Xavier Dupont de Ligonnès s'est-il inspiré de John List ?AFP
Le père de famille nantais, soupçonné du meurtre de sa femme et de ses quatre enfants, s'est-il inspiré d'un fait divers américain des années 1970 ? Les deux affaires ont de nombreux points communs.
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Beaucoup de questions et toujours pas de réponse. Neuf ans après son implication supposée dans la mort de sa femme et de ses quatre enfants, Xavier Dupont de Ligonnès est toujours introuvable, malgré l’exploitation de plusieurs pistes. Mort, exilé à l’autre bout du globe, caché dans la nature… Tous les scénarios sont encore possibles pour expliquer la disparition de ce père de famille que tout le monde pensait sans histoire. Avec son absence, de nombreuses questions restent en suspens : pourquoi a-t-il tué toute sa famille ? Voulait-il s’inventer une nouvelle vie, loin de tous ses ennuis ? Comment a-t-il fait pour ne laisser aucune trace de sa fuite ?

Affaire Dupont de Ligonnès : des similitudes avec le meurtre de la famille List

Une chose est sûre, le scénario de Xavier Dupont de Ligonnès était bien ficelé. Tellement bien que le père de famille nantais aurait pu s’inspirer d’un précédent, qui a eu lieu aux Etats-Unis dans les années 1970. Comme l’explique franceinfo, les similitudes entre la "tuerie de Nantes" et le meurtre de la famille de John List sont troublantes, de la préparation au mode opératoire choisi. Le Français est-il ce qu’on appelle un "copycat", c’est-à-dire un imitateur ? S’est-il inspiré de ce qu’il a vu outre-Atlantique pour l’infliger à sa propre famille ?

Pour comprendre les similitudes entre ces deux affaires, il est essentiel de connaître la première. En 1971, John List est un Américain sans histoire, un homme ordinaire, marié et père de trois enfants. A 46 ans, il vit dans une vaste demeure bourgeoise de la ville de Westfield, à l’ouest de New York. Une bonne situation, une belle maison, une fratrie unie… La famille modèle, en apparence. Jusqu’à ce que tout bascule le matin du 9 novembre 1971.

Affaire Dupont de Ligonnès : le mode opératoire de John List

Ce matin de novembre 1971, le vernis de la famille List se fissure brutalement. Comme l’explique Le Figaro, le père de famille commence par abattre sa femme Helen alors qu’elle prend son petit-déjeuner dans la cuisine. Il monte ensuite au troisième étage et tire sur sa mère Alma, 84 ans, puis attendra le retour de l’école de deux de ses enfants, Patricia et Frederick, pour leur faire subir le même sort. Il part ensuite assister au match de son fils John, qu’il tue après l’avoir ramené chez eux. Etrangement, le quadragénaire semble s’être acharné sur son fils plus que sur les autres membres de sa famille : une dizaine de balles ont été tirées. Le chien n’a jamais été retrouvé mais, pour le FBI, il a sûrement été tué au même moment que le reste de la famille.

Le déroulé des faits rappelle celui de "la tuerie de Nantes" de la nuit du 3 au 4 avril 2011. D’après les enquêteurs, Xavier Dupont de Ligonnès aurait, lui aussi, abattu sa femme Agnès puis trois de ses enfants qui se trouvaient dans le domicile familial. L’aîné, Thomas, a été tué dans un second temps, le lendemain, après un moment passé avec son père au restaurant. Les corps des deux chiens de la famille ont été enterrés dans le jardin familial.

Xavier Dupont de Ligonnès a-t-il reproduit le scénario de John List ? Les enquêteurs ne peuvent l’affirmer, mais un autre élément pourrait relier les deux affaires : la préparation minutieuse qui a précédé le meurtre.

Affaire Dupont de Ligonnès : une préparation minutieuse, comme John List

Avant de passer à l’acte en novembre 1971, John List avait tout prévu. Comme le rappelle Le Figaro, le quadragénaire avait prévenu l’école de ses enfants, l’ensemble de sa famille et plusieurs de ses proches qu’ils déménageaient tous en Caroline du Nord afin de s’occuper de la mère de son épouse. Xavier Dupont de Ligonnès, lui, avait envoyé des lettres aux écoles de ses enfants, à ses proches et même à l’employeur de sa femme, donnant diverses raisons à leur départ.

Un coup il affirmait que la famille partait vivre en Australie, un autre qu’ils fuyaient tous aux Etats-Unis dans le cadre d’un programme de protection des témoins. Dans les deux cas, ces mensonges avaient un but précis : retarder au maximum la découverte des corps. Dans l’affaire John List, les corps des membres de la famille n’ont été découverts qu’un mois plus tard, deux semaines dans l’affaire Dupont de Ligonnès. Selon les éléments récoltés par les enquêteurs, les deux hommes pourraient également avoir un mobile similaire…

Affaire Dupont de Ligonnès : un même mobile ?

Malgré sa disparition depuis neuf ans, Xavier Dupont de Ligonnès reste le principal suspect dans le meurtre de son épouse et de ses quatre enfants. En l’absence de réponse, les enquêteurs ne peuvent faire que des suppositions sur le passage à l’acte présumé du père de famille nantais, mais un mobile similaire semble se dessiner pour les deux hommes.

En 1971, au moment du drame, John List vient de perdre son emploi, ce qu’il n’a pas la force d’avouer à ses proches. Ses dettes s’accumulent, il fait semblant d’aller travailler, jusqu’à ce que la situation ne soit plus tenable pour lui. C’est alors qu’il passe à l’acte. Pour les enquêteurs français, c’est une situation similaire qui aurait pu pousser Xavier Dupont de Ligonnès à passer à l’acte. En avril 2011, son entreprise est en difficulté, il a de nombreuses dettes et vit très mal la situation.

Les autorités américaines ont fini par mettre la main sur John List 18 ans après les faits, alors qu’il avait recommencé une toute nouvelle vie dans une ville du Colorado. Après plusieurs fausses pistes, les enquêteurs français espèrent bien remonter la trace de Xavier Dupont de Ligonnès et avoir la réponse à toutes leurs questions, surtout une : est-il encore vivant ?