Procès Jubillar : "J’ai reproduit le schéma que j’ai connu", Cédric Jubillar se confie sur son enfance à la barre

Publié par Alice Ernult
le 23/09/2025
Procès Jubillar
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© Bertrand Arnaud/ABACA
Au premier jour de son procès devant les assises du Tarn pour le meurtre de son épouse Delphine, Cédric Jubillar s’est livré sur son enfance entre maltraitance, foyers et rapport complexe à l'autorité. Le point.
 

Une enfance “cabossée”. Face à la cour, Cédric Jubillar est resté fidèle à sa ligne de défense : il nie toute implication dans la disparition de son épouse Delphine, introuvable depuis décembre 2020. Mais en ce premier jour d’audience, ce n’est pas encore le crime présumé qui est examiné, mais plutôt son parcours et sa personnalité.

Celui qui se décrit comme “extravagant”, “aimant prendre de la place” et donner son avis sur tout, livre une version bien plus sombre lorsqu’il évoque son enfance. À la barre, il raconte une jeunesse ponctuée de violences physiques infligées par son beau-père. “Je l’appelais papa, mais il était distant, pas très présent”, se remémore-t-il. 

Abandons et figures parentales défaillantes

Il n’a même pas 10 ans lorsqu’il reçoit ce qu’il décrit comme”une centaine de fessées” ou des gifles si violentes qu’elles le font dégringoler les escaliers. Puis il ajoute, dans une forme de justification troublante : “Peut-être qu’il ne contrôlait pas sa force. Je pense que c’était de ma faute. Je ne devais pas être un bon fils.”

Cédric, alors âgé de 12 ans, finit par demander à quitter le foyer. Il est placé dans un centre pour adolescents dans l’Aveyron, après un signalement aux services sociaux. Plus jeune, il avait déjà connu une première rupture familiale : entre ses 2 et 7 ans, il avait été placé en famille d’accueil. Sa mère Nadine n’avait que 15 ans à sa naissance et n’était pas en mesure de l’élever. Son père, quant à lui, ne l’a jamais reconnu.

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Une construction identitaire sur le rapport de force

L’experte mandatée pour l’enquête de personnalité dresse le portrait d’un enfant ballotté, privé de repères stables. “Cédric Jubillar est un enfant qui n’a pas eu de validation parentale. Son éducation a été basée sur l’autoritarisme, pas sur le respect.”

Avec sa mère, les rôles s’inversent. À l’adolescence, ils sortent ensemble en boîte, comme des “copains”. Nadine, aujourd’hui âgée de 54 ans, est qualifiée par son fils de “bonne copine” plutôt que de figure d’autorité. “Elle n’était pas stricte, elle ne me donnait pas d’ordre”, résume-t-il.

“Ce que j’ai vécu, je l’ai reproduit”

Selon l’enquêtrice, Cédric Jubillar a très tôt compris que la vie lui imposait de choisir un camp : celui des dominants ou des dominés. Violemment soumis dans l’enfance, il aurait peu à peu développé un besoin de contrôle sur son entourage. Cela se manifeste notamment dans sa relation avec sa mère, mais aussi, plus tard, avec son propre fils.

“J’ai reproduit le schéma que j’ai connu”, admet-il à la barre. Les brimades infligées à Louis, son fils aîné, comme des genoux sur des Legos, des tirages d’oreilles, ou des mains derrière la nuque, en témoignent. Mais face à l’experte, il semble vaciller : “Il fait comme il peut. Il se veut présent pour Louis”, nuance-t-elle.

Face à la cour, Cédric Jubillar oscille entre provocation et introspection. “J’aime prendre de la place”, lance-t-il d’un ton las. Il se décrit comme exubérant, égocentrique peut-être, mais aussi profondément marqué par les abandons, les rejets, et une violence intériorisée qu’il peine à nommer.
 

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