Budget 2026 : cette région conservera encore ses 11 jours fériés
Deux jours fériés en moins dès 2026 ? C’est l’une des pistes évoquées par François Bayrou, le mardi 15 juillet, dans le cadre de son vaste plan d’économie. Le Premier ministre propose de supprimer le lundi de Pâques et le 8 mai jugés "peu significatifs" ou "mal placés dans le calendrier". Il a notamment évoqué un “mois de mai devenu un véritable gruyère”.
Mais pour les habitants de l’Alsace et de la Moselle, cette réforme n'aurait pas d'effet. En effet, ces trois départements du Grand Est, le Bas-Rhin, le Haut-Rhin et la Moselle, disposent déjà de deux jours fériés supplémentaires par rapport au reste du pays : le Vendredi Saint (qui précède Pâques) et le 26 décembre, jour de la Saint-Étienne. Ce qui fait un total annuel de 11 jours fériés, même si la réforme venait à supprimer deux jours au niveau national.
Un héritage historique
Cette exception ne date pas d'hier. “Ces deux jours fériés ont été institués par les autorités allemandes, pour tous, pour la Saint-Étienne. Et pour les seules communes qui disposaient d’un temple protestant ou d’une église mixte (c’est-à-dire une église à la fois occupée par les catholiques et par les protestants), pour le Vendredi Saint”, précise Benoit Vaillot, haut fonctionnaire et historien (Université de Strasbourg), dans les colonnes du Parisien.
Derrière cette mesure, les autorités allemandes cherchaient d’abord à “aligner” l’Alsace (Bas-Rhin et Haut-Rhin) et la Moselle sur les pratiques en vigueur dans les régions protestantes de l’Empire. Il s’agissait aussi de "mieux se faire accepter, de "récompenser les Luthériens" et "d’intégrer les Réformés", explique l’historien. "Les Luthériens, du nord de l’Alsace et à Strasbourg, étaient de loin les plus favorables à la domination allemande pendant l’annexion, mais les réformés, qui sont plutôt situés autour de Mulhouse, étaient les plus hostiles", précise-t-il.
Des privilèges maintenus malgré les résistances
Lorsque l’Alsace et la Moselle redeviennent françaises en 1918, ces particularités locales sont conservées, malgré des désaccords. “Les Français ont voulu supprimer ces particularités régionales pour appliquer la loi de 1905, sur la séparation des Églises et de l’État”, explique Benoît Vaillot. Mais grâce à la mobilisation des Alsaciens et des catholiques français, les jours fériés ont été maintenus.
Ce droit local fait partie du Code du travail et reste aujourd’hui une exception nationale. Pour Benoît Vaillot, il faut mettre les habitants de ces territoires « à égalité » avec le reste des Français. “Je suis pour la suppression de ces deux jours fériés qui ne concernent que les Alsaciens et les Mosellans. Ils ont été institués de façon opportuniste par les autorités allemandes et ils n’ont pas de fondement religieux”, indique-t-il au Parisien.
Même s’il est pour la suppression des jours fériés supplémentaires, l’historien souhaite qu’on instaure un autre jour férié pour célébrer l’abolition de l’esclavage car “cela concerne l’ensemble des Français”, conclut-il.