Meurtre de Lola : le trajet glaçant de Dahbia B. avec la malle
Trois ans après les faits, le procès de Dahbia B., accusée du viol et du meurtre avec actes de torture et de barbarie de Lola Daviet, s’ouvre à Paris. Le 14 octobre 2022, la collégienne de 12 ans avait été victime d’un véritable calvaire dans un immeuble du 19e arrondissement, avant que son corps ne soit retrouvé dans une malle.
17 heures : Dahbia B. discute avec le client d’un bar
Il est presque 17 heures ce soir-là quand Carime B. est abordé rue Manin dans le 19ème arrondissement de Paris par une jeune femme traînant deux valises et une malle encombrante. Elle lui demande de l’aide pour rejoindre une station de métro, expliquant vouloir se rendre dans les Hauts-de-Seine, comme le relate BFMTV. Face à la charge, il tente sans succès de lui trouver un chauffeur.
La discussion dévie : elle lui propose alors de lui vendre quelque chose, mais à l’abri des regards. Il l’invite à en parler autour d’un café au bar-tabac Le Rallye, tout en l’aidant à transporter ses bagages. À l’intérieur, intrigué par la lourde malle, Carime B. l’interroge à deux reprises sur son contenu. La jeune femme, souriante, l’invite à regarder lui-même. Il soulève une couette et sent une forte odeur d’eau de Javel. En-dessous, se trouve un drap. En touchant, il croit sentir une épaule. Une tâche, peut-être du sang, l’alerte.
Pris de panique, il lui demande s’il s’agit d’un cadavre. Elle lui répond en plaisantant : "Je vends un rein". Prétextant aller chercher un chauffeur, il sort précipitamment. Quelques minutes plus tard, il la voit charger ses affaires dans un camion, en être débarquée, puis monter dans une Dacia grise avec un autre homme, les bagages à bord. Avant de partir, Carime prend discrètement une photo du véhicule.
18h03 : Dahbia quitte le 119 rue Manin avec la malle
À 18h03, la Dacia s’arrête devant l’immeuble du 119 rue Manin, dans le XIXe arrondissement de Paris. C’est le domicile de la sœur de Dahbia B., lieu où la collégienne Lola vient d’être tuée. La jeune femme attendait sur le trottoir, accompagnée de deux valises… et d’une malle. Le chauffeur de la Dacia n’est autre que Rachid N., 43 ans, présenté comme une "connaissance" de Dahbia.
Il ne sait pas encore qu’il transporte, dans ce coffre, le cadavre de l’enfant de 12 ans. Selon lui, Dahbia lui a simplement dit s’être disputé avec sa sœur et vouloir partir. Initialement mis en examen pour "recel de cadavre", Rachid N. a toujours affirmé, tout au long de l’enquête, ignorer le contenu de la malle. Un non-lieu a finalement été prononcé à son encontre.
18h30 : arrivée à Asnières-sur-Seine
Une vingtaine de minutes plus tard, le véhicule s’arrête à Asnières-sur-Seine, dans les Hauts-de-Seine. Rachid N. fait entrer Dahbia chez lui, dans son appartement de deux pièces situé au rez-de-chaussée d’un immeuble discret, proche de la gare de Bécon-les-Bruyères. Elle y reste plusieurs heures, avec la malle.
Pendant ce laps de temps, Dahbia se lave et se change. Rachid dit n’avoir rien vu d’anormal, mais des traces de sang seront plus tard retrouvées dans sa salle de bain. Il assure ne pas avoir su ce que contenait la malle. Il affirme également qu’elle ne paraissait ni paniquée, ni agitée.
22h30 : une course Heetch pour retourner à Paris
Le soir même, Rachid commande un VTC via l’application Heetch pour permettre à Dahbia de repartir. Selon ses dires, elle voulait rentrer chez sa sœur. Il est 22h30. C’est cette course qui, plus tard, amènera les enquêteurs à le convoquer. Le chauffeur qui prend en charge Dahbia est frappé par son comportement : froide, peu stressée, mais surtout, une odeur de Javel se dégage des bagages.
Durant le trajet, le chauffeur est interpellé par le ton employé par Dahbia lors d’un appel en arabe : “Descends m’aider, put… de ta race”, aurait-elle lancé. Quelques minutes plus tard, Friha, la sœur de Dahbia, descend pour monter les bagages, mais refuse de l’aider avec la malle.
23h00 : la malle abandonnée au pied de l’immeuble
Une fois arrivée à destination, Dahbia n’obtient pas l’aide de sa sœur. La malle, trop encombrante, est laissée dans une partie commune de l’immeuble au niveau du 40 rue d’Hautpoul, l’autre entrée du 119 rue Manin. C’est là, dans cette zone où vit la famille de la victime, que le corps de Lola sera découvert une vingtaine de minutes plus tard par un sans-abri.
Une dernière fuite et une interpellation à l’aube
Après s’être enfuie de l’immeuble, Dahbia prend les transports en commun pour rejoindre Bois-Colombes, à proximité d’Asnières. C’est là, chez un de ses amis, qu’elle sera retrouvée et interpellée au petit matin du 15 octobre 2022. L’enquête révèlera que sa sœur ignorait tout des agissements de Dahbia durant son absence.