Gouvernement Lecornu II : les casseroles des nouveaux ministres
Une nouvelle fois, Sébastien Lecornu a pris tout le monde à contre-pied. Premièrement car la composition de son gouvernement, surnommé "Lecornu II", a été annoncée par communiqué de presse, et non par le secrétaire général de l'Elysée actuel, Emmanuel Moulins, comme c'est la coutume. Deuxièmement parce que le PS, qui fait office du juge de paix dans l'éventuelle censure de ce nouveau gouvernement, qu'on prévoyait "technique", n'y compte aucun membre.
La fausse "carte blanche" donnée à Sébastien Lecornu
Sébastien Lecornu avait remis sa démission au président de la République lundi 6 octobre quelques heures après avoir nommé un premier gouvernement, estimant que les conditions pour proposer un budget n'étaient pas réunies. Ce dernier l'avait convaincu de poursuivre. Emmanuel Macron avait même déclaré donner "carte blanche" à son fidèle Premier ministre, qui avait demandé "plus de liberté" pour accomplir sa tâche.
Mais évidemment, ça ne s'est pas passé comme prévu. De liberté, Sébastien Lecornu n'en a pas eu en réalité. C'est contraint et forcé qu'il a reçu ses alliés et les chefs de l'opposition vendredi et ce week-end, tous sortant la mine déconfite de Matignon, pour leur annoncer tour à tour de mauvaises nouvelles.
Le parti socialiste frustré, les Républicains outrés
En effet, Emmanuel Macron est resté ferme sur la réforme des retraites, ce qui a eu le don d'agacer les deux camps. Les socialistes, qui veulent son abrogation, se contentaient d'une "suspension" pour ne pas voter la censure. Les Républicains eux, ne voulaient pas qu'on y change quoi que ce soit. Mais par l'intermédiaire du Président, Sébastien Lecornu leur a appris que seul un "décalage" de cette réforme était envisagé.
Résultat, Olivier Faure, secrétaire général du PS, avait annoncé que tout membre du parti participant au futur gouvernement en serait exclu, Laurent Wauquiez, numéro deux des LR, a ensuite fait la même déclaration mais dans son cas, ça n'a pas eu l'impact escompté, nous allons le voir. Bruno Retailleau, leur chef, étant même désormais en difficulté ce qui concerne ses ambitions personnelles pour 2027, simplement car il avait accepté de participer au premier gouvernement Lecornu. Pourtant, il en était parti quelques jours plus tard.
Les nouveaux ministres pas exempts de tout reproche ?
Mardi, le Premier ministre fera son discours de politique générale devant l'Assemblée. LFI avait déjà déposé une motion de censure ce lundi matin, le RN s'apprêtait à l'imiter. Tout semble indiquer qu'il n'échappera pas à la censure même avec le soutien que PS et des Républicains. En attendant, revenons sur les casseroles que trainent les ministres restés en place, et celles des ministres fraîchement nommés. Il y a celles que l'on connait, il y en a de nouvelles, et d'autres que l'on découvre.
Laurent Nunez : nouveau ministre de l'Intérieur
L'ancien préfet de police de Paris, très médiatisé au vu de tout ce qu'il a eu à gérer ces dernières années, a été nomme hier ministre de l'Intérieur en remplacement de Bruno Retailleau, qui avait claqué la porte du gouvernement. Si l'homme est a priori irréprochable, ce n'est pas ce que pense une partie de la gauche, qui lui reproche toujours, en mai 2023, d'avoir autorisé une manifestation de l'ultra-droite dans les rues de la capitale, rappelle le Huffington Post. "Les conditions juridiques n’étaient pas réunies pour interdire cette manifestation. Je l’assume totalement" avait-il réagi.
La plupart des manifestants étaient masqués ou porteurs de cagoules, ce qui est interdit.
