Rouen : une nonagénaire attend 65 heures aux urgences

Publié par Matthieu Chauvin
le 20/11/2025
Femme âgée urgences
Istock
L’attente interminable de 65 heures vécue par une patiente de 99 ans sur un brancard aux urgences du CHU de Rouen remet brutalement en lumière la crise qui touche l’hôpital public en France. Ce cas, survenu en octobre dernier, a été rendu public par la petite-fille de la patiente, elle-même infirmière.

Admise pour un œdème aigu du poumon, Claire, 99 ans, a passé plus de deux jours et demi dans un box des urgences du CHU de Rouen, du vendredi 17 octobre au soir, au lundi 20 octobre dans l'après-midi. Une situation rendue publique par le témoignage choc de sa petite-fille, Aline Percher, 36 ans.  D'abord sur Facebook, le lendemain de la prise en charge de sa grand-mère au servie gériatrie. Extrait : "Aux Urgences, on voit des gens en colère face aux soignants, mais ils font ce qu’ils peuvent, si on s’en prend à eux on loupe sa cible, ce n’est pas à eux qu’il faut s’en prendre."

"On a le personnel pour faire de l'urgence, mais pas pour hospitaliser. Le problème vient d'en haut", a-t-elle dénoncé dans Paris-Normandie, pointant l'impuissance des équipes soignantes. Cette attente à la limite du supportable a forcé la direction de l'établissement à réagir. Dans un communiqué, elle a reconnu une situation "exceptionnellement tendue" et "regrettable", l'expliquant par une saturation critique des services censés prendre le relais. "Avec plus de 250 passages en 24 heures contre environ 200 pour 24 heures habituellement."

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"Je n'ai pas voulu m'énerver"

Durant ces deux jours et demi passés dans "Une sorte de petite pièce prévue pour accueillir deux brancards séparés par un rideau, il y a un petit lavabo mais pas de toilettes" rapporte Aline. C'est là que Claire sera diagnostiquée d'un problème respiratoire. Mais sa petite-fille poursuit, auprès de BFM TV : "Il n'y avait aucune place nulle part. J'ai demandé à une soignante si on pouvait l'installer dans un lit dans le box des urgences, mais ils n'avaient plus de lits non plus pour pouvoir l'installer plus confortablement." La nonagénaire passera donc tout ce temps sur un simple matelas posé sur un brancard.

Sur Ici Normandie, la jeune femme explique, malgré la gravité de la situation : "Je n'ai pas voulu m'énerver parce que je ne me serais pas énervée sur les bonnes personnes. Les soignants n'y sont pour rien, ils subissent autant que le patient subit. Il y a même, je crois, une cadre qui est venue nous voir pour s'excuser de la situation. Nous, on est autant désolés qu'eux. [...] Tout le monde a droit d'être soigné, dans de bonnes conditions, avec les moyens nécessaires."

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Elle doit s'occuper de sa grand-mère

Aline, qui est infirmière rappelons-le, a participé aux soins de sa grand-mère aidée de sa propre maman. Les deux femmes se sont relayées pour lui apporter un coussin et éviter l'apparition d'escarres, lui masser les jambes ou lui donner à manger. "Ce qui est malheureux, c’est qu’ils n’avaient même pas assez de repas pour tout le monde, pas assez de couverts" affirme-t-elle à Paris-Normandie. Mais elle reste reconnaissante, sûrement par solidarité professionnelle.

"Les aides-soignantes étaient désolées de ne pas pouvoir faire plus. On les a vues plusieurs jours d’affilée. Elles faisaient leur journée, et quand elles revenaient le lendemain, elles constataient que ma grand-mère était toujours là." Sur Facebook, Aline écrivait qu'elle n'entendait pas "attaquer le CHU, ni les soignants." Etaient visés l’Agence régionale de santé (ARS) et le ministère de la Santé. "Il faut qu’ils viennent voir comment ça se passe. Je sais qu’ils veulent juste réduire les coûts, mais là on est sur de l’humain".

Heureusement, tout est bien qui finit bien : hospitalisée un pu plus d'une semaine, Claire en est sorti après plus d'une semaine, le mardi 28 octobre et attende de fêter son centenaire.

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