Emmanuel Macron plus isolé que jamais, même dans la majorité ? ©Lemouton Stephane/Pool/ABACAabacapress
Depuis l'utilisation de l'article 49.3 de la Constitution pour adopter la réforme des retraites, la contestation sociale a pris un nouveau tournant. Sa cote de popularité est au plus bas depuis sa réélection et, même parmi ses soutiens, l'inquiétude face à un président de plus en plus isolé se propage.
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"Macron est confiné dans son palais". C’est par ces mots forts que la chef de file des députés Insoumis à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot, a décrit la solitude du président de la République au sein de l’Elysée. "Il a dû annuler la venue du roi Charles III, il a dû annuler sa venue au stade de France et maintenant il annule sa visite à Toulon […]. Que va-t-il se passer ? Il va y avoir un président dans sa citadelle assiégée, les ministres et les parlementaires macronistes à qui on conseille de ne pas sortir... Ce n’est pas sérieux de continuer comme cela.", a-t-elle jugé sur RMC.

Depuis l’adoption de la réforme des retraites grâce à l’utilisation de l’article 49.3 de la Constitution, la contestation et la colère sociale semblent s’être accentuées. Aujourd’hui, les mobilisations vont-même bien au-delà de la question des retraites mais s'étendent également sur tout un pan de la politique d’Emmanuel Macron.

Emmanuel Macron : sa popularité au plus bas 

Depuis sa réélection, la cote de popularité du président de la République est au plus bas et frôle même le niveau atteint en novembre 2018, en pleine crise des gilets jaunes. Selon un sondage BVA réalisé pour RTL et publié le 27 mars, seulement 28% des Français ont encore une opinion favorable du chef de l’Etat. C’est seulement 2 points d’écarts avec les 26% atteints en 2018.

Face à cela, au sein du camp présidentiel, l’inquiétude et la tension montent d’un cran. "Ne pas avoir pensé une seule seconde que le 49.3 allait foutre le feu au pays c'est une faute dingue", a soufflé un conseiller ministériel auprès de franceinfo. Élus comme conseillers regrettent ainsi la solitude du président et ce qu’elle pourrait entraîner.

Emmanuel Macron : un président isolé

Alors que la colère sociale gronde dans les rues du pays, certains fidèles du président déplorent sa surdité face aux revendications. "Lorsqu'on est à l'Elysée, on a tous les capteurs, on sait ce qui se passe dans le pays, mais lui n'écoute pas", assène un macroniste à nos confrères.

La multiplication de ses voyages officiels aussi fait parler. Avant son déplacement à Savines-le-Lac pour dévoiler son "plan eau" le jeudi 30 mars, deux mois étaient passés depuis sa dernière rencontre avec les Français. "Il ne sort plus, à part pour faire de l'inter ou de l'Europe, on a l'impression que la France l'emmerde", constatait un proche de Renaissance auprès de franceinfo, décrivant "un président isolé, qui n’écoute plus personne".

Avec une popularité au plus bas et un pays particulièrement divisé, le rôle du président est cependant capital et certains de ses proches affirment qu’il est en phase avec le pays.

Le sacrifice de l’opinion pour l’intérêt du pays ?

"Entre les sondages à court terme et l’intérêt général du pays, je choisis l’intérêt général du pays. Et s’il faut, derrière, endosser l’impopularité aujourd’hui, je l’endosserai", martelait Emmanuel Macron lors de son interview sur TF1 et France 2 le 22 mars 2023.

Dans ses rangs, si certains le critiquent amèrement, d'autres assènent cette logique. "Il est très conscient de l'état du pays. Il a fait le choix de réformer le pays contre une opinion publique majoritaire et il l'assume", déclarait ainsi un député de la majorité à nos confrères. Tandis qu’un conseiller assure que le président "est plus que jamais a ttentif à mieux prendre en compte la société et rénover la démocratie".

Cependant, le doute plane face au réalisme du président. "Emmanuel Macron dit : 'Je suis sûr qu'on saura tous s'unir et se réunir pour l'avenir de notre pays.' Mais, est-ce qu'il se rend compte que les gens sont unis contre lui ?", a ainsi estimé Jérémie Peltier, codirecteur de la Fondation Jean-Jaurès.