Affaire Jubillar : les moments clés qui ont marqué le procès de Cédric Jubillar
Après quatre semaines d’audience devant la cour d’assises du Tarn, Cédric Jubillar a été condamné à trente ans de réclusion pour le meurtre de son épouse, Delphine. Pendant un mois, près de soixante témoins et experts se sont succédé à la barre, appelés à éclairer les circonstances de la disparition de Delphine Jubillar, survenue en décembre 2020 à Cagnac-les-Mines.
Au fil des audiences, la personnalité de Cédric Jubillar s’est dessinée de manière trouble, entre provocations, contradictions et moments d’accablement. L’accusé, qui clame son innocence depuis le début de l’affaire, a régulièrement adopté un ton ironique ou agressif lorsqu’il était confronté à certaines pièces à charge ou à des témoignages accablants.
La tension est montée progressivement dans la salle d’audience, notamment lors de la déposition de Donat-Jean, l’amant de Delphine, mais aussi lors de révélations plus inattendues venues de proches, d’anciens voisins ou encore d’un codétenu. Ces récits, parfois livrés avec émotion ou hésitation, ont fait naître chez les jurés des impressions fortes.
Des débats marqués par des rebondissements inattendus
Les débats n’ont pas seulement reposé sur des preuves matérielles ou des expertises. Ce procès s’est aussi joué sur des mots, des silences, des attitudes. Certains témoins ont surpris par leur franchise ou leur mémoire, d’autres ont fragilisé l’accusation ou la défense par leurs imprécisions ou leurs contradictions.
Outre les confrontations et les récits personnels, le procès a été ponctué de rebondissements judiciaires. Une erreur commise par un gendarme sur des données téléphoniques ou encore des déclarations à double tranchant ont montré les limites de l’enquête et semé parfois le doute dans les esprits.
Retour sur ces scènes marquantes qui ont pesé, parfois lourdement, dans l’intime conviction du jury.
La déposition de Donat-Jean, l’amant de Delphine
L’amant secret de Delphine, un homme de 44 ans, a témoigné pendant plus de deux heures sur leur relation clandestine, débutée à l'été 2020. Éloquent, parfois grandiloquent, il a décrit leurs rencontres et la force de leurs échanges. Ils projetaient de vivre ensemble, de se marier, voire même d’avoir un enfant.
Le bornage du téléphone de l’amant
Moment de tension : les avocats de Cédric Jubillar ont accusé l’amant d’avoir été présent près du domicile de Delphine la nuit de sa disparition, selon des données de téléphonie. Stupeur au tribunal. L'amant a démenti, mais le doute s’est installé brièvement... jusqu'à ce qu’un gendarme reconnaisse une erreur de copier-coller dans les fichiers.
L’anecdote glaçante de la nounou sur l’affaire Daval
L’ancienne nourrice des enfants du couple Jubillar a rapporté une phrase que Cédric aurait dite en regardant un reportage sur l’affaire Daval : “Il n’est pas malin lui, j’aurais fait mieux moi, on ne l’aurait jamais retrouvée.” Une déclaration troublante, faite peu avant la disparition de Delphine. L’accusé dément, mais ce témoignage a marqué les esprits.
Les incohérences autour de la voiture de Delphine
L’accusation a souligné un détail : la voiture de Delphine aurait été retrouvée garée dans un sens différent du soir au lendemain matin. Pressé de s’expliquer, Cédric a contre-attaqué avec ironie : “J’aurais fait attention à ce genre de détails si j’avais commis un tel crime.” Une réponse ambiguë, presque provocante, qui a suscité le malaise.
La scène d’humiliation rapportée par une ex-voisine
Une ancienne voisine raconte une scène violente de 2014, dans laquelle elle aurait entendu Cédric crier à Delphine enceinte : “Mets-toi à genoux, baisse les yeux quand je te parle.” Cédric a prétendu qu’il parlait... à son chien. Mais la voisine, rappelée à la barre, a maintenu ses propos.
La déclaration poignante de Chloé, amie d’enfance de Delphine
Chloé, proche de Delphine depuis l’adolescence, a livré un témoignage fort. Elle est la première à avoir prononcé le mot "féminicide" à la barre et a déclaré sa "profonde certitude" que Cédric a tué Delphine. Elle souhaitait s’adresser directement à l’accusé, mais la présidente du tribunal a refusé.
Le témoignage d’un codétenu
“J’ai fait le crime parfait” : Lors du 11ᵉ jour d’audience, un ancien codétenu de Jubillar a déclaré que celui‑ci lui avait confié : “ j’ai fait le crime parfait”, et que “40 détenus l’ont entendu”. Ce témoignage, même s’il se heurte à des contestations quant à sa crédibilité (ancien détenu, motivation possible), constitue un élément choc dans le dossier.