Jean-Pierre Farandou : nouveau ministre du Travail
La nomination comme ministre du Travail de Jean-Pierre Farandou en a surpris plus d'un. En effet, l'ex-président de la SNCF était apprécié des syndicats du rail, car c'était un partisan du dialogue social. Mais au bloc central comme à droite, on lui reproche en 2024, à l'approche des JO de Paris, d'avoir "contourné la réforme des retraites" en permettant aux cheminots de bénéficier de conditions qui resteraient avantageuses. Il avait failli être licencié par Bruno Le Maire. Jean-Pierre Farandou s'était défendu affirmant avoir agi ainsi pour éviter les perturbations pendant l'évènement.
Roland Lescure : nouveau ministre de l'Economie
En avril 2023, alors ministre de l'Industrie d'Elisabeth Borne, Roland Lescure, en pleine contestation sur la réforme des retraites, avait ironisé sur les casseroles utilisées pendant les manifestations, arguant du fait que "Pour celles et ceux qui les utilisent pour nous accueillir [...] les 43 millions de poêles Tefal qui sortent tous les ans" de l'usine Seb de Rumilly (Haute-Savoie) sont "un peu plus chères, mais plus solides" rappelle la Dépêche.
Mais surtout, il avait déclaré : "Depuis 2 ans, on ouvre plus d’usines qu’on en ferme en France." On voit le résultat aujourd'hui... Il vient pourtant d'être nommé ministre de l'Economie.
Stéphanie Rist : nouvelle ministre de la Santé
L'histoire est "ancienne" et connue mais Stéphanie Rist, nouvelle ministre de la Santé, a, certes légalement, perçu plusieurs dizaines de milliers d'euros en avantages de la part de laboratoires pharmaceutiques entre 2012 et 2017, année de la révélation des faits. Elle était alors rhumatologie, non élue.
Source : La République du Centre
Naïma Moutchou : nouvelle ministre des Outre-mer
Un peu de légèreté avec Naïma Moutchou, vice-présidente de l'Assemblée nationale de 2022 à 2025 et ministre démissionnaire Transformation et de la Fonction publiques, de l’Intelligence artificielle et du Numérique. Nommée ministre des Outre-mer hier, elle avait, en octobre 2024, commis un lapsus qui avait - pour une fois - fait rire toute l'Assemblée rappelle le Huffington Post. Lors d'un amendement soumis aux députés sur les fabricants de chips, elle avait déclaré après le scrutin qu'il y avait eu :
- "202 'patates', au lieu de 'votants'."
- "Excusez-moi chers collègues, je ne m’en remets pas", avait-t-elle ensuite plaisanté sous les applaudissements.
Vincent Jeanbrun : nouveau ministre de la Ville et du Logement
Vincent Jeanbrun, nommé ministre de la Ville et du Logement, ancien maire Les Républicains de L’Haÿ-les-Roses (94) jusqu'à hier, est resté célèbre pour avoir été directement visé par les émeutiers après la mort de Nahel. Sa maison avait été attaquée, en présence de sa femme et ses enfants. C'est une "prise de guerre" pour Sébastien Lecornu. Sauf que l'homme est "visé par une enquête pour prise illégale d’intérêts et recel de prise illégale d’intérêts" rappelle La Dépêche. Qui poursuit :
"Cette enquête a été ouverte en septembre 2024. Vincent Jeanbrun est soupçonné d’avoir attribué des logements de fonction appartenant à un syndicat intercommunal à deux de ses collaborateurs : son directeur de cabinet et son chef de cabinet à la mairie. Deux maisons de 150 m² avec un loyer de 750 € par mois situées à Chevilly-Larue, selon l’association anticorruption Anticor."
Monique Barbut : nouvelle ministre de la Transition écologique
Ancienne présidente de WWF France, Monique Barbut est connue depuis longtemps pour être farouchement anti-nucléaire. C'est donc une combattante de l'un des principaux atouts de la France qui permettrait aux Français de payer moins cher un énergie pourtant parmi les plus décarbonées qui a été nommée...