6 astuces pour reconnaître un serpent venimeux
Vous en avez peut-être la phobie, et on vous comprend : faire face à un serpent peut être très impressionnant. Pourtant, en France, la plupart sont inoffensifs. Mais comment savoir ?
Les serpents sont-ils dangereux ?
Dans l'Hexagone, on observe majoritairement des couleuvres et des vipères. Les premières ne doivent pas vous inquiéter mais les secondes, en revanche, sont venimeuses. D’après la Société Française de Médecine d’Urgence, en France métropolitaine, l'incidence annuelle des morsures de serpents toutes espèces confondues est faible, évaluée à 3,5 cas pour 100 000 habitants, soit environ 2 000 morsures responsables de 500 envenimations et un décès par an. Des chiffres dérisoires comparés par exemple au tableau de chasse du moustique, responsable d’environ 12 000 décès annuels en France.
Astuces pour repérer un serpent venimeux
Malgré ces chiffres rassurants, votre inquiétude persiste. En vous promenant dans les herbes hautes, vous avez l’impression de marcher sur des œufs, craignant la moindre friction contre vos jambes, qui pourraient s’avérer être le terrible reptile objet de toutes vos angoisses. Pour vous, mieux vaut prévenir que guérir : peut-on différencier facilement un serpent dangereux d’un inoffensif ? Sans pour autant être le pro des reptiles, certains signes peuvent vous mettre en alerte. Le manuel médical de référence MSD les a listés. Voici le guide à suivre. Promis, on ne vous fait pas avaler de couleuvres !
La tête : triangulaire ou arrondie ?
La forme de la tête est l’un des premiers indicateurs visuels. En général, les serpents venimeux présentent une tête triangulaire, plus large à la base que le cou, donnant une impression de "flèche" pointée vers l'avant. Cette particularité est due à la présence des glandes à venin situées de chaque côté du crâne, juste derrière les yeux. En revanche, les serpents non venimeux affichent plutôt une tête arrondie, dans la continuité du cou.
Attention toutefois : certains serpents inoffensifs savent tricher. Ils peuvent aplatir leur tête pour adopter cette forme triangulaire dissuasive, histoire de décourager les prédateurs… ou les humains un peu trop curieux.
Les pupilles : rondes ou verticales ?
Regardez un serpent dans les yeux, si vous en avez le courage ! Non pas pour le défier, mais pour analyser la forme de la pupille. En effet, cette dernière peut vous renseigner sur sa dangerosité. Chez de nombreuses espèces venimeuses, comme les vipères, la pupille est fendue verticalement, un peu comme celle d’un chat. Ce regard perçant, à l’aspect inquiétant, n’est pas un hasard : il est typique des prédateurs nocturnes. À l’inverse, les serpents non venimeux arborent généralement des pupilles rondes. Une règle qui, bien que non absolue (certains serpents venimeux tropicaux ont aussi des pupilles rondes), reste un indice visuel assez fiable en Europe et en Amérique du Nord.
Les crocs : une arme bien cachée
Le venin ne se dépose pas par magie : il transite par des crocs. Les serpents venimeux possèdent des crocs creux ou cannelés, semblables à de minuscules seringues, conçus pour injecter le venin profondément dans les tissus de leur proie (ou de leur agresseur). Ces crocs sont souvent repliés contre le palais et ne se voient que lors d’une morsure ou quand le serpent bâille. Les serpents non venimeux, eux, ont une dentition plus homogène, sans crocs spécialisés. Leurs dents sont petites, fines, et servent essentiellement à agripper leurs proies, non à injecter un poison.
La fosse : un capteur thermique intégré
Un autre signe (plus difficile à repérer) est la présence de fosses thermosensibles, situées entre l’œil et la narine chez certains serpents venimeux comme les crotales. Ces fosses agissent comme de véritables caméras thermiques, permettant de repérer la chaleur corporelle d’une proie, même dans l’obscurité totale. Les serpents non venimeux n’en sont généralement pas équipés. Si vous avez une vue perçante (ou êtes très près, ce qui est rarement recommandé), vous pourriez distinguer cette petite cavité supplémentaire qui en dit long sur les capacités du reptile.
Les narines : un détail qui peut tromper
Moins marquant mais parfois utile, l’agencement des narines et la présence de la fameuse fosse entre celles-ci et l’œil peuvent également vous aider à identifier un serpent venimeux. Chez les crotales ou les vipères à fossettes, la distinction entre narine et fosse est nette. En revanche, chez les serpents non venimeux, il n’y a qu’un simple orifice nasal sans séparation thermique particulière. Encore une fois, ce n’est pas le critère le plus facile à vérifier, mais en combinaison avec les autres, il ajoute une couche d’information.
La morsure : une signature différente
Enfin, si la confrontation a mal tourné et que la morsure est déjà là, le type de blessure peut donner un indice capital. Les morsures de serpents venimeux laissent généralement une ou deux perforations nettes, dues à l’action des crocs injecteurs. La douleur est souvent immédiate, et d’autres symptômes (gonflement, rougeur, nausées) peuvent rapidement apparaître.
En revanche, une morsure de serpent non venimeux ressemble davantage à une égratignure en forme d’arc : une série de petites marques peu profondes, dues aux dents serrées mais non spécialisées. Moins impressionnante, mais toujours à désinfecter !
Mordu par un serpent terrestre ? Voici les bons réflexes à adopter d’urgence !
En cas de morsure de serpent, appelez immédiatement le 15 ou le 112. Restez calme : en dehors d’une allergie sévère, le venin agit lentement. Allongez la victime, évitez qu’elle ne bouge, car le repos freine la diffusion du venin. Si elle perd connaissance, placez-la en position latérale de sécurité. Retirez tout ce qui serre la zone mordue (bagues, montres, chaussures). Nettoyez la plaie si possible et immobilisez le membre touché. En cas de douleur, donnez du paracétamol uniquement. Surtout, tentez de mémoriser l’apparence du serpent, pour pouvoir informer le personnel médical. Il n’est toutefois pas nécessaire de vouloir capturer le serpent : laissez-le dans son habitat.
À proscrire absolument : garrot, bandage compressif, glace, incisions, succion, pommade ou substances injectées. Exit alcool, thé, café : ils accélèrent le rythme cardiaque. Et ne laissez jamais la victime seule. En cas d’antécédent allergique grave, gardez un stylo auto-injecteur d’adrénaline sur vous, et, dans l’idéal, sachez vous en servir. Ce réflexe peut sauver une vie.