Procès Jubillar : qui est Anne, l'amie qu'a contactée Cédric le matin de la disparition de sa femme

Publié par Alice Ernult
le 01/10/2025
Procès Jubillar
abacapress
© Bertrand Arnaud/ABACA
Présente dès les premières heures du drame, Anne S. a vu sa parole gagner en importance au fil de l’enquête sur la disparition de Delphine Jubillar. Confidente de l’infirmière, contactée par Cédric le matin fatidique, elle a été entendue ce mercredi par la cour d’assises du Tarn.
 

Elle était la confidente de Delphine Jubillar. Âgée de 48 ans, Anne S. est mère de deux enfants, inscrits dans le même établissement scolaire que Louis, le fils de Delphine Jubillar. Résidant à Cagnac-les-Mines, cette femme au foyer en situation d’invalidité entretenait une relation très étroite avec l’infirmière disparue, dont elle était la confidente depuis 2016.

Au septième jour du procès de Cédric Jubillar, elle a été entendue sur les derniers mois de la vie de Delphine Jubillar, comme le précise TF1 Info. “Ce sont nos enfants qui se sont choisis puis ensuite, nos liens se sont créés” confie-t-elle au, expliquant que leur amitié s’est intensifiée lors de sa propre séparation. Delphine l’aurait alors soutenue, créant un lien de confiance. L’infirmière lui parlait de sa vie conjugale, de son envie de divorce, et des tensions avec Cédric.

“J’ai connu un couple complice” 

Elle revient sur les moments passés en présence du couple qu’elle voyait “aussi bien la journée que le soir” avant l’instance de divorce. “J’ai connu un couple complice quand ils ont eu Louis et Elyah”, poursuit Anne. "Ils étaient assez proches, ils se tenaient la main… Puis Delphine m’a fait des confidences en me disant qu’elle n’en pouvait plus” relate-t-elle. 

La dernière fois qu’Anne a vu Delphine, c’était le 15 décembre 2020, quelques heures à peine avant sa disparition. “Elle portait des bottes en daim fines, un jean, un pull couleur camel-rouille et une veste en laine beige”, décrit-elle. Elles passent une heure ensemble ce jour-là. “On a bu un café. On a discuté de la banque et qu’elle allait chercher les chèques-cadeaux de son employeur pour Noël. De là, on a assisté aux premiers pas d’Elyah. Ça nous a évadé du temps. On est parties très juste pour l’école toutes les deux.”

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"Si tu as un amant, je vais te le faire à l’envers"

Delphine lui confie ses difficultés financières et son inquiétude de devoir vivre “sans carte bancaire”, après avoir bloqué les comptes pour empêcher Cédric d’y accéder. Dans son témoignage, Anne évoque plusieurs échanges avec Cédric Jubillar avant la disparition. Elle se souvient d’une scène troublante : “Il dit qu’il l’aime, qu’il va finir les travaux de la maison. Et un masque se pose sur son visage : "il me dit que si elle a un amant, il allait lui faire à l’envers."

Choquée, Anne n’ose pas réagir immédiatement. “Sur le moment, je n’ai pas voulu l’interpréter (...). Dans la foulée, je relaie un long message à Delphine sur cette conversation en insistant bien sur cette phrase : 'Si tu as un amant, je vais te le faire à l’envers'.” Ce message, daté du 20 novembre 2020, a été versé au dossier. À Anne, Cédric aurait également déclaré être "ok pour divorcer sauf si elle avait un amant".

"Delphine a un amant"

Un soir, Cédric se confie à elle et lui dit que “Delphine a un amant”. “Je vous avoue que je prends les mots comme un plomb qui arrive.” Il lui demande alors de surveiller son amie. “Il me demande d’observer et de lui rapporter ce que je peux savoir. Je réponds que non, car Delphine est mon amie à moi.”
Delphine, de son côté, lui parle d’un “confident” qu’elle a déjà rencontré. “Elle m’a dit qu’il est à une heure d’ici.” Anne préfère ne pas en savoir davantage et s’explique “je fréquente le couple et Cédric m’interroge souvent à ce sujet.”

Une séparation en vue

Dès l’été 2020, Delphine lui confie son intention de se séparer et la situation semble se détériorer. “Elle n’en pouvait plus de cette voiture. Le CDI non signé a été la goutte d’eau pour Delphine.” Dans un SMS à son mari, l’infirmière évoque sa “maison de Bidochon”, sa “voiture de Bidochon”, et sa “vie de Bidochon”.

Delphine lui confie également son désir de garde alternée. “Elle voulait ses semaines à elle. En gros, vivre comme moi, avec mon temps pour moi, sans enfants.” Côté conjugal, la rupture est consommée. “Elle dormait dans le lit, lui sur le canapé. Il disait que c’était à cause de ses ronflements.”

"Elle n’avait pas de place pour s’exprimer"

Selon Anne, Delphine se sentait effacée dans son couple et “n’avait plus de place pour s’exprimer”. Elle dépeint Cédric comme un homme impulsif et au langage “cru, vulgaire”. “Il est très réactif, verbalement ou physiquement. Il occupe toute la place”, explique-t-elle. 

Un jour, Anne tente de raisonner Cédric et lui parle de séparation “en utilisant son jargon”. Mais elle perçoit clairement une forme de surveillance à l’égard de Delphine. “C’était pesant. Quelque part, il surveillait son épouse.”

Un témoignage contesté par la défense

Après plusieurs heures de témoignage, la défense prend la parole. Les avocats de Cédric Jubillar s’attardent longuement sur la fiabilité de la mémoire d’Anne, sa proximité avec la victime, et ses échanges avec l’amant de Delphine. L’ambiance devient plus tendue.

À propos de la phrase de Cédric “Si elle a un amant, je vais lui faire à l’envers”, Anne admet aujourd’hui qu’elle peut l’interpréter autrement : “À la lumière des éléments, on peut l’envisager.” Mais face à la pression, elle reste ferme : “Si je sais, je dis. Si je ne sais pas, je ne dis rien.”

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