"Chariots gratuits" le 10 septembre : de quoi parle-t-on ?
Le préfet de police de Paris Laurent Nunez s'est exprimé ce matin sur RMC-BFM TV et ses propos ne sont pas rassurants. Même si 80 000 policiers et gendarmes seront déployés dans toute la France et ne toléreront aucun débordement, a priori. Il s'attend essentiellement à des blocages, voire à des sabotages, notamment dans les transports publics, ainsi que des opérations "coup de poing."
C'est ce à quoi ressemble l'appel "chariots gratuits" lancé et partagé sur les réseaux sociaux dans le sillon du mouvement Bloquons Tout le 10 septembre.
Enfreindre la loi servira-t-il le mouvement ?
Bien évidemment, chacun peut comprendre la colère d'une catégorie de Français et leur besoin de la manifester par différentes manifestations. Tant qu'elles restent pacifistes et dans la légalité. Or, ce n'est pas le cas de l'appel "chariots gratuit." Il s'agit là d'inciter les clients des supermarchés de les remplir et de partir sans payer, tout simplement.
Sachant qu'une personne seule aura du mal à quitter les lieux de cette façon sans se faire stopper illico par les vigiles du magasin, on imagine des actions groupées qui vont poser de grosses difficultés à ces derniers comme aux forces de l'ordre. Les lanceurs de cet appel commencent à encourager leurs suiveurs à faire de même dans les restaurants.
Le patron d'Intermarché en appelle au "civisme des manifestants"
Lundi matin, invité sur le plateau d'Apolline Matin, Thierry Cotillard, président du groupement Les Mousquetaires et donc d'Intermarché, s'est montré très inquiet à propos du 10 septembre. S'exprimant sans doute en son nom et ceux de ses pairs, il hésite : "On comprend le mouvement social, on comprend la colère et l'envie de manifester, mais..."
Mais pas l'appel "chariots gratuits" : "Une telle consigne: ça s'appelle du vol. J'en appelle au civisme des manifestants pour que ce genre d'incidents ne se produisent car évidemment nous nous organiserons en fonction."
Le secteur de la grande distribution bientôt en récession ?
"On ne connait pas l'ampleur, mais la crainte, effectivement est bien là." Toujours face à Apolline de Malherbe, Thierry Cotillard confirme un information selon laquelle il aurait anticipé le mouvement de blocage, dans un premier temps. Il a demandé à ses fournisseurs d'effectuer les livraisons de marchandises avant le 10 afin d'être certain d'avoir du stock dans ses magasins (entre 3 et 10 jours selon les familles de produits si le blocage dure) pour "satisfaire les besoins de nos consommateurs."
Pour le patron d'Intermarché, après les dégâts de l'inflation sur la consommation depuis 2022, celle-ci est dans une tendance haussière. Mais les acteurs de la grande distribution ont une peur commune : "Est-ce que le politique ne va pas casser tout ça, et on va rentrer dans une récession. Depuis l'annonce du vote de confiance il y a 15 jours cela ne s'est pas encore exprimé dans le caddie. Mais en ce moment on est en train d'acheter les produits de Noël, quels engagements on a sur le champagne, sur le foie gras ? On a cette inquiétude de savoir si les Français pourront et surtout voudront être festifs en fin d'année."
Quant à l'après, l'incertitude règne : la baisse des investissements et des embauches pourrait être la conséquence des l'incertitude politique qui perdure dans notre pays.