Affaire Lola : toutes ces fois où Dahbia B. s’est contredite

Publié par Suruthi Srikumar
le 22/10/2025
Affaire Lola : toutes ces fois où Dahbia B. s’est contredite
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Lafargue Raphael/ABACA
Depuis le début de l'affaire Lola, la question du mobile derrière l'acte barbare de Dahbia B. reste entier. Retour sur toutes les versions données par l’accusée.
 

Trois ans après le meurtre de la jeune Lola, 12 ans, à Paris, le procès de Dahbia Benkired, âgée de 27 ans, s’est ouvert ce vendredi 17 octobre devant la cour d’assises. Les audiences doivent se tenir sur une durée de six jours. 

Face à la cour d'assises, l'accusée n'a cessé de multiplier les versions, de l'idée de "sacrifice humain" à une vengeance ciblée contre son ex-compagnon ou encore contre la mère de Lola, Delphine Daviet. Si la jeune femme a reconnu les faits, le mobile de ce crime, accompagné de viol et d'actes de barbarie, reste un point d'ombre dans le dossier

Le témoignage déchirant de la mère de Lola

Ce mercredi 22 octobre, Delphine Daviet est passée à la barre lors de la quatrième journée du procès. "C’était une jeune fille joyeuse, aimante, heureuse de vivre", décrit-elle, les sanglots aux lèvres. Lola, dit-elle encore, était "naïve", croyait "en tout le monde". "On était toujours ensemble. Bien sûr, on se disputait aussi, mais ça ne durait jamais longtemps", poursuit-elle, rapporte 20 Minutes.

Avec le père de Lola, aujourd’hui décédé, elle faisait souvent "de la prévention sur le danger des inconnus". "Je leur disais : si on vous agresse, n’hésitez pas à crier, il y aura toujours quelqu’un qui vous entendra."

"Qui aurait pu s’imaginer ce qui allait se passer quand Lola a croisé cette chose, ce monstre ?"

Puis vient le souvenir de cette journée du 14 octobre 2022 : "Lola était rentrée déjeuner à la maison. En repartant, elle m’a dit : "À tout à l’heure, bisous." Qui aurait pu s’imaginer ce qui allait se passer quand Lola a croisé cette chose, ce monstre ?"

Son "cœur de maman est meurtri à jamais". Mais, confie-t-elle encore, "je finis par comprendre avec ma psychologue que ce n’est pas nous les coupables". À plusieurs reprises, elle désigne l’accusée comme une "chose" ou un "monstre".

La perpétuité, "la seule réponse possible"

"Lola n’aurait jamais fait de mal à qui que ce soit", insiste Delphine Daviet, toujours en quête de réponses sur les raisons pour lesquelles sa fille a "suivi" Dahbia Benkired ce jour-là.

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Elle évoque aussi le père de la victime, "un papa aimant très fort ses enfants et qui aurait tout fait pour eux". Après la mort de la fillette, il avait sombré dans l’alcool, ses "vieux démons". L’homme, qui "buvait du matin au soir", est "mort de chagrin".

"Je ne serais plus là aujourd'hui"

"J’ai de la chance d’avoir mon fils Thibault à mes côtés, sinon je ne serais plus là aujourd’hui", confie encore la mère de Lola. "Toute ma vie s’est effondrée. Je me demande encore comment je tiens debout."

Face à la cour, elle demande "à la justice de faire le nécessaire pour que cette chose soit enfermée toute sa vie". Une peine de perpétuité, qu’elle estime être "la seule réponse possible" à l’acte commis. "J’aimerais beaucoup avoir des réponses, ça m’aiderait à me soulager", conclut-elle. Pour rappel, l'accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Au sein de notre diaporama, découvrez toutes ces fois où Dahbia B. s’est contredite.

Un mobile de vengeance contre son ex-compagnon

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Un mobile de vengeance contre son ex-compagnon
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Lafargue Raphael/ABACA

La version la plus récente avancée par l'accusée oriente le mobile vers une vengeance personnelle. Devant la cour, elle a déclaré : "Je voulais lui faire du mal à lui, pas à la petite Lola", en référence à son ex-compagnon, Mustapha M, rapporte Midi Libre. Elle a exprimé sa rancœur et sa volonté de se "venger" de celui qu'elle décrit comme "l'amour de sa vie", mais qu'elle aurait en réalité voulu "tuer" à la place de la fillette.

 

Cette explication met en lumière le mobile du meurtre de Lola comme une vengeance contre son ex-petit ami. Leur relation, qualifiée de toxique, était marquée par des échanges violents et des menaces de l'accusée de “tuer des gens” peu de temps avant le drame.

Des visions de "fantôme" et de "diable"

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Des visions de "fantôme" et de "diable"
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Lafargue Raphael/ABACA

Au cours de l'instruction, Dahbia B. a livré des scénarios bien plus délirants. Elle a notamment expliqué avoir vu un "fantôme" ou un "diable" dans le visage de Lola, rapporte BFM TV. C’est en raison de ces visions qu’elle a affirmé avoir scotché la tête de la victime jusqu'à la recouvrir entièrement.

 

Ces déclarations, survenues au début de l'enquête, illustrent l'instabilité psychologique et la confusion de l'accusée, qui a semblé naviguer entre des aveux factuels et des justifications qui relevaient de l'irrationnel, voire du mystique.

L'hypothèse trouble du sacrifice humain

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L'hypothèse trouble du sacrifice humain
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L'idée d'un acte rituel a également été une piste sérieusement examinée. En effet, la piste du sacrifice humain dans l'affaire Lola s'est nourrie des propos sombres que tenait parfois l'accusée avant le crime, évoquant des discussions sur les cimetières et la mort, rapporte Sud-Ouest.

 

Bien qu'elle n'ait jamais formulé ce mobile de manière claire et constante, Dahbia B. a elle-même évoqué des pratiques déroutantes. Toutefois, comme pour ses autres versions, ces propos sont restés incohérents et n'ont jamais permis d'établir une certitude.

Une justification financière par la vente d'organes

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Une justification financière par la vente d'organes
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Parmi les versions les plus sordides figure un mobile purement financier. Après le meurtre, Dahbia B. a été filmée par des caméras de surveillance alors qu'elle traînait la malle contenant le corps de Lola. Au moment où elle croise une connaissance, elle lui aurait présenté la malle en affirmant de manière glaçante qu'elle "vendait des reins".

Des mensonges constants pour brouiller les pistes

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Des mensonges constants pour brouiller les pistes
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Dès ses premières auditions, elle a multiplié les versions, revenant sur ses aveux partiels en évoquant un "cauchemar". Elle a également tenté de charger d'anciennes relations, affirmant par exemple avoir été droguée et violée, des accusations qui ont été démenties par l'enquête.

 

Son profil psychologique, marqué par une absence de remords apparente lors de certaines phases de l'instruction, complique la lecture de ses déclarations.

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Le défi de la cour : établir une vérité judiciaire

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Le défi de la cour : établir une vérité judiciaire
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Finalement, l'instruction a conclu que Dahbia B. était accessible à une sanction pénale, n'ayant pas de pathologie psychiatrique majeure la rendant irresponsable. Les conséquences du mobile flou sur le procès Lola sont donc majeures, car la cour doit déterminer l'intention criminelle de l'accusée.

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