Maison de l’horreur en Loire-Atlantique : d’autres cas célèbres de séquestration
C'est une "maison de l'horreur" à la française (voir notre diaporama en fin d'article) qui a été découverte le 14 octobre dernier, non pas en Californie donc, mais dans un hameau proche de Saint-Molf, en Loire-Atlantique (44). Une femme de 45 ans y aurait été séquestrée pendant 5 ans, dans le garage de la maison que partageaient deux personnes âgées : une femme de 60 ans et un homme de 82 ans.
Du liquide vaisselle dans sa nourriture
Après être parvenue à s'enfuir pendant que l'octogénaire regardait la télévision, elle a frappé à la vitre d'une voisine, en état d'hypothermie : elle était alors enfermée dans un enclos extérieur ! Complètement désorientée, elle raconte son histoire et les gendarmes arrivent sur place. Ceux-ci n'en reviennent pas et ont même eu du mal à croire à cette histoire sur le moment rapporte Ouest-France. Elle affirme avoir été recluse dans un garage, dormant sur un transat depuis 2019.
Pour seule nourriture, elle n'avait droit qu'a de la bouillie mélangée à du liquide vaisselle et devait faire ses besoins dans un seau ou des sacs plastiques. La sexagénaire à l'origine de cet enfer la droguait aux médicaments et la lavait à l'eau de Javel ! Elle sera prise en charge par les pompiers et emmenée à l'hôpital dans un état jugée "préoccupant" : elle aurait en effet perdu 50 kilos. Quand elle obtenait le droit de prendre l'air, c'était dans le froid, et/ou sous la pluie durant des journées entières.
Des éléments accablants contre la sexagénaire
Dans cette sordide histoire, tout part d'une rencontre entre la sexagénaire, une aide-soigante, et sa proie. Les deux femmes travaillaient ensemble, et la quadragénaire ayant des problèmes de couple, s'est installée chez son bourreau en colocation. D'après ses dires, elle sera ensuite forcée de vivre dans une tente, avant d'être séquestrée dans le garage quand l'homme viendra à son tour s'installer dans la maison.
Celui-ci, également mis en examen pour "séquestration avec torture ou actes de barbarie" a annoncé le parquet de Nantes le 22 octobre, a été remis en liberté en tant que témoin assisté, contrairement à la femme de 60 ans placée en détention provisoire (les deux ont reconnu les faits mais en minimisant leur responsabilité). Il a répondu à BFM TV derrière sa porte d'entrée. Le dialogue est surréaliste :
- "On nous dit que vous séquestriez quelqu'un ?
- C'était le cas oui.
- C'était qui cette personne ?
- C'était une personne qui travaillait avec la dame qui habitait ici. Elle avait des problèmes de couple et elles se ont toutes les deux rapprochées.
- Pourquoi on parle de séquestration alors ?
- Elles se sont embrouillées toutes les deux et puis ça a pris des proportions...
- Et elle était enfermée dans le garage, depuis 5 ans ?
- Oui, euh non depuis 3 ans et demi.
- Et vous quand vous êtes arrivé ça ne vous a pas paru étonnant ?
- Je croyais bien faire avec mon amie."
L'enquête confirme tous les dire de la victime
Les premières investigations ont permis d'établir que les affirmations de la femme de 45 sont bien la réalité (le médecin lui a prescrit un minimum de 30 jours d'ITT). Les enquêteurs ont par exemple constaté que la porte du garage était coincée de l'extérieur avec des parpaings. Depuis 2022, plus aucun signe de vie de sa part n'a été mis au jour via notamment l'absence d'activité sur son compte bancaire. En revanche, les tout derniers mouvements l'étaient à destination de celui de la mise en cause.
A la mise en examen, s'ajoute désormais une enquête pour "des "délits d'abus frauduleux de l'état de sujétion psychologique ou physique d'une personne de 2019 au 14 octobre 2025 et du délit d'abus frauduleux de la faiblesse d'une personne vulnérable de 2018 au 16 octobre 2025." Comme souvent dans ce genre d'affaire, personne n'a rien vu. Le maire de Saint-Molf comme ses habitants sont stupéfaits.
Revenons en images sur d'autres cas de séquestrations qui ont défrayé la chronique dans une histoire récente. Une liste non exhaustive tant ils sont nombreux même dans des pays qu'on imagine a priori protégés de ce type de fait divers, comme au Japon (deux affaires en 17 ans) par exemple.
