De plus en plus de retraités étrangers viennent en France pour profiter de la Sécurité sociale

Publié par Elise Laurent
le 07/11/2025
Retraités
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Attirés par le mode de vie français mais surtout par la Protection universelle maladie (PUMa), des milliers de retraités américains choisissent chaque année de s’installer en France. Grâce à cette loi de 2016, ils bénéficient d’une couverture santé quasi gratuite, un privilège impensable aux États-Unis. Un phénomène légal, mais de plus en plus controversé.
 

Depuis quelques années, la France séduit un nombre croissant de retraités venus d’outre-Atlantique. Ils fuient le coût exorbitant de la santé américaine pour s’installer sur la Côte d’Azur, en Dordogne ou en Bretagne. Leur motivation ? La qualité de vie… et la Sécurité sociale française, accessible à tous les résidents réguliers.

Depuis 2016, la Protection universelle maladie (PUMa) permet à toute personne vivant en France depuis plus de trois mois de bénéficier du remboursement de ses soins. Un droit simple, fondé sur la résidence, qui ouvre les portes d’un système de santé largement subventionné par la solidarité nationale.

Pour Janice, 69 ans, installée à Antibes depuis neuf ans, ce choix a changé sa vie. "À l'âge de 60 ans, j'ai fait un infarctus et là je me suis dit : c'est le moment, je me lance, je vais m'installer en France, raconte cette Américaine à LCI. C'est pour ça que je suis venue et je vis mon rêve maintenant." Aux États-Unis, son assurance santé lui coûtait plus de 400 euros par mois. Aujourd’hui, elle ne paie plus rien pour se soigner.

Un droit ouvert après trois mois de résidence

Le dispositif PUMa impose néanmoins quelques conditions. Tout étranger, qu’il soit américain ou non, doit être titulaire d’un visa long séjour valant titre de séjour (VLS-TS), résider depuis au moins trois mois en France, justifier de revenus équivalents à un smic annuel et disposer d’une assurance santé privée couvrant jusqu’à 30 000 euros. 

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Passé ce délai, il peut demander sa carte Vitale et résilier son assurance d’origine. Pour ces retraités, le gain est considérable : les soins deviennent quasi gratuits, sans cotisation directe, car leurs revenus proviennent de pensions étrangères. Un privilège légal, mais perçu par certains comme une faille du système français.

Le débat politique s’invite à l’Assemblée

Face à l’augmentation des installations étrangères, le sujet s’est invité dans le débat sur le budget 2026. Le député François Gernigon (Horizons) propose de créer une cotisation spécifique pour les ressortissants extracommunautaires. Selon lui, la Sécurité sociale doit rester universelle, mais chacun doit contribuer, au moins un peu, au système dont il bénéficie. "Je pense qu'en France, la Sécurité sociale doit gérer le sujet. Mais il doit y avoir une cotisation minimum pour un bouquet de soins à définir, puis il doit y avoir un bouquet de soins avec des options, un peu comme une mutuelle” a-t-il expliqué. 

Son amendement, examiné dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, vise à limiter un accès jugé trop généreux à un moment où le déficit du régime pourrait atteindre 23 milliards d’euros en 2025. Une situation qui ravive les critiques sur la soutenabilité du modèle français.

L’accès facilité des étrangers à la Sécurité sociale suscite des réactions contrastées. Certains y voient une preuve de l’universalité du modèle français ; d’autres dénoncent une inégalité de traitement. “Un retraité américain peut être soigné gratuitement ici, mais un Français n’aurait jamais les mêmes droits aux États-Unis”, déplore une Franco-Américaine installée dans les Yvelines dans les colonnes de Ouest-France
 

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