"Je ne l'excuse pas" : Patrick Chesnais refuse de pardonner au chauffard qui a tué son fils

Publié par Olivier Royer
le 25/09/2025
Patrick Chesnais
abacapress
©Niviere David/ABACAPRESS.COM
Dix-neuf ans après la mort tragique de son fils Ferdinand dans un accident de la route, Patrick Chesnais refuse toujours de pardonner au conducteur responsable du drame, comme il l'a confié à "Soir Mag", ce 24 septembre 2025.

Ce mercredi 24 septembre 2025, le comédien et auteur Patrick Chesnais faisait la promotion de son nouveau spectacle intitulé Lettres d'excuse à nos confrères de Soir Mag. À cette occasion, l'artiste de 78 ans s'est confié sur la disparition tragique de son fils, tué par un chauffard il y a 19 ans. "Un drame est une succession d’éléments, l’ivresse, la vitesse, la nuit. J’en ai voulu au conducteur, oui. Je ne l’excuse pas", a-t-il déclaré et d'ajouter à son sujet : "Il ne m’intéresse pas". Cette phrase résume à elle seule la relation complexe que l'acteur entretient avec la tragédie qui a fracassé sa vie en 2006. Ferdinand, son fils unique, âgé de seulement 20 ans, trouvait la mort sur le périphérique parisien, fauché par un chauffeur ivre roulant à contresens.

La mort de son fils : une douleur intacte malgré les années

Le responsable de cet accident mortel a été condamné en 2008 à trois ans de prison, dont six mois ferme, pour homicide involontaire. Une sanction que Patrick Chesnais a accueillie sans satisfaction particulière, considérant que la justice ne peut réparer l'irréparable. Dans son livre du même nom intitulé Lettres d'excuse, paru en 2023, l'acteur explore cette absence volontaire de pardon avec une sincérité bouleversante. Il y exprime notamment sa culpabilité paternelle. 

"Je m'excuse de ne pas t'avoir protégé. Je m’excuse de ne pas pouvoir t’admirer grandir, je m’excuse de ne pas être témoin à ton mariage, je m’excuse de ne pas devenir un Papy idéal dont tu aurais rêvé pour de petits descendants", écrit-il à Ferdinand dans son livre, révélant la persistance d'un sentiment d'échec qui le ronge depuis cette "catastrophe absolue".

Pour Patrick Chesnais, qui est également père de deux autres enfants, le deuil de Ferdinand ne peut s'accommoder du pardon traditionnel. "Mon fils est mort, mais il a une vie que je lui donne et il m'aide", confiait-il au Figaro, évoquant cette présence continue qu'il ressent : "Il me parle, il vient me visiter. C'est quelque chose d'assez agréable", rapportait-il chez Jordan de Luxe. 

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L'acteur a pourtant canalisé sa douleur dans l'action concrète. Dès 2008, il publiait Il est où Ferdinand ?, premier témoignage de son désarroi, puis créait l'Association Ferdinand dédiée à la prévention routière. Ces initiatives témoignent d'une volonté de transformer la tragédie en engagement utile, sans pour autant passer par la case pardon.

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L'héritage de Ferdinand au-delà de la tragédie

Le refus de Patrick Chesnais dépasse la simple rancœur. Il s'agit d'un positionnement philosophique face à l'irréversible. L'acteur ne cherche pas l'apaisement par l'oubli ou le pardon, mais par la mémoire active et l'expression artistique de sa souffrance. Monter sur scène le soir même de la mort de son fils relevait déjà d'une "situation au bord de tout", démontrant sa capacité à transformer la douleur en énergie créatrice.

Les confidences douleur de Patrick Chesnais dans Lettres d'excuses révèlent un homme qui a fait le choix difficile de vivre sans pardon, considérant cette voie comme la plus authentique pour honorer la mémoire de Ferdinand. Une démarche qui bouscule les conventions mais qui, pour lui, reste la seule cohérente avec l'ampleur de sa perte.

L'Association Ferdinand représente l'aspect le plus constructif de ce deuil impossible. En sensibilisant aux dangers de l'alcool au volant, Patrick Chesnais donne un sens concret à la disparition de son fils, sans pour autant céder sur sa position de non-pardon envers le responsable. L'acteur prouve qu'il est possible de transformer une tragédie en force d'action sociale, tout en maintenant une position ferme face à celui qui en fut l'artisan.

Aujourd'hui, à travers ses spectacles et ses écrits, Patrick Chesnais continue de porter Ferdinand, refusant l'oubli comme le pardon. Une position qui, si elle peut paraître radicale, témoigne d'une fidélité absolue à son enfant disparu et d'une conception très personnelle de ce que doit être un deuil authentique.

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