Interrogé par la journaliste de "Complément d’enquête", Christophe Castaner, qui a depuis quitté Shein, conteste pour sa part avoir exercé de telles pressions. Mais quel a été son rôle ? 

Que contenaient les SMS envoyés à la ministre ?

Tout commence par une série de messages téléphoniques. L'objectif de cette prise de contact ? Organiser une rencontre au sommet entre la ministre en exercice et le grand patron de l'enseigne controversée. L'ancienne membre du gouvernement est formelle sur la teneur des échanges : "Il m'indiquait que le président Tang venait en France et qu'à cette occasion le président serait très honoré de me rencontrer", confie-t-elle aux équipes de France 2.

Loin d'une simple prise de nouvelles, cette démarche est perçue comme une pression directe. Véronique Louwagie insiste sur le caractère répétitif de la demande, précisant que "c'était quand même assez insistant"

S'agissait-il d'une opération de "dédiabolisation" ?

Pour l'ancienne ministre, les intentions de cette manœuvre ne font aucun doute. Elle analyse cette tentative de rapprochement comme une stratégie de communication bien huilée visant à redorer le blason d'une marque sous le feu des critiques. Ce rendez-vous, selon elle, était utilisé par l'entreprise "pour se dédiaboliser". Elle va plus loin dans son analyse face aux caméras : il s'agit d'une "forme de lobbying, (...) c'est pour faire passer des messages, (...) s'incruster dans le paysage du monde du textile ou du monde du commerce en France", explique-t-elle.

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Ces déclarations mettent à mal la défense de Christophe Castaner. S'il "nie ces tentatives" auprès de nos confrères, le groupe Shein maintient également sa ligne de défense via l'AFP, affirmant que ses conseillers ont un "rôle strictement consultatif et ne participent en aucun cas à des activités de lobbying pour notre entreprise". Pourtant, beaucoup s'interrogent sur le véritable rôle de Christophe Castaner au sein du comité Shein.

La Haute Autorité pour la transparence de la vie publique lance un contrôle

Face à ces soupçons, les autorités ont décidé de réagir. En effet, la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique contrôle Castaner et a lancé des vérifications pour déterminer l'étendue exacte de ses fonctions, après avoir été saisie par plusieurs associations. Au cœur des débats se trouve également la rémunération de l'ancien ministre, estimée entre 30 000 et 60 000 euros par mois selon des spécialistes cités par l'émission, bien que ce montant soit contesté par l'entreprise.

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