Emmanuel Macron veut reconnaître la Palestine : pourquoi a-t-il fait ce choix ?

Publié par Matthieu Chauvin
le 25/07/2025
Macron Palestine Abbas
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© Ena Christophe/Pool/ABACA
Même si Emmanuel Macron avait déjà évoqué la possibilité que la France reconnaisse l'État de Palestine comme de nombreux autres pays à travers le monde, personne ne s'attendait à ce qu'il en annonce jeudi soir la confirmation pour septembre. Quelle est la stratégie du Président ? Pourquoi ce choix diplomatique hautement symbolique ?
 

Emmanuel Macron, depuis le début du conflit au Proche-Orient déclenché par les attentats terroristes du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, a toujours défendu l'Arlésienne (comme beaucoup de ses opposants d'ailleurs) : la "solution à deux États." Au point d'avoir déjà évoqué la possibilité que la France "reconnaisse" officiellement, donc diplomatiquement, la Palestine comme une nation à part entière. C'est-ce qu'il a promis de faire jeudi soir dans une lettre ouverte publiée sur le réseau social X (ex-Twitter) à destination de l'autorité palestinienne, dirigée par Mahmoud Abbas.

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La France devient le 148e pays à reconnaître la Palestine 

Certes, Emmanuel Macron n'est pas un pionnier : 147 pays du monde entier, dont plusieurs en Europe, avaient déjà reconnu l'État de Palestine, qui participe depuis un moment à la plupart des compétitions sportives - comme les JO de Paris ou les phases éliminatoires en football - sous sa propre bannière par exemple. Seulement, France est le premier membre du G7 à le faire. Mais cette reconnaissance a surtout une portée symbolique.

Le droit ne permet pas la création d'un État palestinien

Selon le droit international, la Palestine ne remplit pas tous les critères qui lui permettraient de réellement prétendre à devenir un État, au nombre de quatre : un gouvernement, une population, un territoire et "la capacité à entrer en relation avec la société internationale", nous apprend Le Parisien. Pourtant, un spécialiste rappelle dans le journal que dès 1947, l’Assemblée générale des Nations unies avait pris des résolutions visant à reconnaître un État palestinien. Sans suite, sans doute sous la pression conjointe des Américains et Israéliens. Et à cause de mouvements terroristes comme le FPLP (Front populaire de libération de la Palestine), très actifs dans les années 60-70, ou le Fatah de Yasser Arafat.

Mais pourquoi Emmanuel Macron mise sur cette stratégie ?

Il y a bien évidemment la volonté jupitérienne de ne plus se faire imposer trop de règles par "l'allié" américain, au moins pendant son mandat. Ce alors que nos relations sont pour le moins tendues. Mais aussi de montrer aux autres grandes puissances que la France en reste une, indépendante, malgré le déclin de sa diplomatie, comme nous l'expliquait le politologue Christophe Boutin. Notamment une puissance nucléaire : la seule de l'Union européenne, puisque l'Angleterre n'en fait plus partie, mais aussi la seule, toujours de l'UE, à avoir un siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU. Autant d'arguments sur lesquels le Président comptait pour entraîner dans son sillon d'autres pays dans sa quête à la reconnaissance de la Palestine. Mais pour l'instant, il fait choux blanc. Il faut dire que beaucoup sont en ce moment plutôt préoccupés par la négociation des droits de douane avec Donald Trump que par le sort de Gaza et des Gazaouis.

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Pour la paix au Proche-Orient... ou en France ?

C'est en tout cas la principale raison avancée. "L’urgence est de concrétiser la seule solution viable pour faire droit aux aspirations légitimes du peuple palestinien, mettre fin au terrorisme et à la violence sous toutes ses formes, et permettre qu’Israël et l’ensemble des pays de la région vivent en paix et en sécurité" est-il écrit dans la lettre publié jeudi. Mais Emmanuel Macron n'aurait-il pas en tête une autre problématique, celle qui l'a incité à ne pas participer à la marche contre l'antisémitisme le 12 novembre 2023 ?

L'importation du conflit israélo-palestinien pèse

C'est France Info qui le fait remarquer : "Comme le souligne l'Observatoire de l'immigration et de la démographie(Nouvelle fenêtre), la France abrite en effet la plus grande population musulmane d'Europe. Selon la dernière estimation réalisée par l'Insee dans l'enquête "Trajectoires et Origines", 10% des personnes âgées de 18 à 59 ans se déclaraient musulmanes en 2019-2020." Cela fait près de 7 millions de concitoyens. La population juive ne représente que 500 000 âmes dans notre pays, même si c'est la troisième plus importante au monde après Israël et les USA. 

La peur des banlieues comme vraie motivation ?

Or, toujours d'après France Info, "Dans un rapport officiel sur les Frères musulmans et l'islamisme politique en France, présenté en mai, les auteurs – un ambassadeur et un préfet affirmaient que le sentiment d'une 'islamophobie d'État' était renforcé par le soutien français à Israël dans la guerre menée à Gaza et soulignaient que la reconnaissance d'un Etat palestinien par la France pourrait 'apaiser ces frustrations'. La peur que nos banlieues, où est concentrée la majorité des populations musulmanes, s'embrasent pour la Palestine aurait-elle influencé cette décision controversée ? C'est une hypothèse qui circule de plus en plus depuis jeudi.

Voici les principales réactions, en images, des opposants nationaux et internationaux et de ceux qui applaudissent cette reconnaissance officielle, dans notre diaporama ci-dessous, en commençant par les premiers.

Benhamin Netanyahu

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Benjamin Netanyahu
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© Gripas Yuri/ABACA

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu que cette décision était "un encouragement au terrorisme."

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Donald Trump

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Le Président américain a déclaré, à propos de la décision d'Emmanuel Macron : "C'est un type bien, mais ce qu'il dit n'a pas d'importance."

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François-Xavier Bellamy

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François-Xavier Bellamy
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 François-Xavier Bellamy, député européen et vice-président Les Républicains, sur RTL : "Pouvions-nous imaginer que le Hamas remercierait un jour la France ?"

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Laurent Wauquiez

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Laurent Wauquiez
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Laurent Wauquiez, Président de la Droite républicaine à l'Assemblée : Macron "se retrouve félicité par le Hamas."

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Eric Ciotti

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Eric Ciotti
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Eric Ciotti, Président de l'Union des droites pour la République : "Rima Hassan et Emmanuel Macron même combat !"

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Marine Le Pen

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Marine Le Pen
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© Lafargue Raphael/ABACA

Marine Le Pen, Présidente du groupe RN à l'Assemblée : "Reconnaître aujourd’hui un État palestinien, c’est reconnaître un État Hamas et donc un État terroriste."

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Jordan Bardella

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Jordan Bardella
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Jordan Bardella, Président du Rassemblement national : "Il s'agit d'une décision précipitée."

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