Code de la route : ces dispositifs que Louis Sarkozy veut voir disparaître

Publié par Matthieu Chauvin
le 04/12/2025
Jouets accident de voiture
Istock
Louis Sarkozy a créé la polémique en proposant de supprimer la signalisation routière suite à une étude alarmante. Basée sur des expériences menées à l'étranger, cette mesure radicale vise à responsabiliser les automobilistes et les piétons en les forçant à la prudence. Mais le fils de l'ancien président, qui brigue la mairie de Menton en 2026, a-t-il vu là l'occasion de s'offrir un coup de pub ?
 

La déclaration a scandalisé les associations qui militent pour plus de sécurité routière. En pleine campagne municipale pour la mairie de la ville de Menton, le fils de Nicolas Sarkozy, Louis, a répondu à une question d'Apolline de Malherbe sur RMC, à propos des résultats d'une étude inquiétante sur les Français et leur non-respect du Code de la route. Il en a ensuite fait une tribune, publiée sur le site de la radio, dont nous reprenons les principaux éléments.

Sa proposition, face à ce constat : "La solution, ici comme ailleurs, c’est plus et pas moins de liberté. Ce qui tue les automobilistes, c’est l’assistanat. Je plaide pour une immense simplification de nos routes : supprimer les feux rouges, les lignes blanches, les panneaux de signalisation. En bref, rendre au citoyen la responsabilité de sa propre conduite, au lieu qu’il la délègue intégralement au code de la route."

Une proposition choc face à des comportements irresponsables

Cette sortie médiatique intervient peu après la publication de la 5e édition de l'enquête européenne de la Fondation Vinci Autoroutes. Selon cette étude, 95 % des usagers de la route disent craindre le comportement à risque des autres. Un climat de méfiance généralisé, alimenté par l'interprétation très aléatoire des règles les plus élémentaires : 58 % des automobilistes admettent ne pas utiliser leur clignotant et 67 % franchissent parfois un feu rouge. Quant aux piétons et cyclistes, ils sont respectivement 70 % et 40 % à ne pas respecter l'interdiction de traverser qu'impose ce dernier...

Le "Shared Space", un concept qui a fait ses preuves à l'étranger

La journaliste star de RMC interpelle Louis Sarkozy : "Mais ça va être la jungle ! Vous soutenez vraiment la suppression de toute signalisation ?" Ce denier lui répond : "Du moins, sa grosse, et sa simple simplification(sic)." En réalité, loin d'être une simple provocation, l'idée s'inspire du concept des naked roads ("routes nues") ou Shared Space, théorisé par l'ingénieur néerlandais Hans Monderman, révèle le jeune homme. 

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Le principe est simple : en supprimant la signalisation, on supprime le sentiment de fausse sécurité qu'elle procure. L'absence de règles claires oblige alors tous les usagers – automobilistes, cyclistes et piétons – à une "négociation implicite" entre eux. "Ils deviennent deux, à trois fois plus prudents" selon Louis Sarkozy. Le danger perçu contraint chacun à ralentir et à être beaucoup plus attentif.

Plusieurs villes européennes ont testé ce modèle avec des résultats probants. À Drachten, aux Pays-Bas, la suppression des feux et panneaux aurait entraîné une réduction de 40 % des accidents de la route, rapporte Le Figaro. Le carrefour principal de la ville serait passé de huit accidents graves par an à un seul. À Londres, la simplification de la signalisation sur Kensington High Street est citée pour une baisse de 44 % des accidents en trois ans. La ville de Bohmte, en Allemagne, a également vu le nombre de ses accidents annuels divisé par deux.

Une application complexe en France à cause des bolcheviks ?

Les conséquences d'une suppression des feux rouges sur la circulation pourraient être positives, avec une meilleure fluidité du trafic et des économies sur l'entretien de la signalisation. L'enjeu est de passer d'un respect strict du Code de la route à une gestion partagée de l'espace public, renforçant le sens civique. "La fluidité du trafic n’est pas affectée par ces réformes et, d’ailleurs, la vitesse moyenne baisse, malgré l’absence de limitations explicites ! " affirme le candidat aux municipales. "C’est exactement l’inverse de l’autoritarisme bureaucratique parisien : on augmente la liberté… et on observe une amélioration du comportement."

Toutefois, la mise en place d'un tel système se heurte à des obstacles majeurs dans notre pays (qui a besoin de rentrées fiscales, donc de mettre un maximum de contraventions routière...). Louis Sarkozy a lui-même reconnu que le concept fonctionne "moins bien pour les personnes malvoyantes ou très âgées", qui ont besoin de repères clairs comme les passages piétons. De plus, la culture française, très attachée à des règles formelles, rendrait difficile l'adaptation de ce modèle, surtout dans les zones urbaines très denses où le Code de la route est omniprésent.

Le fils de l'ancien président conclut ainsi sa tribune : "Je vise ici les étatistes de tous bords. Ce sont mes véritables adversaires, à gauche comme à droite. Ce qui étouffe notre pays, ce ne sont pas les Français ni leur liberté : ce sont ces petits bolcheviks gris qui régulent, réglementent, interdisent et répriment en continu. La liberté avant tout. Et vous verrez : elle construit, elle élève — elle est sa propre récompense."

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