Affaire Lola : "J'avais envie de me la taper", ce témoignage troublant d’un témoin
Certains propos tenus par Rachid N. à la barre lundi 20 octobre, rapportés par Actu Paris, sont glaçants de désinvolture et de vulgarité. C'est pourtant loin d'être inconnu dans "l'affaire Lola", bien que n'ayant rien à se reprocher : crâne rasé, âgé aujourd'hui de 46 ans, décrit comme "nonchalant", l'homme avait en effet été mis en examen pour recel de cadavre avant de bénéficier d'un non-lieu. Car Rachid N. avait hébergé Dahbia Benkired après la commission de son crime atroce.
Un simple dépannage... mais très intéressé
Rachid N. raconte "son" 14 octobre 2022 (jour même où le corps de Lola sera finalement découvert),: "Je travaillais le matin comme chauffeur puis je suis resté chez moi l’après-midi. Le technicien Orange devait intervenir..." Visiblement agacé, le président du tribunal lui demande d'écourter les banalités pour aller droit au but sur le temps passé avec l'accusée, relatent nos confrères.
Car le témoin connaissait Dahbia Benkired : il auraient vaguement flirté, après s'être rencontrés en 2019 dans le café où il travaillait. Ce dernier poursuit son récit : "Elle m’a appelé vers 18 h. Elle m’a dit qu’elle s’était disputée avec sa sœur et qu’elle l’avait mise dehors. Elle m’a demandé si je pouvais l’héberger à Asnières-sur-Seine. Je n’y voyais pas d’inconvénient." Les magistrats savent pourquoi. Rachid N. avait au cours de ses premières auditions par les enquêteurs déclaré tout de go : "J’avais envie de me la taper."
"Je ne me suis pas posé de question"
Rachid N. saute sur "l'aubaine" et passe prendre en voiture Dahbia Benkired rue Manin, dans le XIXe arrondissement de Paris, non loin de l'immeuble où vivait la petite victime. Qui venait quelques heures auparavant d'être violée, torturée, massacrée avant d'être "rangée" comme un simple objet dans la malle que l'accusée peinait à traîner derrière elle. Cette malle, le témoin aide à la porter jusque dans son coffre. Le président du tribunal lui fait alors remarquer : "De ce que l’on sait, elle faisait au moins 55 kilos. Le poids de la victime." Voulant souligner à Rachid N. qu'il aurait dû se poser des questions sur cette bizarrerie ?
Mais non. Le témoin répond, l'air embarrassé d'après Actu Paris : "Elle paraissait lourde, c’est vrai [...] Je me suis pas posé de question." Pressé sans doute par son envie exprimée aux enquêteurs. La suite est surréaliste. Le "couple" se rend au domicile de Rachid N. où Dahbia Benkired prend une douche avant de mettre en route la machine à laver !
Un dîner pas très romantique puis l'innommable
Ils sortent ensuite pour dîner dans un fast-food du coin, l'homme en profite auraravant pour faire quelques courses, dont de la vodka et... des préservatifs. "On a mangé des nuggets et des frites" raconte le témoin, pour qui le reste de la soirée fut "banale". Rachid N. et Dahbia Benkired remontent dans l'appartement du premier, regardent la télévision et boivent des verres. Puis, vers 23 heures, la jeune femme passe un coup de fil : "Elle a discuté quelques minutes avec sa sœur. Je n’y ai pas trop prêté attention. Elle m’a dit qu’elle devait rentrer chez elle."
Un VTC passe la chercher. Il sera incommodé par la forte odeur de Javel qui émane d'un des bagages "Je n’ai rien senti, je n’ai pas touché à ses affaires” affirme Rachid N. encore aujourd'hui. Quand il a pris Dahbia Benkired dans sa propre voiture ? La fenêtre conducteur était ouverte pendant les 30 minutes du trajet jusqu'à son domicile. Durant son trajet retour, l'accusée tentera une première fois de se débarrasser des certains éléments avant d'abandonner les deux bagages arrivée à destination.
Le corps de Lola découvert, la police appelle Rachid N.
Vers 23h30, c'est là, rue d'Hautpoul, que le sans-domicile fixe qui découvre les bagages et le cadavre de Lola contacte la police. Qui appelle à son tour Rachid N. pour lui parler de l'accusée, ce qui ne l'inquiète pas plus que ça puisqu'il pense à une affaire de rixe, de vol. Puis comprend quand il est à son tour placé en garde à vue. "C’est compliqué d’avoir son nom associé à une telle horreur" se désole-t-il à la barre. Face aux interrogations des parties civiles comme de la défense, il persiste : il ne s'est aperçu de rien, tout semblait "normal."
Rachid N. a de plus eu la malchance de voir Dahbia Benkired le désigner comme responsable du crime ! Ce que l'enquête, comme l'autopsie du petit corps réalisée par le médecin légiste, ont balayé d'un revers de main. Il est innocent de toute charge. Mais doit s'en vouloir d'avoir cédé à ses pulsions et de se retrouver malgré lui mêlé à cette sordide affaire.