1996 : l'affaire Dutroux
C'est dans doute l'affaire la plus sordide des années 90. Le 13 août 1996, le pédophile belge Marc Dutroux, sa compagne Michelle Martin et deux complices sont arrêtés à Charleroi. Les faits sont si terrifiants qu'une marche blanche réunissant au minimum 300 000 personnes est organisée à Bruxelles et sera à l'origine de toutes celles qui ont lieu depuis, au plat pays comme en France. Marc Dutroux est reconnu coupable en 2004 de l'enlèvement, de la séquestration, du viol et du meurtre de plusieurs jeunes filles (Julie et Mélissa, An et Eefje seront retrouvées mortes, de faim pour les premières, car le pédophile était parti en vacances les laissant dans la cache indétectable aménagée dans son sous-sol), tandis que Sabine et Laëtitia seront sauvées in extremis par les enquêteurs après ses aveux.
Il est condamné à perpétuité mais la justice belge permet des demandes de libération conditionnelle après 15 ans. Elles sont toutes refusées depuis.
1999 : l'affaire Lydia Gouardo
C'est une terrible affaire qui n'aura été médiatisée que tardivement. Lydia Gouardo, née en 1962, est séquestrée, violée et même torturée pendant 28 ans, de 1971 à 1999, date à laquelle son père Raymond Gouardo, l'auteur des faits, qui est également son demi-frère, décède. Alors qu'il était incarcéré pour 5 ans après un braquage, sa femme lui apprend qu'elle est enceinte - de Lydia - d'un autre homme qui n'est autre... que le propre père de Raymond ! L'horreur ne va pas s'arrêter là. Raymond va reconnaître la fillette, mais se sépare de sa femme et Lydia sera confié à la DDASS.
Il se met en couple avec Lucienne Ulpat, une visiteuse de prison déjà mère de deux enfants, qu'elle a abandonnés et qui sont placés dans une famille d'accueil. Raymond va les "libérer" armé d'un fusil. Ils s'installent avec Lydia et les deux enfants de Lucienne en Seine-et-Marne, à Meaux. Dès lors, ces derniers sont déscolarisés. Raymond viole Nadia, sa belle-fille, et s'acharne sur Lydia avec, en plus des viols qui seront quotidiens, des actes de barbarie que nous tairons ici.
Lucienne Ulpat est partie prenante de ce calvaire. Un jour, elle "fait prendre un bain d'eau bouillante à Lydia ; l'enfant fait un malaise à cause de la douleur. Lucienne rajoute de l'eau de javel et utilise une brosse pour chien ; l'enfant est brûlée au troisième degré et subit une dizaine de greffes à l'hôpital. Elle y reste pendant huit mois, jusqu'à ce que son père la fasse sortir de force.*" Son père se débrouille pour toucher une pension d'invalidité résultant de cette torture, et ira jusqu'à forcer Lydia à rester en fauteuil roulant pour la percevoir à 100 %.
La "famille" déménage à Coulommes, toujours dans le 77, les viols reprennent. Lucienne Ulpat les observe via des trous percés dans les murs... Ses deux enfants parviennent à s'enfuir de la maison. Pour Lydia, il faudra donc attendre 1999 et le décès de Raymond, avec qui elle aura 6 garçons issus des viols pour reprendre sa liberté.
Pendant son calvaire, elle explique qu'elle s'est enfuie à plusieurs reprises, mais que les gendarmes ne l'ont jamais écoutée, allant jusqu'à la ramener à son tortionnaire car selon elle, ces derniers avaient peur de Raymond. En 2003, Lydia Gouardo porte plainte contre Lucienne Ulpat pour non-dénonciation de crime et agression sexuelle à l’égard de l’un de ses fils. La belle-mère n'est condamnée qu'à à trois ans de prison avec sursis en première instance puis quatre ans de prison avec sursis en seconde instance... En 2008, Lydia écrit un livre avec un journaliste, "Le Silence des autres" qui dénonce entre autres celui des habitants du village de Coulommes, des gendarmes et services sociaux. Elle participera jusqu'à récemment à plusieurs émissions télévisées pour raconter son histoire.
*Source : Wikipedia
2006 : l'affaire Natascha Kampusch
Le 23 juin 2006, une jeune femme de 18 ans, Natascha Kampusch, est retrouvée hagarde, errant dans les rues de Vienne, la capitale autrichienne. Elle vient d'échapper à celui qui l'avait enlevée le 2 mars 1998 sur le chemin de l'école, avant de la séquestrer pendant 3 096 jours dans le sous-sol de sa maison, Wolfgang Přiklopil. L'homme se suicidera le jour même, se jetant sous un train. Elle dira aux enquêteurs n'avoir jamais subi de violences sexuelles, mais expliquera ensuite ne plus jamais vouloir évoquer ce sujet. Très médiatisée dans son pays, elle écrira un livre "3 096 jours" , dont sera tiré un fil, et sera brièvement animatrice de le télévision.
