Procès du meurtre de Lola : ces profils déjà condamnés à la perpétuité incompressible en France
Le procès du meurtre de Lola Daviet, 12 ans, s’achève ce vendredi 24 octobre devant la Cour d’assises de Paris. Elle avait été violée, torturée puis assassinée en octobre 2022. Ce jour-là, l’avocat général a requis pour l’accusée, Dahbia Benkired, Algérienne de 27 ans, la réclusion criminelle à perpétuité incompressible, une peine d’exception qui n’a été prononcée qu’un peu plus d’une dizaine de fois dans l’histoire judiciaire française, comme le rapporte CNEWS.
Qu’est-ce que cette peine ?
La peine de réclusion criminelle à perpétuité incompressible, souvent qualifiée de "perpétuité réelle", se caractérise par l’impossibilité, ou l’extrême difficulté, d’un aménagement ou d’une remise de peine. Elle a été introduite en 1994 et réservée dans un premier temps aux crimes particulièrement graves : mineurs de moins de 15 ans victimes, viols, tortures ou actes de barbarie. Au fil du temps, elle a été étendue à d’autres crimes, terrorisme, attaques contre les forces de l’ordre, etc. Sa rareté correspond à sa nature : elle n’est prononcée que pour des faits d’une gravité exceptionnelle.
Pourquoi l’affaire Lola entre-t-elle dans ce cadre ?
Dans cette affaire, la victime était une enfant de 12 ans, et les actes reprochés à Dahbia Benkired incluent viol, torture et meurtre. Le parquet a insisté sur la détermination de l’accusée, la cruauté des faits et la nécessité de protéger la société. Dans ce contexte, la requête de la peine la plus lourde du code pénal marque la volonté de la justice d’acter que les conditions légales de la perpétuité incompressible sont réunies : mineure victime, actes aggravés, dangerosité. Si cette peine est effectivement prononcée, l’affaire rejoindra le très faible nombre de dossiers français où la condamnation à vie sans véritable perspective de sortie a été retenue.
Au sein de notre liste, les personnes déjà condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible.
Pierre Bodein "Pierrot le fou", premier condamné à la perpétuité réelle en 2007
Multirécidiviste longtemps suivi en psychiatrie, il a été jugé coupable de trois crimes d’une violence extrême en Alsace en 2004 : l’enlèvement, le viol et le meurtre de Jeanne-Marie, 10 ans, de Julie, 14 ans, ainsi que le meurtre d’Hedwige, 38 ans. Ses victimes avaient été retrouvées atrocement mutilées.
Michel Fourniret, le tueur en série des Ardennes, condamné deux fois à la perpétuité incompressible en 2008 puis 2018
Reconnu coupable du meurtre de plusieurs jeunes femmes et adolescentes, enlevées, violées puis assassinées pendant près de quarante ans. Mort en 2021, l’"ogre des Ardennes" n’aura jamais livré tous ses secrets, laissant derrière lui de nombreuses pistes encore examinées par la justice française.
Nicolas Blondiau, meurtrier de la petite Océane en 2013
Après avoir enlevé, violé, étouffé et poignardé une fillette de 8 ans dans le Gard en 2011, il avait tenté d’abandonner le corps dans la nature. La cour a retenu la dangerosité permanente de cet homme, père de trois enfants.
Yannick Luende Bothelo, meurtre de Marion, 14 ans, après 68 coups de couteau en 2016
Condamné pour viol, torture et acte de barbarie sur une adolescente près de Nantes en 2012. Malgré un trouble psychiatrique reconnu au moment des faits, la justice a estimé que sa dangerosité restait telle que seule la perpétuité incompressible pouvait protéger la société.
Salah Abdeslam, impliqué dans les attentats du 13-Novembre en 2022
Seul survivant des commandos djihadistes ayant tué 130 personnes à Paris et Saint-Denis le 13 novembre 2015. Sa condamnation fait de lui le premier terroriste en France à purger une perpétuité réelle en présence au procès.
Jean-Michel et Fabien Clain, voix de Daech, condamnés par défaut en 2022
Les deux frères français ont été condamnés à la perpétuité incompressible pour leur rôle central dans la revendication, la propagande et la planification des attentats du 13 Novembre. Ils sont présumés morts en Syrie, mais leurs condamnations demeurent.
Oussama Atar, organisateur présumé des attaques du 13 Novembre en 2022
Cadre de l’organisation État islamique, il aurait piloté la cellule depuis la zone irako-syrienne. Annoncé mort dans un bombardement en 2017, son décès n’ayant pas été formellement établi, il a été jugé et condamné en son absence.