Mercosur : pourquoi Emmanuel Macron veut repousser le vote ?

Publié par Suruthi Srikumar
le 16/12/2025
Mercosur : pourquoi Emmanuel Macron veut repousser le vote ?
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Abdullah Firas/ABACA
Le gouvernement français confirme son opposition à l’accord commercial avec le Mercosur dans sa version actuelle et demande que le vote soit repoussé à 2026.

À quelques jours d'un sommet décisif au Brésil, le traité de libre-échange entre l'Union européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay, Bolivie) cristallise les tensions. Alors que l'Allemagne et la Commission européenne souhaitent conclure rapidement, Paris freine.

L'exécutif français juge que les garanties actuelles ne protègent ni suffisamment nos filières agricoles, ni la santé des consommateurs face à des produits ne respectant pas les normes européennes. 

Un report exigé face à l'urgence du calendrier

Le calendrier s'est brusquement accéléré. Le sommet du Mercosur doit se tenir le 20 décembre 2025 à Foz do Iguaçu, au Brésil, une date que la Commission européenne, dirigée par Ursula von der Leyen, vise pour initialer l'accord. Face à cette précipitation, Paris a officiellement formulé une demande de report du vote sur l'accord Mercosur. Selon des informations rapportées par Le Figaro, l'entourage d'Emmanuel Macron estime que "les conditions ne sont pas réunies pour un quelconque vote", jugeant le texte actuel inacceptable.

Des clauses sanitaires jugées encore insuffisantes

Au cœur du refus français se trouve la question de la concurrence déloyale. Paris réclame l'intégration de clauses de sauvegarde et mesures miroirs dans l'accord UE-Mercosur qui soient "solides et opérationnelles", précise Sud Ouest. Concrètement, il s'agit d'imposer aux importations sud-américaines les mêmes interdits environnementaux et sanitaires que ceux qui pèsent sur les agriculteurs européens, notamment concernant l'usage de certains pesticides ou antibiotiques de croissance.

Pour l'heure, la France considère que les "mécanismes de contrôle sanitaire et de vérification" promis par Bruxelles sont trop flous. Le gouvernement craint les conséquences du traité Mercosur sur l'agriculture française, redoutant une déstabilisation des marchés locaux par l'arrivée massive de produits à bas coûts.

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L'Allemagne presse le pas pour l'industrie

Si la France bloque, c'est aussi parce qu'elle s'oppose à une vision défendue par Berlin. La position de l'Allemagne sur l'accord commercial Mercosur est diamétralement opposée : pour le chancelier Olaf Scholz, ce traité est une opportunité vitale pour relancer les exportations industrielles allemandes, notamment automobiles, vers l'Amérique du Sud. Le porte-parole du gouvernement allemand a d'ailleurs insisté sur la nécessité d'envoyer un "signal fort de la capacité d'action de l'Europe", rapporte Le Figaro.

Sécurité alimentaire et prix dans vos rayons

Pour vous, consommateur, l'enjeu est direct. Si l'accord passe en l'état, les produits agricoles concernés par l'accord Mercosur inonderont le marché européen avec des droits de douane supprimés ou réduits. Il instaurerait un marché commun réunissant 722 millions d’habitants.

Cela concerne des volumes massifs : 99 000 tonnes de viande bovine, 180 000 tonnes de sucre et 450 000 tonnes d'éthanol, selon les chiffres relayés par Les Échos.

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