Retraite : comment fonctionne le système universel imaginé par Gabriel Attal ?
"Cela ne peut plus durer", Gabriel Attal, patron du parti macroniste Renaissance et ancien Premier ministre anticipe déjà le débat présidentiel sur les retraites. Alors que les députés doivent se prononcer ce mercredi sur la suspension de la réforme, Gabriel Attal va déposer une proposition de loi visant à mettre en place un système universel pour les retraites.
"Notre système de retraite a été conçu et fondé dans l’immédiat après-guerre, il y a 70 ans, à une époque où le nombre de retraités était bien plus faible, l’espérance de vie bien moins élevée et la natalité beaucoup plus haute", rappelle-t-il, rapporte Le Dauphiné Libéré.
Réforme des retraites : un nouveau système basé sur la croissance et la confiance
Malgré l’adoption de la loi de 2023, qui relève progressivement l'âge de départ à 64 ans et accélère l'allongement de la durée de cotisation à 43 ans dès 2027, le système par répartition reste sous pression financière. Selon un rapport de la Cour des comptes, son déficit pourrait avoisiner 15 milliards d'euros en 2035.
C'est dans ce contexte que Gabriel Attal propose un projet "universel, libre et productif", qu'il présente comme une solution pour restaurer la confiance. "Le système actuel produit des déficits et de la défiance, je veux proposer un système qui produise au contraire de la croissance et de la confiance", a-t-il déclaré.
La fin de l'âge légal de départ
Le premier changement majeur serait la suppression de l’âge légal de départ, aujourd’hui fixé à 64 ans. Le projet Attal propose de le remplacer par une liberté de choix totale pour l'assuré. Ce changement du système de retraite sans âge légal signifierait que vous pourriez décider de partir quand vous le souhaitez. "C’est un totem politique qui ne correspond plus à la réalité d’une société où l’on commence à travailler plus tard, où les carrières ne sont plus rectilignes, et où chacun veut être maître de son parcours", rapporte Le Dauphiné Libéré.
Cette liberté serait encadrée économiquement : un départ précoce entraînerait une forte décote sur votre pension, tandis que prolonger votre activité au-delà de la durée requise pour le taux plein donnerait droit à un bonus significatif.
L'arrivée de la capitalisation et des "euros cotisés"
Alors que notre système repose exclusivement sur la répartition (les cotisations des actifs financent les pensions des retraités), la proposition introduit une dose de capitalisation. Une mesure phare consiste à créer un fonds doté par l'État de 1 000 euros à la naissance de chaque enfant, comme le rapporte L’Express. L’idée est que cette somme, placée, génère des revenus pour la future retraite. Selon le texte, ce fonds pourrait également être abondé par les parents ou grands-parents jusqu’aux 18 ans de l’enfant, avec un abattement fiscal.
Par ailleurs, pour éviter les craintes du projet abandonné de 2019, le nouveau modèle ne fonctionnerait pas avec des "points" à la valeur variable. À la place, il s'agirait d'une retraite par capitalisation où des euros cotisés seraient "directement convertis en euros de pension, définitivement acquis, et consultables à tout moment sur un compte personnel", précise une source du camp présidentiel aux Échos.
Un régime unique piloté par la durée de cotisation
Pour faciliter une comparaison entre la réforme des retraites de 2023 et le projet Attal, il faut noter un autre basculement majeur : la durée de cotisation deviendrait le seul critère pour obtenir une retraite à taux plein. L’impact de la réforme d'Attal sur la durée de cotisation serait donc central, puisque ce paramètre, négocié par les partenaires sociaux, primerait sur l'âge.
Enfin, le projet ambitionne de fusionner les 42 régimes de base et complémentaires existants pour une retraite universelle. Salariés du privé, fonctionnaires et indépendants cotiseraient ainsi tous au sein du même système, une volonté de mettre fin à la complexité et aux inégalités entre les statuts professionnels.
Le calendrier reste toutefois lointain, une telle réforme dépendant de l'issue de la prochaine élection présidentielle en 2027.