Pourquoi un salaire de 9 108 francs en 1990 ne vaut plus que 2 000 euros aujourd'hui ?

Le passage du franc à l'euro a laissé un sentiment de perte de pouvoir d'achat pour de nombreux Français. Mais gagnait-on mieux sa vie, ou pouvait-on se permettre un pouvoir d'achat plus conséquent en franc qu'avec le même salaire converti en euro ? 

Selon un document des archives de l'Insee, en 1990, le salaire moyen d'un salarié du secteur privé s'élevait à 9 108 francs. En utilisant le convertisseur de l'Insee, ce même salaire de 9 108 francs serait aujourd'hui équivalent à un salaire de 2 468 euros en 2024. 

Aujourd'hui, salariés et ouvriers gagnent moins que 2468 euros. Toujours d'après les statistiques fournies par l'Insee , un ouvrier gagnerait en moyenne 2 030 euros mensuels, et un employé du secteur privé 1 960 euros.

Premier constat, le salaire moyen en France aujourd'hui est en deçat du salaire moyen des années 90 si l'on converti la somme en euros. De nombreux ménages ont le sentiment que leur budget est bien plus contraint qu'auparavant. Cette comparaison du salaire entre franc et euro sur le pouvoir d'achat révèle en réalité des fractures profondes dans les dépenses quotidiennes. 

Pourquoi l'accès à la propriété est-il devenu si difficile ?

La première explication de ce paradoxe se trouve dans la flambée des prix de la pierre. Selon les analyses de l'Insee, l'évolution du prix de l'immobilier depuis les années 90 a été spectaculaire. Dans un graphique publié sur sont site, on peut voir une nette hausse du prix d'un logement alors que le salaire moyen d'un ménage, lui, n'a que peu augmenté.

En 1996, le revenu d'un ménage est estimé par l'Insee à 39 149 euros, et un logement coûtait environ 77 000 euros. Rien qu'en 2009, l'écart est devenu plus flagrant. Un ménage avait un revenu estimé à 46 924 euros, mais le logement, lui, atteignait déjà 179 000 euros.

À cela, il faut ajouter la différence selon les zones rurales ou en villes, les taux d'intérêts pour les crédits à la consommation, la taxe d'habitation (encore en vigueur en 2009) et la taxe foncière.

Le plein d'essence, un luxe de plus en plus coûteux ?

Le budget transport est l'autre grand poste de dépenses qui a mis à mal le pouvoir d'achat. Si le prix d'une voiture neuve a suivi une progression plus ou moins alignée sur les salaires, celui du carburant s'est envolé. 

En 1992, alors que le salaire d'une personne, après la conversion franc-euros, équivalait à 2 468 euros, le prix du gazole était de 0.54 centimes le litre, et le sans plomb 0.77 centimes. En 2023, alors que le salaire moyen est d'environ 2 000 euros comme cité plus haut, le gazole est à 1.85 euros, et le sans plomb à 1.99 euros.

Comme le précise le site de données statista, le prix de l'essence dépend en realité du prix du baril, qui lui même dépend de la situation mondiale, des grèves, des guerres, des crises mondiales comme la crise de la covid par exemple.

Quelles sont les dépenses qui pèsent réellement sur le budget ?

Alors, où va l'argent ? La réponse se trouve dans ce que l'Insee nomme les "dépenses pré-engagées". Celles-ci incluent le logement (loyer ou crédit), les assurances, les abonnements (téléphone, internet) et les frais bancaires. L'analyse de l'évolution des dépenses contraintes des ménages par l'Insee montre qu'elles absorbent une part toujours plus grande du revenu disponible.

Ce phénomène explique le sentiment répandu pourquoi l'euro a fait baisser le pouvoir d'achat : il reste de moins en moins de marge pour le "pouvoir d'achat arbitrable", c'est-à-dire l'argent destiné aux loisirs, aux vacances, à l'habillement ou à l'épargne. Seule consolation, les prix de l'alimentation et de nombreux produits manufacturés (téléviseurs, ordinateurs) ont, eux, baissé en valeur constante grâce à la mondialisation. Un gain réel, mais insuffisant pour compenser l'explosion des charges fixes.

Attention néanmoins, le passage du franc à l'euro n'a pas, à lui seul, détruit l'économie des ménages. Les différentes crises économiques, l'inflation, ont largement contribué à augmenter les dépenses de la vie courante.