Bloquons Tout : les Gilets jaunes également dans le mouvement du 10 septembre ?
Le mouvement des Gilets jaunes, né en novembre 2018 à partir d'une grogne contre les hausses des prix des carburants, avant de s'étendre à de nombreuses autres revendications essentiellement sociales, va-t-il faire son come-back ? Annoncé depuis quelques années, car la situation de beaucoup d'entre eux ne s'est pas améliorée en 6 ans, aura-t-il lieu le 10 septembre, en renfort de l'autre mouvement qui fait l'actualité cet été : "Bloquons Tout le 10 septembre ?" Rien n'est moins sûr mais des discussions entre plusieurs anciens acteurs de cette révolte populaire qui a ébranlé l'Etat jusqu'au sommet, ont lieu.
Un point commun : les réseaux sociaux
Pour les Gilets jaunes comme pour Bloquons Tout, tout a commencé sur les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter (devenu X), la messagerie Telegram aujourd'hui. Au début du mouvement en 2018, le monde médiatique avait d'abord évoqué des initiatives de groupes identitaires d'extrême droite, les premières actions étant ignorées des politiques jusqu'à ce que les manifestations et blocages dégénèrent, comme lors de l'épisode de l'Arc de Triomphe.
La même erreur sera-t-elle à nouveau commise car encore une fois, c'est la droite de la droite qui est pointée du doigt comme instigatrice ? Mais le flou domine encore quant à ce nouvel appel au peuple à montrer son mécontentement, à moins de 15 jours de "l'évènement." France Info cite Maxime Nicolle, décrit comme une figure des Gilets jaunes, qui s'exprimait récemment dans une vidéo postée sur compte, suivi par 158 000 personnes : "Il y a des réunions qui se font, un peu à droite, à gauche. A partir du 10 septembre, personne ne sait ce qui va se passer."
Des Gilets jaunes hésitent encore
Mais la participation des syndicats aux éventuelles manifestations et le soutien de la gauche, notamment, en rend certains hésitants. Interrogé à ce propos par nos confrères, Jean-François Barnaba, un des premiers leaders des Gilets jaunes, en fait parti : "Je crains même que cela puisse dissuader certains de s'engager dans l'action et que ça soit davantage un frein qu'autre chose. Dans ma commune, j'entends effectivement des réticences exprimées par des Gilets jaunes de la première heure."
Il déplore "l'absence d'organisation centralisée capable d'installer un rapport de force efficace dans la rue" et "quelques liens avec une marginalité plutôt de droite". Mais reconnait un lien entre les deux mouvements, comme la demande commune d'organiser référendum. "Cette mouvance s'est réactivée dès qu'elle a vu la possibilité de lancer quelque chose à la rentrée."
Jérôme Rodrigues, autre figure célèbre des "GJ", notamment pour avoir été éborgné par un tir de LBD de la police, répond à nos confrères : "Beaucoup de 'Gilets jaunes ont cette frustration de ne pas avoir été au bout. Parce que si on tire un bilan concret du mouvement de 2018 et 2019, ça reste un échec, quelques batailles de gagnées." Il évoque avec eux d'éventuels blocages et nouvelles occupations de ronds-points. Mais pas de manifestations.
D'autres sont déjà très violents dans leurs annonces
France Info reproduit le contenu d'une vidéo édifiante postée par un ancien Gilet jaune, "Mike Rambo" sur sa page "Le média de Mike" : "Beaucoup de personnes sont en train de critiquer cette date. Ils essaient de foutre la merde en divisant le peuple, en disant qu'il y a des gens de gauche, des gens de droite, des partis politiques… On leur pisse à la gueule (sic). On n'en veut pas, de ces partis politiques (...)." De bien mauvais augure si les deux mouvements se rejoignent.
Un autre historique, Fly Rider, interrogé par les journalistes du service public : "Les médias mainstream ont causé énormément de dégâts sur les citoyens français en les discréditant, en les faisant passer pour antisémites, fachos… C'est pour cette raison que je ne veux pas vous répondre." Il lâche tout de même que "Le constat est le même. Mais les choses qui sont peut-être les plus importantes, ce sont le référendum d'initiative citoyenne (RIC) et la remise en cause de notre Constitution actuelle. Parce qu'avant les Gilets jaunes, personne n'en parlait."
Et là aussi, sur une vidéo postée sur les réseaux, John Barlou, autre "ancien", lance un appel à ne plus utiliser "sa putain de carte bleue." Pour lui, il faut tout payer en liquide pour bloquer le pays et le système bancaire...
Des réunions ont bien lieu mais...
Comme l'affirme Maxime Nicolle, des réunions, appelées par les Gilets jaunes "assemblées générales", se déroulent dans toute la France. Leurs comptes-rendus sont ensuite publiés sur Telegram sur une chaîne nommée "Indignons-nous !" Pour Jérôme Rodrigues, le mouvement renaît. "Un ami vient de décéder et sa femme m'a envoyé son gilet jaune. Dessus, il était déjà marqué : 10 septembre" déclare-t-il à France Info. Il assure que "L'énorme base reste 'Gilet jaune', même si elle n'en porte plus le nom. Comme on dit chez les Gilets jaunes : 'Gilet jaune' un jour, 'Gilet jaune' toujours."
Mais voilà : la participation annoncée de certains syndicats et partis de gauche pose problème aux révoltés de 2018-2019, qui se veulent apolitiques. Jacline Mouraud, omniprésente à l'époque dans les médias, se montre rétive : "Avec un mouvement préempté par les syndicats et Jean-Luc Mélenchon, ce n'est pas possible. Là, les syndicats vont aller blablater à Matignon et puis ils feront croire qu'ils ont obtenu des choses. Je suis en contact avec Jérôme Rodrigues. Il est dubitatif lui aussi hein, et pourtant il est de gauche. La gauche spolie encore les Français d'un mouvement apolitique, comme elle l'a fait à l'époque."
Nous verrons ce qu'il en est dans moins de deux semaines, qui s'annoncent déjà compliqués pour les Français avec les multiples grèves attendues à partir du 1er septembre.