Alain Souchon, le RN et l'exil en Suisse : pourquoi sa fortune est devenue le cœur d'une polémique politique

Publié par Stéphane Leduc
le 23/11/2025
Un gros plan (macro) cinématographique sur une vieille mallette en cuir marron légèrement usée, posé
Autre
Une petite phrase sur le Rassemblement national et un possible exil en Suisse a suffi à plonger Alain Souchon au cœur d’une vive polémique, où sa fortune est devenue la principale cible des critiques.

Invité sur l'antenne de RTL le 14 novembre 2025 pour la promotion de son nouvel album, Studio Saint-Germain, le chanteur a été interrogé sur l'hypothèse d'une victoire du Rassemblement national en 2027. Ses propos controversés tenus sur RTL ont rapidement déclenché une tempête médiatique et politique. Planet.fr décrypte les ressorts de cette affaire.

"Les Français ne sont pas assez cons" : la phrase qui a tout déclenché

Face à l’évocation de sondages créditant le RN de 35 % d’intentions de vote, la déclaration d’Alain Souchon sur l’élection de 2027 a été sans ambages. "Je ne crois pas que les Français soient assez cons pour élire quelqu'un du Front national – pardon, du Rassemblement National – pour diriger le pays", a-t-il d’abord lancé. Puis, le chanteur a ajouté une seconde phrase qui a mis le feu aux poudres : "Si jamais ça arrivait, on irait en Suisse."

Cette double sortie, mêlant une insulte envers une partie de l'électorat et la suggestion d'un exil fiscalement avantageux, a immédiatement été perçue comme une provocation. L'idée d'un départ d'Alain Souchon en exil en Suisse en cas de victoire du RN a ainsi fourni un angle d'attaque idéal à ses détracteurs.

La fortune du chanteur au centre de la riposte

La réplique du Rassemblement national a été immédiate et ciblée. Sébastien Chenu, vice-président de l'Assemblée nationale, a fustigé des propos "déconnectés", "déplacés" et "méprisants". La stratégie était claire : transformer le débat politique en une polémique sur Alain Souchon en tant que bourgeois déconnecté. Le porte-parole du RN, Philippe Ballard, a enfoncé le clou en liant directement le départ évoqué à sa situation financière : "Il dit qu'il partira en Suisse, peut-être pour se rapprocher de son banquier ?", a-t-il ironisé.

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Dès lors, la discussion a dévié vers la fortune des artistes et leur critique politique jugée illégitime. Des médias ont rappelé que le patrimoine du chanteur, bien que non confirmé officiellement, était estimé à plusieurs dizaines de millions d'euros. L'ironie n'a échappé à personne : l'interprète de Foule sentimentale et de Poulailler's Song, qui dénonçait la bourgeoisie, se voyait renvoyé à sa propre image d'élite fortunée.

Une simple "blague" : le chanteur tente d'éteindre l'incendie

Quatre jours plus tard, sur le plateau de C à Vous sur France 5, Alain Souchon a tenté de calmer le jeu, expliquant que ses propos étaient une "blague" faite "en déconnant". "J'ai dit des choses comme ça, j'ai fait comme si j'étais avec des amis chez moi... Mais il ne faut pas, on est à la télévision, il faut mesurer ce qu'on dit", a-t-il concédé. Conscient de son erreur de langage, il a ajouté : "J'ai eu une éducation bourgeoise et on ne dit pas [ce mot] à la télévision, c'est un gros mot".

La réponse d'Alain Souchon sur le plateau de C à Vous face au RN n'a cependant pas suffi à éteindre l'incendie, largement attisé par le relais des extraits sur les réseaux sociaux. L'affaire illustre parfaitement la polarisation du débat public et une tactique politique récurrente : délégitimer toute prise de position d'un artiste en l'attaquant non pas sur ses idées, mais sur son statut social et son patrimoine.

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