Boualem Sansal gracié par l'Algérie... grâce à l'Allemagne

Publié par Matthieu Chauvin
le 12/11/2025
Boualem Sansal
Autre
© Nouvelle Energie pour la France
La diplomatie française a subi un nouveau revers de la part des autorités algériennes. Alors que nos hommes politiques et artistes demandaient sa libération depuis près d'un an, l'écrivain Boualem Sansal a été gracié "pour raisons humanitaires" hier par le président Abdelmadjid Tebboune. Il a répondu favorablement à un courrier de son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier.

La bonne nouvelle est tombée mercredi aux alentours de 14 heures. Elle a même perturbé les préparatifs du vote sur la suspension de la réforme des retraites à l'Assemblée nationale, qui l'a longuement applaudie. Enfin, l'écrivain Boualem Sansal, arrêté à sa descente de l'avion le 16 novembre 2024 à Alger et emprisonné dans la foulée, a été libéré par le régime du président Tebboune. A l'heure où nous écrivons ces lignes, un avion militaire allemand est en chemin pour rapatrier l'homme de 76 ans. Malade (il souffrirait d'un cancer de la prostate selon ses proches), il sera soigné à son retour sur le sol européen dans un hôpital outre-Rhin.

L'impuissance criante de la France

Malgré la rupture des relations diplomatiques entre la France et l'Algérie et les menaces de Bruno Retailleau (devenu l'ennemi numéro un d'Alger) de "réponses graduées" qui n'ont jamais eu lieu, le Quai d'Orsay tente depuis le début d'obtenir la libération du Franco-Algérien. Le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot s'était même rendu de l'autre côté de la Méditerranée pour rencontrer Abdelmadjid Tebboune. Son retour à Paris les mains vides avait été interprété par les médias et l'opposition comme une humiliation.

Des médias, l'opposition (en partie seulement, LFI refusant d'y prendre part), et des intellectuels avaient rédigé des tribunes, signé des pétitions et même contacté Alger directement pour sensibiliser le régime. En vain. Pire, en juillet dernier, Boualem Sansal avait même été condamné en appel à 5 ans de prison ferme, notamment à cause de ses propos sur le Sahara Occidental, sur lequel l'Algérie revendique la souveraineté. L'écrivain avait affirmé que cette zone indépendantiste (défendue par le fameux Front Polisario) et d'autres territoires revenaient en réalité au Maroc. La France avait fait de même quelques mois auparavant par la voix Emmanuel Macron devant le roi Mohammed VI, ce qui avait déclenché la crise diplomatique.

L'Allemagne plus persuasive que la France

C'est finalement un courrier envoyé à Abdelmadjid Tebboune par le président allemand Frank-Walter Steinmeier qui a "convaincu" Alger de libérer dès mercredi Boualem Sansal. De le gracier plus exactement, pour des "raison humanitaires." Le communiqué officiel du régime, en partie révélé par Le Parisien dit que le président Tebboune "A répondu favorablement" à la demande "concernant l’octroi d’une grâce en faveur de Boualem Sansal. Le président a réagi à cette demande, qui a retenu son attention en raison de sa nature et de ses motifs humanitaires."

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"Nous avons toujours été convaincus que le sort de Boualem Sansal devait être dissocié des aléas diplomatiques", se sont félicités maîtres Pierre Cornut-Gentille et François Zimeray, qui saluent "Le rôle de l’Allemagne dans ce dénouement" dans le même communiqué. Est-ce là une nouvelle humiliation volontaire du régime algérien envers la France, ou une preuve que notre dissuasion et notre diplomatie ne comptent plus au plan international ? La réponse graduée voulue par Bruno Retailleau prendra-t-elle forme un jour ? C'est peu probable.

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