Ces politiques français qui ont mis fin à leurs jours pendant leur mandat

Publié par Matthieu Chauvin
le 08/07/2025
Funérailles officielles
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© Lafargue Raphael/ABACA
Hier, dans l'après-midi, on a appris qu'un député très respecté avait mis fin à ses jours, sans pour l'instant que l'on connaisse les motifs de cet acte dramatique. Ce n'est pas la première fois, même si c'est heureusement rare, qu'un homme politique français commet l'impensable en plein exercice de son mandat.

Le lundi 7 juin 2025 restera comme un jour noir pour l'Assemblée nationale de notre pays. Les députés présents ont appris en même temps que les Français que l'un des leurs, était décédé subitement. Ayant été avertie discrètement, Naïma Moutchou, vice-présidente du Parlement qui dirigeait les débats, a dans un premier temps interrompu la séance, prévenant qu'une terrible nouvelle lui était parvenue. Puis, les élus ont repris place sur leurs sièges et ont à leur tour été mis au courant, choqués. Une minute de silence a immédiatement été observée en mémoire du député disparu. 

Des hommages unanimes tombent les uns après les autres

Malgré la situation politique dans laquelle se trouve le pays, l'heure n'était pas aux dissensions au moment de rendre hommage à cet homme respecté de tous pour son intégrité, sa dévotion pour la France et son sens de la Nation. De la gauche de la gauche, à la droite de la droite, tous ont salué sa mémoire. Les journalistes qui l'ont fréquenté ont tous mis en avant sa "gentillesse" rare pour quelqu'un ayant eu de telles responsabilités, et son "absence d'égo" qu'il mettait de côté pour servir nos concitoyens. 

Très peu d'informations sur les circonstances du suicide

Pour l'instant, on en sait très peu sur les circonstances qui ont mené ce député, figure des Républicains, à commettre l'impensable. Le procureur de la République de Chartres, Frédéric Chevallier, a déclaré que l'homme avait été retrouvé à son domicile d'Anet (Eure-et-Loire) "inanimé, pendu par une corde attachée à une poutre, dans une chambre à l’étage." Ce matin, on apprenait qu'il n'avait a priori laissé aucune lettre ou autre document expliquant son geste et que si une enquête était en cours, c'était bien la piste du suicide qui était prioritaire. "Au terme de ces premières investigations et constatations médico-légales, il peut être exclu l’intervention d’un tiers dans la survenance de la mort du député, la piste du suicide étant par conséquent privilégiée." 

C'est déjà le huitième homme politique français à mettre fin à se jours en plein exercice de son mandat depuis 1936. Dans l'ordre chronologique, nous vous les présentons dans le diaporama à découvrir ci-dessous.

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Roger Salengro (1890-1936)

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Roger Salengro
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©Alamy/ABACA

Roger Salengro, ici les bras croisés, avec à sa droite à droite, Maurice Thorez et Léon Blum, était une figure de la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO), ancêtre du Parti socialiste, et une figure du Front Populaire. Dès 1924, les communistes l'accusent d'avoir été déserteur pendant la Première Guerre mondiale, allégations reprises et amplifiées par l'extrêmedroite dont l'Action Française ou le tristement célèbre journal antisémite Gringoire. Il ne cessera d'être calomnié pendant des années. Alors ministre de l'intérieur de Léon Blum, président du Conseil, bien qu'innocenté plusieurs fois, il se suicide le 17 novembre 1936 dans on domicile lillois en ouvrant les robinets de sa gazinière, ne supportant plus la situation. Sur l'un des écrits qu'il laisse pour expliquer son geste (en plus de deux exemplaires de Gringoire), il laisse un épitaphe : "S'ils n'ont pas réussi à me déshonorer, du moins porteront-ils la responsabilité de ma mort. Je ne suis ni un déserteur, ni un traître."

