Accord UE-Mercosur : la signature repoussée en janvier sous pression de la France

Publié par Matthieu Chauvin
le 19/12/2025
Blocage agriculteurs
Istock
La signature de l'accord commercial UE-Mercosur, prévue initialement ce samedi au Brésil, a été reportée à janvier 2026 par Ursula von der Leyen. Suite à l'opposition ferme de la France et celle surpris de l'Italie, ce délai offre un court répit aux agriculteurs, toujours mobilisés contre une concurrence jugée déloyale.

C’est un soulagement en trompe-l’œil pour les campagnes françaises. Alors que tout semblait prêt pour une officialisation au sommet de Foz do Iguaçu ce samedi 20 décembre, la Commission européenne a dû revoir sa copie. Jeudi 18, Ursula von der Leyen a confirmé aux 27 dirigeants de l’Union que le stylo resterait dans la poche, du moins pour quelques semaines encore. 

Un délai diplomatique faute de majorité

La présidente de la Commission européenne espérait boucler ce dossier vieux de 25 ans avant la fin de l'année. Mais face à l'impossibilité de réunir une majorité qualifiée au Conseil, elle a dû acter le report de la signature de l'accord UE-Mercosur à janvier 2026. Si des pays comme l'Allemagne et l'Espagne poussaient pour une conclusion rapide afin de favoriser leurs exportations industrielles, le front du refus s'est solidifié ces derniers jours.

Outre la position française connue de longue date, le rôle de l'Italie dans le blocage du traité Mercosur a été déterminant pour faire pencher la balance et contraindre Bruxelles à temporiser. Rome a rejoint Paris pour dénoncer un texte déséquilibré, empêchant ainsi la Commission de passer en force.

Des garanties sanitaires encore insuffisantes

Paris maintient une ligne dure et exigeante. Emmanuel Macron a répété jeudi que "le compte n'y est pas pour signer cet accord", réclamant que le texte change de nature pour protéger les standards européens. C'est là tout l'enjeu de l'opposition de la France à l'accord UE-Mercosur et de ses conséquences politiques : le chef de l'État refuse de valider un traité qui ne garantirait pas une stricte réciprocité des normes.

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Le point de blocage technique reste l'absence de « clauses miroirs » robustes. Concrètement, Bruxelles n'est pas encore en mesure d'assurer que les clauses miroirs et la concurrence agricole du Mercosur seront équitablement encadrées. L'UE peine à garantir l'interdiction de denrées traitées avec des pesticides prohibés en Europe, comme certains antibiotiques de croissance.

Cette lacune est jugée inacceptable par les éleveurs, d'autant que l'on sait désormais quels produits agricoles sont concernés par l'accord Mercosur : des volumes importants de viande bovine, de volaille, de sucre, de riz ou encore de miel sud-américains pourraient entrer sur le marché commun à droits réduits.

La pression de la rue maintenue

Ce report n'a pas éteint l'incendie social. Une importante manifestation d'agriculteurs à Bruxelles contre le traité de libre-échange a rythmé la journée de l'annonce, rappelant la colère intacte du secteur. Pour les syndicats, notamment la FNSEA en France, ce délai est jugé « insuffisant ». Ils ne réclament pas du temps supplémentaire, mais une remise à plat complète du projet.

Si le traité promet de faciliter les exportations de véhicules, de machines et de vins et spiritueux européens vers le Brésil ou l'Argentine, la méfiance reste totale côté agricole. Ursula von der Leyen se dit confiante pour une signature en début d'année, mais le répit est de très courte durée. Il est impératif de rester vigilant pour les agriculteurs, car les négociations vont se poursuivre en coulisses pendant les fêtes.

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