8 cas de verbalisation les plus insolites
Si la verbalisation a pour but de garantir la sécurité, l’ordre ou la fluidité dans les transports, la circulation ou les lieux publics, elle donne aussi parfois lieu à des situations pour le moins surprenantes. Entre excès de zèle, application rigide des textes et absence de discernement, certains procès-verbaux laissent franchement perplexe.
Quand la machine s’emballe
À l’heure des radars automatiques, des caméras intelligentes et des agents parfois trop zélés, la verbalisation semble avoir franchi un cap : celui de la déconnexion totale avec le réel. Une signalisation mal comprise, une règle méconnue, une situation exceptionnelle… et hop, c’est la sanction. La technologie et l’automatisation n’arrangent rien, et la logique du « clic, c’est payé » fait parfois fi du bon sens.
Les chiffres d’un phénomène en pleine expansion
La verbalisation en France n’est pas seulement exubérante à travers des cas insolites : elle explose au quotidien. En 2023, quelque 43 millions de contraventions ont été dressées sur l’ensemble du territoire, un record historique. Les radars automatiques à eux seuls ont généré 16,8 millions d’avis de contravention, rapportant près de 747 millions d’euros à l’État. Les amendes forfaitaires de stationnement (FPS), souvent liées à la “machine à PV” qui scrute les plaques, ont également explosé, montant à environ 14 millions en 2023, soit un doublement en six ans, comme le souligne La Dépêche. Au total, ces amendes routières ont engrangé près de 2 milliards d’euros.
Des citoyens qui ne se laissent pas faire
Mais tout n’est pas perdu. Dans ce florilège de mésaventures cocasses (qui font rire, hausser les sourcils, voire grincer des dents) on trouve aussi des moments de résistance. Certains contestent, d’autres mobilisent l’opinion (merci les réseaux sociaux), quelques-uns obtiennent gain de cause. Comme un rappel salutaire : faire appliquer la règle, oui. Mais sans oublier l’esprit de la loi !
Huit cas à peine croyables
Planet a sélectionné pour vous 8 verbalisations parmi les plus insolites de ces dernières années. Sept histoires qui donnent à réfléchir sur notre rapport à l’autorité, au règlement, et à cette fâcheuse tendance à faire primer la lettre sur l’esprit.
Verbalisé pour avoir chanté
Un catholique verbalisé par la SNCF pour avoir… chanté : ça s'appelle le tapage en gare et ça peut coûter cher. Un jeune catholique de 18 ans, revenant du pèlerinage conservateur Chartres–Paris rassemblant près de 19 000 participants à Pentecôte, a reçu une amende de 60 €, vers 19 h 30 ce 9 juin en gare Montparnasse. Il chantait en latin le « Jubilate Deo » avec un petit groupe, quand cinq agents de la sûreté ferroviaire l’ont verbalisé pour « tapage diurne », au motif que son chant perturbe le calme public (abri légal au titre de l’article R.1336‑5 du Code de la santé publique). La scène choque : invoquant un « deux poids, deux mesures », plusieurs voix dénoncent l’incohérence avec la tolérance affichée pour les musique ou chants de supporters dans les gares. La SNCF, contactée par les médias, n’a pas souhaité commenter.
Verbalisé pour une plante
Une voyageuse parisienne s’est vue infliger une amende de 38 € après avoir transporté une plante verte dans le métro RATP. L’incident remonte à début juin : elle a été verbalisée pour « bagage encombrant » malgré sa plante, rangée dans un sac discret, ne gênait aucun autre usager. Un coup de semonce aux yeux de certains, entre absurdité et zèle administratif.
Mais bonne nouvelle : face à l’indignation, la RATP a décidé de rembourser l’amende — un geste rare et une victoire pour la justice du quotidien. Ce retour en arrière marque une petite victoire pour tous ceux qui militent contre une application trop stricte des règles dans les transports.
Verbalisée malgré sa carte handicapée
À Lons-le-Saunier, une automobiliste en situation de handicap a reçu une amende pour non-paiement du stationnement… alors qu’elle était correctement garée, carte GIC (Grand Invalide Civil) bien visible sur le tableau de bord. En cause : une voiture-flasheuse de la police municipale, qui, sans vérification manuelle, l’a sanctionnée automatiquement. Un cas emblématique des limites de la verbalisation à distance, quand l’humain disparaît du processus.
Indignée, la conductrice a contesté et obtenu gain de cause : la municipalité a reconnu l’erreur et annulé le PV. Une issue positive, mais qui relance le débat sur les excès de la « smart surveillance » urbaine et le besoin de discernement face à des situations légitimes.
Verbalisé pour avoir roulé trop lentement
En février 2022, Bernadette Bandelier, 65 ans, circulait prudemment dans les virages du col du Julier (canton des Grisons, Suisse) à environ 15–20 km/h. Un automobiliste a alerté la police cantonale, estimant qu’elle freinait le trafic. Résultat : une amende initiale de 300 CHF, montée à 780 CHF après contrôles, puis… gonflée à près de 2 500 CHF (≈ 2 650 €) avec frais de procédure. Résultat : paiement échelonné sur quatre ans, pour un simple excès de prudence en montagne.
Verbalisée pour avoir monté un escalier du métro à l’envers
Une voyageuse parisienne a reçu une amende de 25 € après avoir emprunté un escalier interdit dans ce sens à la station Gare de Lyon (ligne 14). L’infraction ? Monter l’escalier à contresens, alors qu’un sens unique avait été mis en place depuis le 1er décembre 2023, signalétique à l’appui. Indignée, la jeune femme s’est plainte de cette sanction jugée disproportionnée : « J’ai vécu une verbalisation honteuse », déclare-t-elle, rappelant que l’abonnement Navigo coûte 86,40 €/mois et que la moindre erreur est désormais punie. De son côté, la RATP se défend : il s’agit de gestion des flux et sécurité, et les agents sont présents pour informer les passagers.
Verbalisé pour des bulles de savon
À Perpignan, en mai 2016, l’artiste de rue Sten, d’origine allemande, a été sanctionné d’une amende de 35 €, pour avoir soufflé des bulles de savon géantes sur la place de la République. Motif ? « Déversement de liquide insalubre hors des emplacements autorisés », selon la police municipale. Le geste, pourtant poétique et ludique, avait choqué les passants. De nombreux témoins ont dénoncé un excès de zèle : certains ont même relayé l’information sur France Bleu, provoquant l’indignation. Face à l’émotion suscitée, l’artiste a invité ses sympathisants à se rassembler pour souffler des bulles collectivement dans le centre-ville – un soutien pacifique et symbolique à l’art de rue.
Verbalisé pour non-port de la ceinture
Ce n’est pas le motif de la verbalisation, mais la scène en elle-même qui est insolite. Un apiculteur de 70 ans a été verbalisé en Espagne pour non-port de ceinture de sécurité sur une route près de Cervera (Catalogne). Positif à l’alcool, l’homme a refusé un second test puis insulté les policiers, lâchant en colère ses essaims d’abeilles depuis sa camionnette : « Je vais vous tuer maintenant ! ». Les agents, pris dans la panique, se sont réfugiés dans un restaurant voisin, piqués à plusieurs reprises et nécessitant des soins à la cortisone. Les renforts ont finalement interpellé le sexagénaire, mis en garde à vue puis relâché sous caution. Il devra répondre d’agression sur agents.