Procès de Cédric Jubillar : ce que l’experte en ADN a révélé sur les scellés analysés
Elle devrait être la dernière experte appelée à la barre. Christélie Bonine, experte en ADN depuis vingt ans à l’Institut génétique Nantes-Atlantique (IGNA), a été entendue ce mardi matin au procès de Cédric Jubillar. Il s'agit, selon la cour, de la dernière experte appelée à témoigner. Elle a rappelé que son rôle consiste à analyser les scellés transmis par les enquêteurs, dans le but d’identifier des profils génétiques, quand la qualité et la quantité d’ADN le permettent.
“L’ADN permet de confirmer ou infirmer un rapprochement, mais ne permet pas de dire quand ni comment une trace a été déposée”, a-t-elle précisé à la barre, selon les informations de Midi Libre. Deux pièces majeures ont retenu l’attention : le sweat panda porté par Cédric Jubillar à l’arrivée des gendarmes le soir de la disparition de Delphine et le plaid bleu retrouvé dans la niche du chien deux mois après les faits.
Des traces ADN de Cédric et Delphine Jubillar retrouvées
Sur ces deux objets, l’experte a détecté des traces de sperme et de sang, dont certaines correspondent à un mélange d’ADN compatible avec celui de Cédric et de Delphine Jubillar. “Ce profil est également retrouvé sur neuf traces de sperme sur le sweat”, a-t-elle ajouté. La présidente de la cour a rappelé que le sweat avait été saisi le 6 janvier 2021 et le plaid le 11 février, bien après la disparition de Delphine, survenue dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020.
Certains objets, comme le pyjama porté par Cédric Jubillar la nuit des faits, la couette retrouvée dans le tambour de la machine à laver, ou l’eau usée des siphons, ont également été analysés. Si une trace de sang a été détectée sur la manche du pyjama, l’experte souligne que la recherche de sang humain s’est révélée négative sur la couette et la housse. Seul le profil ADN de Cédric Jubillar y a été retrouvé. Sur les 351 cheveux collectés dans la maison, aucun ne correspond à Delphine, et neuf profils restent non identifiés.
Des traces mixtes sur les lunettes et le jogging
Les lunettes cassées de Delphine, découvertes dans le salon, ont elles aussi livré un mélange d’ADN compatible avec celui du couple. L’avocat général s’est étonné qu’aucune question ne soit posée sur ce point, pourtant souvent cité comme élément clé d’une possible scène de violence. Concernant le pantalon de jogging noir que portait Cédric Jubillar, 100 prélèvements ont été réalisés.
Aucun ne présente de trace de sang ni de sperme, mais 72 contiennent un mélange compatible avec les ADN du couple. L’avocat général évoque la salive ; l’experte tempère : cela “peut être de la salive, mais aussi de la sueur ou de l’urine”.
Aucune preuve formelle
Les avocats de la défense ont souligné à plusieurs reprises l'absence de preuve matérielle directe de l’implication de Cédric Jubillar. L’experte a confirmé que “tous les prélèvements réalisés sur les vêtements ne révèlent que l’ADN de Cédric et de Delphine”, sans aucune autre présence.
Me Boguet, partie civile, s’est interrogé : “Dans un féminicide, on est dans un huis clos au domicile du mari et de l’épouse. [...] Vous ne retrouvez aucun autre ADN ?”. L’experte : “Je ne retrouve aucun autre ADN sur les prélèvements faits sur les vêtements.”
À ce stade du procès, les expertises ADN n’ont pas permis d’établir formellement la scène du crime, ni la chronologie des faits. Comme le rappelle l’experte : “L’ADN ne permet pas de déterminer la date, ni la manière dont une trace a été déposée.”
Le verdict du procès de Cédric Jubillar est attendu le 17 octobre.