Réforme des retraites: la suspension pourrait profiter à de nouvelles catégories

Publié par Elise Laurent
le 12/11/2025
Retraite
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Le gouvernement prépare un amendement pour étendre la suspension de la réforme des retraites, initialement annoncée pour les seuls retraités de droit commun. Le point.

<div class="vsly-player" id="l6nEk9uBqsd" data-template="PV4fYD_KPrtm3" style="background:#ddd;font-size:0;position:relative;overflow:hidden;width:100%;padding-top:56.25%;"></div>Le gouvernement lâche du lest sur la réforme des retraites de 2023. Un amendement va être déposé afin d’élargir les bénéficiaires de la suspension annoncée mi-octobre par Sébastien Lecornu. Initialement réservée aux retraités de “droit commun”, cette suspension vise désormais de nouvelles catégories, sous la pression de la gauche.

Selon la lettre rectificative, la réforme de 2023 décalait l’âge légal et le nombre de trimestres nécessaires pour le taux plein. La génération née en 1964 partirait ainsi à 62 ans et 9 mois au lieu de 63 ans, avec 170 trimestres à valider. Chaque génération verrait son âge légal augmenter de trois mois jusqu’à la reprise complète de la réforme Borne.

Jusqu’ici, certaines catégories restaient exclues de cette suspension, notamment les carrières longues. Ces derniers peuvent partir plus tôt en raison des trimestres validés jeunes, un dispositif déjà assoupli par la réforme de 2023. Le gouvernement n’avait pas prévu de le modifier, mais la pression politique a conduit l’exécutif à revoir sa copie. 

Carrières longues : un dispositif stratégique

La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a confirmé ce mardi 11 novembre sur BFMTV que l’amendement inclura les carrières longues et certaines générations supplémentaires, comme celles nées au premier trimestre 1965. Les régimes spécifiques de Mayotte et de Saint-Pierre-et-Miquelon seront également concernés. 

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La mesure pourrait profiter aux catégories actives et superactives de la fonction publique, comme les aides-soignants, policiers ou contrôleurs aériens, qui peuvent partir plus tôt à la retraite. L’inclusion des carrières longues est loin d’être anecdotique. Sur 652 000 personnes parties à la retraite en 2024, 118 252 avaient bénéficié de ce dispositif, soit près de 20 %.

Avant la réforme 2023, il fallait valider quatre ou cinq trimestres avant 16 ou 20 ans pour en bénéficier. La réforme Borne a élargi le champ des bénéficiaires en introduisant deux nouvelles bornes d’âge, à 18 et 21 ans. Cette extension avait déjà augmenté le nombre de personnes concernées, qui pourraient maintenant voir l’âge légal et les trimestres recalculés dans le cadre de la suspension.

L’objectif du gouvernement est double : répondre aux critiques sur l’injustice supposée de la réforme et calmer les tensions sociales, tout en maintenant une trajectoire financière stable pour le système des retraites.

Quelles générations et catégories seront impactées ?

Les personnes nées en 1965, certaines carrières longues et les régimes spécifiques d’outre-mer sont les grands gagnants de ce nouvel amendement. Concrètement, cela signifie que certaines générations partiront à la retraite plus tôt que ce que prévoyait initialement la réforme Borne. Les catégories “superactives” de la fonction publique pourraient également profiter d’un décalage de quelques mois sur l’âge légal. Pour ces professions exigeantes physiquement ou mentalement, cette mesure représente un ajustement significatif.

Si l’amendement est adopté, il marquera un tournant dans la gestion politique de la réforme des retraites, en élargissant la suspension à une partie des Français jusqu’ici laissée hors du dispositif initial. 

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