Sébastien Lecornu peut-il restaurer la confiance dans un parlement fragmenté ?
“Le Président de la République m'a confié la tâche de construire un Gouvernement avec une direction claire : la défense de notre indépendance et de notre puissance, le service des Français et la stabilité politique et institutionnelle pour l'unité du pays” a écrit le nouveau Premier ministre sur son compte X, juste après sa nomination.
Dans le communiqué de l’Élysée actant sa nomination et publié quelques minutes avant 20 heures ce mardi 9 septembre, le cap est posé. Sébastien Lecornu doit “consulter les forces politiques représentées au Parlement en vue d’adopter un budget pour la Nation et bâtir les accords indispensables aux décisions des prochains mois”, avant de proposer un gouvernement au président. Et cela avec un fil directeur clair : “la défense de notre indépendance et de notre puissance, le service des Français et la stabilité politique et institutionnelle”.
Face à une opposition dure, les négociations doivent s’ouvrir
Selon le politologue Christophe Boutin : “Sébastien Lecornu a pour lui d’être audible de LR au PS; il a contre lui le soupçon d’être l’exécutant de la politique d’Emmanuel Macron contre laquelle les Français manifestent aujourd’hui”. Dès lors, tout repose sur sa capacité à bâtir des compromis solides, à commencer par l’adoption du budget. “Le but est d’élargir au maximum le bloc central et de désamorcer les possibilités d’alliances des extrêmes de manière classique”, précise le spécialiste.
La passation avec François Bayrou, actée ce mercredi vers 12h50, a donné lieu à une promesse peu concrète : un “changement de méthode” dans la gouvernance. Mais dans les faits, le succès de Sébastien Lecornu dépendra exclusivement du soutien de députés prêts à ne pas censurer son gouvernement. Ni LFI ni le RN ne cachent leur hostilité : LFI a d’ores et déjà annoncé qu’elle déposera une motion de censure dès la rentrée, tandis que le RN promet de renverser tout gouvernement qui ne leur convient pas.
Le Président a exhorté ses chefs à "travailler avec les socialistes"
Seule la voix du PS peut faire la différence. Si Sophie Primas, porte-parole du gouvernement sortant, estime que Sébastien Lecornu est “un bon négociateur”, qualité non négligeable pour “réunir la France”, le PS conditionne son soutien à des “changements radicaux de politique”, menaçant implicitement la stabilité du gouvernement.
Ainsi, le nouveau Premier ministre devra obtenir, a minima, un accord de non-censure de la part du parti, notamment pour faire adopter le budget 2026, dont la première mouture, portée par le gouvernement Bayrou, prévoyait un effort de 44 milliards d’euros, dont plus de 5 milliards à la charge des collectivités territoriales.
C’est ce texte budgétaire explosif qui a précipité la chute du précédent gouvernement, révélant l’impossibilité actuelle de faire passer en force les réformes économiques sans coalition solide.