Affaire Lola : "pas une larme", un enquêteur revient sur les premiers aveux de l'accusée

Publié par Alice Ernult
le 20/10/2025
Affaire Lola
abacapress
© Lafargue Raphael/ABACA
Premier jour du procès de Dahbia B., accusée du meurtre de la jeune Lola, 12 ans. À la barre, un enquêteur a raconté ses aveux glaçants. Il se souvient d’une femme froide, distante, “qui n’a jamais versé une larme”.
 

Le procès du meurtre de Lola s’est ouvert ce vendredi 17 octobre devant la cour d’assises de Paris. Dahbia Benkired, 27 ans, est jugée pour meurtre, viol avec actes de torture et de barbarie sur mineur de moins de 15 ans. L’enquêteur qui l’a entendue en garde à vue a livré un témoignage bouleversant. Il confie : “Je l’emporterai avec moi.”

Julien N., enquêteur à la brigade criminelle de Paris, est revenu sur le déroulement de l’interrogatoire qui a permis les aveux de l’accusée. Deux jours après le drame survenu le 14 octobre 2022, la jeune femme avoue. Elle le fait sans émotion, sans larme, avec un détachement glaçant. “C’est du costaud”, lâche le policier à la barre.

“En tant qu’enquêteur, j’ai déjà entendu des criminels. Mais là, c’est particulier”, confie-t-il à la cour d’assises comme le relate Le Dauphiné Libéré. Ce qui l’a marqué ? D’abord, que l’auteure soit une femme, ce qui reste rare dans des crimes d’une telle violence. Ensuite, la cruauté des faits, et le calme absolu de l’accusée face à eux.

“Les faits sont d’une extrême cruauté”

Les jurés découvrent alors des extraits vidéos de l’interrogatoire. Dahbia Benkired y découvre les photos du corps de Lola, recroquevillée dans une malle. Loin de détourner les yeux, elle réclame : “Encore.” À la deuxième photo : “Elle s’est fait violer cette personne ?” À la cinquième : aucun frémissement.

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“Elle ne baisse pas le regard”, note encore l’enquêteur. Il raconte que l’accusée dit avoir “bu un café et écouté de la musique” pendant l’agonie de Lola. Elle évoque vouloir “faire un barbecue avec le contenu de la malle” et plaisante sur la sauce : “mayo-samouraï. Un discours maîtrisé. Avant ses aveux, Dahbia Benkired nie les faits à trois reprises. Julien N. décide alors de changer d’approche. Il tente de “nouer un lien”, l’invitant à se projeter “dans la peau d’un enquêteur”. C’est à ce moment-là que les images de la victime lui sont présentées, déclenchant sa réaction glaçante.

Aucune émotion

L’enquêteur raconte que Dahbia Benkired s’est ensuite lancée dans un récit confus mais précis. Elle reconnaît les faits, sans émotion. Pendant les aveux, elle multiplie les remarques incohérentes, comme lorsqu’elle demande si elle sera libérée. À un moment, elle interroge : “Vous avez déjà vu un cas comme moi ?”

Pour Julien N., tout dans l’attitude de l’accusée montre qu’elle cherchait à manipuler l’audition. Elle aurait pu se taire, dit-il, mais “tout ce qu’elle voulait nous dire, elle nous l’a dit.” Ce jour-là, le policier réalise qu’il est face à quelque chose d’inédit, et profondément troublant.

Le mobile du crime reste flou. On parle d’un conflit dérisoire autour d’un badge d’immeuble. Pourtant, en 1h37, temps entre la rencontre avec Lola et la descente de la malle, l’irréparable a été commis. Me Clotilde Lepetit, l’avocate des proches de la victime demande : “ Y a-t-il eu des cris ? Des pleurs ?”

“Il n’y a qu’elle qui a cette réponse”, conclut l’enquêteur, en désignant l’accusée dans le box. L’interrogatoire de Dahbia Benkired sur les faits est prévu mercredi. Le verdict sera rendu vendredi

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