Budget 2026 : quels retraités paieront plus d’impôts avec le nouvel abattement ?
C’est une petite ligne dans la loi de finances 2026, mais elle aura un impact direct sur la feuille d’impôt de millions de retraités : la suppression de l’abattement fiscal de 10 % sur les pensions. À sa place, François Bayrou propose un forfait unique de 2 000 euros par personne. Si cette nouvelle règle semble “équitable” à première vue, elle desservira notamment les retraités vivant seuls.
Jusqu’ici, les retraités bénéficiaient d’un abattement proportionnel à leurs revenus, dans la limite de 4 399 euros en 2025 pour les revenus 2024. En d’autres termes, plus votre pension était élevée, plus l’abattement l’était aussi (jusqu’à un certain plafond). Ce mécanisme permettait un certain ajustement aux différents niveaux de revenus. Le passage à un forfait fixe de 2 000 euros change la donne. Certes il avantage les retraités les plus modestes (à la marge), mais pénalise ceux qui déclarent plus de 20 000 euros par an.
Les retraités seuls, les grands perdants
Contrairement aux couples de retraités, qui pourront toujours bénéficier d’un abattement doublé (4 000 euros), les retraités seuls voient leur abattement fondre. Exemple : un retraité veuf qui gagnait 30 000 euros par an bénéficiait d’un abattement de 3 000 euros. Avec la nouvelle règle, ce montant tombe à 2 000 euros. Résultat : 1 000 euros de revenus supplémentaires pris en compte… et environ 160 euros d’impôt en plus.
Autre effet indésirable : la revalorisation des retraites de base prévue en 2025 (+2,2 %) fera passer certains retraités non imposables dans la catégorie des imposables. Le seuil d’imposition pour un retraité seul, aujourd’hui fixé à 18 970 euros de revenus annuels, passera à 19 070 euros avec le nouveau forfait. Mais avec l’augmentation automatique des pensions, davantage de retraités dépasseront cette limite. Selon l’OFCE, cette mesure pourrait faire entrer plusieurs centaines de milliers de seniors dans le champ de l’impôt.
Pire encore pour les plus de 65 ans : ces derniers bénéficient d’un second abattement (jusqu’à 1 398 euros) s’ils ont des revenus modestes. Avec la réforme, ce bénéfice se réduit mécaniquement pour ceux qui frôlent les seuils d’imposition.
Combien allez-vous payer en plus ?
D’après les simulations de l’Observatoire français des conjonctures économiques, les hausses d’impôts restent modestes pour les pensions comprises entre 20 000 et 30 000 euros par an (+40 à 230 euros). Mais au-delà de 55 000 euros annuels, le surplus dépasse les 700 euros. Chez les retraités les plus aisés (plus de 95 000 euros), la note grimpe jusqu’à 860 euros supplémentaires.
François Bayrou justifie cette réforme par l’objectif de “redresser les comptes publics” et de “faire participer ceux qui le peuvent”. Selon la Cour des comptes, la suppression de l’abattement de 10 % rapporterait 4,5 milliards d’euros à l’État. Mais pour de nombreux retraités, cela représente une nouvelle perte de pouvoir d’achat.