Les fils d'Alain Souchon dénoncent un montage "malhonnête" après ses propos sur le RN

Quand l'humour d'une légende se confronte à la machine médiatique, la polémique est assurée. Le chanteur Alain Souchon, habituellement discret, est propulsé au centre d'une controverse médiatico-politique, suite à des déclarations jugées méprisantes à l'égard des électeurs du Rassemblement National. Face à l'onde de choc, amplifiée par des éditorialistes influents, ses fils sont montés au créneau pour rétablir une vérité que la mise en scène télévisuelle aurait déformée. L’histoire d’une simple "grosse blague" devenue une attaque politique frontale.

Quelle est la phrase qui a mis le feu aux poudres ?

Tout commence sur le plateau de RTL. Le contexte de l'interview d'Alain Souchon sur le Rassemblement National était celui de la promotion de son nouvel album, Studio Saint-Germain. Interrogé par Marc-Olivier Fogiel sur la montée du parti dans les sondages, l'artiste de 81 ans lâche, sur un ton léger : "Je ne crois pas que les Français soient assez cons pour élire quelqu'un du Front National ! Si c'est le cas, on irait en Suisse".

La phrase, prononcée dans une atmosphère détendue, est immédiatement sortie de son contexte. Les responsables du RN, de Sébastien Chenu à Philippe Ballard, dénoncent des propos "déplacés" et "insultants". Mais c'est sur CNews que l'affaire va prendre une tout autre dimension, transformant l'humour d'Alain Souchon sur un exil en Suisse en symbole de la déconnexion des élites.

La réaction de Pascal Praud aux propos d'Alain Souchon ne s'est pas fait attendre. Dans son édito, l'animateur de CNews s'empare de la séquence pour fustiger ce qu'il perçoit comme l'arrogance d'une "caste" d'artistes. Il dénonce "la lâcheté, la cécité d'un petit monde" qui ignorerait les motivations profondes des électeurs du RN.

Pour illustrer son propos, il lance une pique devenue virale, comparant les artistes engagés à des résistants de salon : "C'est confortable pour Weber et Souchon de jouer les Jean Moulin du café de Flore". Cette phrase choc, visant Alain Souchon et Jacques Weber dans un même élan, a largement contribué à installer l'image d'un chanteur bourgeois, éloigné des préoccupations populaires.

Un montage "malhonnête" pour alimenter la polémique ?

Acculée, la famille Souchon a choisi le plateau de C à Vous sur France 5 pour livrer sa version des faits. C'est l'une des raisons pourquoi Alain Souchon s'est-il défendu sur C à Vous : pour rétablir une vérité qu'il estimait travestie. Son fils, le chanteur Ours, a pointé du doigt un procédé éditorial déloyal. "Sur les réseaux sociaux, le montage est tronqué", a-t-il expliqué face à Anne-Élisabeth Lemoine.

La famille Souchon dénonce un montage malhonnête sur CNews qui aurait servi à amplifier la controverse. "On croit que mon père pose cette phrase comme une vérité, comme s'il le disait sérieusement. C'est un peu malhonnête", a poursuivi Ours Souchon. Son père a confirmé, insistant sur le ton de la plaisanterie : "Tout le monde a ri dans le studio, ce qui montre bien qu'ils ont compris le troisième degré. C'était une grosse blague". Le montage tronqué des propos d'Alain Souchon sur le RN aurait donc volontairement effacé les rires pour ne garder que la phrase choc.

Tout en maintenant sa critique politique, le chanteur a reconnu une maladresse. "J'ai eu une éducation bourgeoise et on ne dit pas con à la télévision", a-t-il concédé, avant de conclure, lucide : "J'ai fait comme si j'étais avec des amis chez moi. En fait, il ne faut pas aller à la télévision, il faut mesurer tout ce qu'on dit". Une leçon amère pour le poète de Foule sentimentale.