Procès Jubillar : ses avocats dénoncent l’isolement de Cédric et les contradictions de la cour

Publié par Alice Ernult
le 27/10/2025
3 minutes
Cédric Jubillar
abacapress
© Poitout Florian/ABACA
Les avocats de Cédric Jubillar, Mes Alexandre Martin et Emmanuelle Franck, dénoncent les contradictions de la cour d’assises du Tarn et alertent sur les conditions de détention de leur client.
 

“Nous allons mettre en œuvre les procédures utiles pour le faire sortir de l’isolement, parce que c’est un véritable calvaire.” À l’issue du verdict du procès de Cédric Jubillar, condamné à 30 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de sa femme Delphine, ses avocats se sont confiés à La Dépêche pour dénoncer les contradictions de la cour et l’isolement de leur client.

Pour expliquer la condamnation de Cédric Jubillar, la cour et le jury ont invoqué le manque de conviction dans ses déclarations. Ses avocats s’étonnent : “C’est un peu la stupéfaction puisqu’au final, on a le sentiment qu’il n’y a pas eu de procès, que l’on n’a pas passé quatre semaines à discuter de tous les éléments”, soulignent-ils à La Dépêche.

Les avocats dénoncent un inventaire d’indices sans scénario ni argumentation : “On assiste à un inventaire à la Prévert de tous les indices, de la même manière qu’au terme de l’ordonnance de mise en accusation. Aucun scénario, aucune scène n’est présenté”, poursuivent-ils.

Des “contradictions” dans les éléments mis en avant 

La question de la crédibilité des témoignages est aussi pointée : “On se contredit en retenant pour acquis que les cris entendus par les voisines émanaient de Delphine Jubillar. Ces mêmes voisines qui auraient reconnu les chiens de race shar-peïs du couple, ce qui est absolument faux”, expliquent les défenseurs.

Un point central, selon eux, a été totalement ignoré : l’utilisation du téléphone de Delphine. “Il y a quand même un élément très important qui n’est même pas évoqué, c’est l’utilisation du téléphone de Delphine Jubillar au cours de cette nuit, notamment à 6h52, qui est un horaire où les gendarmes étaient au domicile”, relèvent-ils.

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La défense insiste également sur la spontanéité des réactions de Cédric Jubillar face aux appels et notifications liées au téléphone de sa femme, un élément non discuté par la cour : “C’est un peu le déni d’un vrai débat judiciaire”, déplorent Me Franck et Me Martin à La Dépêche.

Un doute qui n’a pas germé

“Manifestement, il n’a pas germé, sinon Cédric Jubillar aurait été acquitté”, résument les avocats. Ils pointent l’absence de mention d’”indice concordant” ou de “conversion des charges en preuves” et regrettent qu’aucun scénario n’ait été esquissé par la cour pour expliquer le déroulé de la soirée. 

Selon eux, la justice n’a pas su analyser correctement le comportement de Cédric : “Je pensais que la cour allait avoir un parti pris en expliquant ce qui s’est passé, voilà comment on peut analyser cette soirée et le comportement de Cédric Jubillar. Mais ce n’est même pas le cas”, précisent-ils.

Préparer un second procès

Un nouveau procès est envisagé, et les avocats veulent corriger ce qu’ils jugent être des manquements : “Nous allons essayer d’améliorer ce qui n’a pas fonctionné et aider cet homme à se livrer et à s’ouvrir un peu plus. Il n’a pas réussi à exposer ce qu’il est réellement, étant complètement verrouillé”, expliquent-ils.

Ils insistent sur l’importance de mettre fin à l’isolement carcéral : “Les experts ont même parlé d’empathie réelle chez cet homme. Nous allons mettre en œuvre les procédures utiles pour le faire sortir de l’isolement, parce que c’est un véritable calvaire. Il vit une torture depuis quatre ans et demi”, concluent-ils avant d’ajouter “cela lui permettrait, peut-être, de livrer des émotions. Car la seule variable, c’est justement Cédric Jubillar qui, lui, peut évoluer en un an”.
 

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