En 2010 finalement, elle avouera sur la chaîne américaine NBC avoir bien été violée par Přiklopil durant ses huit ans de captivité.
2008 : l'affaire Elisabeth Fritzl
C'est une affaire qui a sidéré l'Autriche, une nouvelle fois, à 300 kilomètres de Vienne. Le 26 avril 2008, Elisabeth Fritzl, suite à l'hospitalisation d'un de ses enfants (elle avait réussi à convaincre son "père" de le faire examiner), est libérée de la cave insonorisée où elle était séquestré depuis 1984, soit 24 ans, par son propre père justement... Josef Fritzl a violé Elizabeth durant toutes ces années, réussissant à cacher les faits à sa femme et ses enfants "légitimes" qui vivaient pourtant juste au-dessus du "donjon" comme l'a surnommée la presse. Leur vie de famille était normale, allant jusqu'à des vacances en Thaïlande (sans Elizabeth bien sûr).
Elizabeth vivait dans cette cave avec les six enfants incestueux qu'elle a eus avec son père, un septième étant décédé puis enterré dans le jardin par Josef. Il sera condamné à perpétuité et placé en psychiatrie.
2009 : l'affaire Jaycee Lee Dugard
Jaycee Lee Dugard avait été enlevée en 1991, à l'âge de 11 ans, par Phillip Garrido, alors qu'elle attendait le bus pour aller à l'école. L'homme a déjà un lourd passé de criminel sexuel. Il séquestre seul la jeune fille et la viole régulièrement, menottée, dans un cabanon derrière sa maison d'Antioch, en Californie avant de la présenter à sa femme, Nancy. Son épouse accepte cette "relation". Deux filles naîtront des viols, la première alors que Jaycee Lee n'avait que 14 ans.
Finalement, en 2009, Philipp Garrido sortant avec les deux fillettes comme si la situation était normale, fait l'objet d'un signalement au vu de son passé. Le 26 août, le FBI intervient et libère Jaycee Lee Dugard après 18 ans de captivité. Elle dit depuis avoir retrouvé sa famille et vit avec "heureuse" avec ses filles, qu'elle protège des médias.
En 2011, Phillip Garrido après arrangement avec les autorités, sera condamné à 431 ans de prison, sa femme Nancy, à 36 ans.
2013 : l'affaire Ariel Castro
Entre août 2002 et avril 2004, trois adolescentes sont enlevées dans le même quartier de Cleveland, dans l'Ohio, par Ariel Castro, un homme d'origine portoricaine : Michelle Knight, Amanda Berry et Georgina DeJesus. L'homme va les séquestrer dans sa maison pendant environ 10 ans, les violant et maltraitant quotidiennement, même lorsqu'elles seront enceintes. Amanda Berry donnera naissance à une fille et les deux autres subiront plusieurs fausses couches.
Un matin de 2013, un voisin entendant des cris de femmes dans la maison mais ne parlant qu'espagnol demande de l'aide à un autre voisin. Les deux hommes libèrent en premier Amanda Berry en défonçant le bas de la porte, fermée à clé. Elle se rend dans la maison la plus proche et appelle le fameux 911. Les trois jeunes femmes sont libérées.
Ariel Castro sera condamné à perpétuité plus 1 000 ans de prison. Il a échappé à la peine de mort en plaidant coupable à 937 chefs d'accusation !
2018 : l'affaire Turpin
C'est une affaire qui a marqué tous les Américains : la maison de l'horreur. Dans la ville de Perris, en Californie, David Turpin et son épouse Louise, 57 et 49, séquestraient leurs 13 (!) enfants, dont un bébé de 2 ans. Certains ont été découverts enchaînés à leur lit, dans le noir, dans des conditions d'hygiène déplorables (ils n'avaient le droit qu'à un bain par an), littéralement dans leurs excréments. Une odeur pestilentielle régnait d'après les policiers. Il y avait 6 mineurs et 7 adultes de 18 à 29 ans. Tous souffraient de malnutrition : ils n'étaient nourris qu'une fois par jour.
Ils se faisaient passer pour des parents modèles, allant jusqu'à publier des photos familiales heureuses sur les réseaux sociaux. David Turpin gagnait très bien sa vie mais le couple a fini par faire faillite et c'est là, après un déménagement, que les maltraitances auraient débuté. Les policiers ont déclaré que sa femme était très surprise quand ils sont intervenus, comme si elle était persuadée de ne rien avoir à se reprocher... C'est une de leur filles de 17 ans, qui s'échappe en 2018 et se rend au commissariat. Les forces de l'ordre qui ont "délivré" les enfants Tupin restent marquées à vie.
Le 19 avril 2019, les époux Turpin sont condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité, avec possibilité de libération conditionnelle au bout de 25 ans.