Béatrice Dalle prend la défense d'un célèbre réalisateur accusé d'agressions sexuelles

Publié par Matthieu Chauvin
le 26/12/2025
Béatrice Dalle
abacapress
L'actrice Béatrice Dalle a réaffirmé son soutien total à Jacques Doillon, accablé par des accusations d'agressions sexuelles, lors de la promotion de son dernier film, et dénonce encore le mouvement MeToo. Celle qui fut révélée par le sulfureux 37°2 le matin reste indomptable 40 ans après sa sortie.

"Je ne suis pas un chien, je ne crie pas avec la meute." La formule claque comme une porte que l'on referme violemment au nez de la bien-pensance. Fidèle à sa réputation d'indomptable, Béatrice Dalle n'a jamais fait dans la demi-mesure. Alors que le cinéma français traverse une zone de turbulences inédite, secoué par les vagues successives provoquées par le tsunami MeToo, l'actrice révélée par le très sulfureux 37°2 le matin, réalisé en 1986 par Jean-Jacques Beineix, a choisi son camp : celui de la loyauté, quitte à naviguer à contre-courant de l'opinion publique et médiatique.

En pleine promotion de son nouveau film Laurent dans le vent, qui sortira en salles le 31 décembre 2025, l'actrice a tenu à clarifier sa position auprès de l'AFP, refusant catégoriquement de participer à ce qu'elle perçoit comme un tribunal populaire. Cette déclaration choc résume à elle seule la position de Béatrice Dalle sur l'affaire Jacques Doillon, qui l'a dirigée dans La Vengeance d'une femme en 1990. "Ça fait 40 ans que c’est mon ami, et les abominations qu’on dit sur lui, je n’y crois pas une seule seconde."

Pourquoi refuse-t-elle de suivre le mouvement ?

Pour comprendre cette critique du mouvement MeToo par Béatrice Dalle, il faut plonger dans la psychologie d'une femme qui s'est toujours construite en opposition aux normes. L'actrice l'affirme haut et fort : "J’entends tellement tout le monde se plaindre sur tout le monde en ce moment. Tout le monde a violé tout le monde. Moi, ça fait 40 ans que je fais du cinéma. Je n’ai jamais eu un metteur en scène, un acteur, un technicien, un journaliste, quelqu’un qui m’a manqué de respect."

Face aux comportements prédateurs, sa réponse a toujours été théorique mais fulgurante. Évoquant le cas d'Harvey Weinstein lors d'un passage dans l'émission Clique, elle avait lâché cette phrase devenue culte : "S'il s'était mal comporté un seul instant, c'était une patate dans sa gueule avec ses 83 oscars." Un caractère qui a toujours été celui d'une écorchée vive, et qui nourrit peut-être trop instinctivement son incompréhension face aux mécanismes d'emprise dénoncés par d'autres actrices ?

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Que pense-t-elle des plaintes tardives ?

C'est sur la temporalité de la justice que le bât blesse. L'actrice a provoqué un tollé en septembre 2024, livrant à nos confrères de Télé Star le fond de sa pensée. "Je ne comprends pas que, des années après, certaines comédiennes portent plainte", a-t-elle déclaré, ajoutant avec sa franchise habituelle : "Si ça m'était arrivé, je serais allée directement chez les flics."

Cette citation de Béatrice Dalle sur les plaintes tardives a fait l'effet d'une bombe. Pourtant, l'actrice nuance son propos, consciente que son tempérament de feu n'est pas la norme. Elle admet volontiers que "tout le monde n'a pas sa force de caractère" et reconnaît qu'une mère de famille ou une femme craignant pour son emploi puisse "accepter des choses ou ne pas oser parler." Une concession rare qui montre que, derrière la carapace, la compassion n'est pas totalement absente.

Où en est l'affaire Jacques Doillon ?

Au cœur de cette tempête médiatique se trouve une amitié de quarante ans. Pourquoi Béatrice Dalle soutient Jacques Doillon avec une telle ferveur ? Parce qu'elle sépare l'homme qu'elle connaît des accusations portées contre lui. "Je l'appelle souvent, ça m'a choquée ces accusations contre lui", confie-t-elle. Pour rappel, le réalisateur est visé par les témoignages de plusieurs femmes, dont Judith Godrèche, Isild Le Besco et Anna Mouglalis.

Sur le plan légal, la situation est complexe et évolutive. Le statut judiciaire de Jacques Doillon en décembre 2024 avait connu un tournant majeur, nous apprenait alors Libération : après une garde à vue en juillet, un juge parisien l'avait placé sous le statut de témoin assisté. Cette décision indiquait qu'à ce stade, les indices ne sont pas jugés suffisants pour une mise en examen pour les faits les plus graves, bien que l'instruction se poursuive. 

En parallèle, le cinéaste contre-attaque : il a déposé plainte en diffamation contre Judith Godrèche, une de ses principales accusatrices, qui a elle-même été mise en examen en septembre 2025. Dans ce maelström judiciaire, Béatrice Dalle reste droite dans ses bottes, refusant, selon ses termes, d'être un chien qui aboie avec les autres.

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