Succession : les femmes héritent-elles d’un patrimoine moins important que les hommes ?

Publié par Alice Ernult
le 14/08/2025
Succession
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En théorie, la loi française garantit l’égalité entre héritiers. Mais dans la réalité, les femmes héritent d’un patrimoine moindre que les hommes, notamment en matière de biens immobiliers. Explications.
 

En matière de succession, la législation française prévoit une stricte égalité entre héritiers d’un même ordre. Mais dans les faits, les chiffres montrent que les femmes héritent moins que les hommes. Selon les informations des offices notariaux français relayées par SeLoger, les hommes sont désignés héritiers universels dans 58 % des cas, contre seulement 42 % pour les femmes. Cette disparité ne concerne pas uniquement la quantité, mais aussi la qualité des biens transmis.

Les hommes héritent plus fréquemment en pleine propriété, notamment de biens immobiliers (maisons, appartements ou terrains), alors que les femmes reçoivent davantage de parts en usufruit ou de compensations financières. Résultat : selon l’Insee, le patrimoine brut moyen des hommes était de 228 000 euros en 2015, contre 192 000 euros pour les femmes. Un écart de 16 %, en hausse de six points par rapport à 1998.

Des écarts bien réels

Cette inégalité s’ancre souvent dans des choix familiaux délibérés. La maison familiale, perçue comme le symbole de la continuité, est encore trop souvent transmise à un fils, indépendamment de son rang dans la fratrie. Les filles, elles, reçoivent des liquidités ou des meubles, perçus comme plus facilement partageables, pourtant nettement moins valorisants.

Pourquoi ces différences persistent-elles ? D’abord, en raison de stéréotypes profondément ancrés. Le fils est encore vu comme le “garant” du patrimoine, celui qui portera le nom et saura mieux gérer les biens familiaux. Ces idées, bien que moins fréquentes aujourd’hui, continuent d’orienter les décisions parentales, notamment lors de donations anticipées ou de la rédaction d’un testament.

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Autre facteur aggravant : le déficit d’information. Selon une enquête Odoxa de 2020, 58 % des femmes déclarent ne pas bien maîtriser les mécanismes de succession, contre 47 % des hommes.

Des répercussions à long terme 

Enfin, les inégalités salariales jouent un rôle majeur. Moins bien rémunérées, occupant plus souvent des emplois précaires, les femmes ont moins d’opportunités d’investir dans l’immobilier au cours de leur vie. Lorsqu’elles héritent, elles perçoivent en moyenne 20 % de moins que les hommes, ce qui limite encore leur capacité à transmettre un patrimoine à leur tour.

L’impact de cette inégalité affecte durablement la sécurité économique des femmes. Moins propriétaires, elles disposent de moins de garanties financières, notamment en cas de divorce, de veuvage ou à la retraite. De plus, les femmes sont moins en mesure de transmettre un capital conséquent à leurs enfants, perpétuant ainsi les inégalités patrimoniales d’une génération à l’autre.
 

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