Aymeric Simon-Lorière (1944-1977)

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Aymeric Simon-Lorière
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© Assemblée nationale

Aymeric Simon-Lorière devient le benjamin de l'Assemblée nationale, élu député UDR à 30 ans à peine en 1973. Mais, 3 ans plus tard, quelques temps après un grave accident de voiture. Alors maire de Sainte-Maxime dans le Var, il n'avait pas été réélu. Il se serait suicidé à son domicile parisien le 21 avril 1977, se tirant une balle dans la tête. Mais la thèse du suicide est aujourd'hui encore mise en cause. Deux balles ont été retrouvées dans son corps. Alors qu'il visait la mairie de Toulon, un assassinat politique est toujours évoqué bien que le suicide ait été reconnu comme cause du décès.

Yves Laurent (1959-1991)

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Yves Laurent
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© Archives personnelles

"Yves Laurent, 39 ans, maire socialiste de Saint-Sébastien-sur-Loire (Loire-Atlantique) et conseiller général, se suicide dans sa voiture en 1991 (le 13 septembre, ndlr). Il avait peu auparavant été cité dans la presse dans les affaires de fausses factures concernant le financement du Parti socialiste." Dans ce qui ressemble à une note, il explique ne pas accepter le "déshonneur". Une affaire nébuleuse au cours de laquelle de nombreuses personnalités seront mises en cause rappelle Ouest France.

Source : Libération

Pierre Bérégovoy (1925-1993)

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Pierre Beregovoy
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© Durand Patrick/ABACA

Pierre Bérégovoy est une exception. Il ne s'est pas suicidé durant son mandat mais le 1er mai 1993, un mois après avoir quitté ses fonctions en donnant sa démission à François Mitterrand après une lourde défaite aux élections législatives. Celui qui se présentait comme "le champion de la lutte contre la corruption dans le monde politique et celui des affaires" sera justement accusé de corruption. Il est rattrapé par l'affaire Péchiney puis par ses relations avec l'homme d'affaires Roger-Patrice Pelat. Il se tire une balle dans la tête le long d'un canal près de Nevers après s'être éloigné de son chauffeur et de son garde-du-corps. Il décèdera quelques heures plus tard.

André-Charles Blanc (1943-1998)

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André-Charles Blanc
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André-Charles Blanc, 55 ans, alors maire RPR de Théoule-sur-Mer (Alpes-Maritimes), s'est tiré une balle dans la tête "au pied de la stèle du monument aux morts du cimetière de sa commune" le 2 novembre 1998. Le 21 octobre précédent, il avait pourtant été relaxé par le Tribunal correctionnel de Grasse "dans l'affaire d'un dépassement lors de l'édification d'un vaste théâtre de plein air, avec deux amphithéâtres" dans sa ville. Des doutes persistent sur le suicide.

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Roger Quilliot (1925-1998)

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Roger Quilliot
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© éditions Odile Jacob

"L’historique maire de Clermont-Ferrand (de 1973 à 1997) a mis fin à ses jours en juillet 1998. Tour à tour député, sénateur ou ministre du Logement (lors du premier mandat de François Mitterrand), le doctorant en lettres était gravement malade. Il a abandonné ses mandats de maire puis de sénateur, avant de rédiger, en compagnie de sa femme Claire, des lettres d’adieux communiquées au journal la Montagne." Ils ont avalé des cachets mais cette dernière survit. Elle recommence en août 2005 et se noie dans un étang de la commune de Saint-Avit.

Sources : Libération, Wikipedia

 

Claude Massoure (1937-2005)

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Parc Massoure
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"Claude Massoure, 68 ans, maire de Luz-Saint-Sauveur (Hautes-Pyrénées) depuis 1977 et ancien conseiller général socialiste, se donne la mort en mars 2005 (en se tirant une balle de petit calibre dans la tête, ndlr). Il avait été condamné en 2004 à 30 000 euros d'amende et à deux ans d'inéligibilité pour 'favoritisme et détournements de fonds publics' dans son ancienne fonction de président du syndicat départemental d'électrification."

En image, une partie du parc qui porte son nom.

Sources : Libération, La Dépêche

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