Assurance vie : la chute du gouvernement pourrait-elle booster le rendement des fonds euros ?

Publié par Alice Ernult
le 29/08/2025
Assurance vie
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La crise politique qui secoue l’exécutif n’épargne pas les marchés financiers. Alors que les rendements des obligations d’État fléchissent, l’impact sur les produits d’épargne pourrait être significatif. Mais d’autres paramètres pourraient contenir cette hausse. Le point.
 

L’annonce du Premier ministre d’engager la responsabilité de son gouvernement le 8 septembre a semé le doute sur les marchés financiers. Suite à cette annonce, la Bourse de Paris a chuté de 1,59 % lundi, tandis que l’incertitude politique a provoqué une remontée du taux d’intérêt à 10 ans de la dette française, passé de 3,48 % le 22 août à 3,52 % le 27 août, d’après l’Agence France Trésor. 

Une augmentation qui traduit une inquiétude des investisseurs quant à la stabilité politique et budgétaire de la France. Car en cas d'instabilité ou d'absence de gouvernement cet automne, le risque d’un budget non voté devient réel, et avec lui, celui d'une dégradation de la note financière du pays. 

Or, pour prêter à un État perçu comme moins fiable, les investisseurs exigent des taux plus élevés. C’est ce que l’on observe actuellement. Et cela pourrait, paradoxalement, profiter aux épargnants investis en assurance vie, via le fonds euros. Car ce support, garanti en capital, est massivement investi en obligations d’État, notamment en OAT à 10 ans.

Une mécanique favorable

La remontée des taux obligataires permet aux assureurs de souscrire de nouvelles dettes publiques à des conditions plus favorables. Interrogé par Capital, Cyrille Chartier-Kastler, du cabinet Facts & Figures révèle que “l’indicateur clé du rendement des fonds euros est l’évolution du taux de l’OAT à 10 ans”. Il estime même que ce taux pourrait atteindre 4,20 % à l’automne, en cas de dégradation de la note de la France.

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Mais attention : l’effet positif sur le rendement des contrats ne se fait pas sentir immédiatement. Les assureurs conservent les obligations sur plusieurs années (en moyenne huit ans). Le portefeuille obligataire contient encore une grande quantité de titres acquis entre 2018 et 2022, à des taux historiquement bas, parfois sous 1 %. Ces anciens titres continuent de tirer les rendements vers le bas, malgré les nouvelles souscriptions à des taux plus élevés.

Vers un taux moyen de 2,5 % en 2025 ?

Malgré ce contexte porteur, la rémunération 2025 du fonds euros ne devrait pas s’envoler. Le cabinet Facts & Figures table sur un taux moyen autour de 2,50 %, contre 2,60 % en 2024 et 2,65 % en 2023. Plusieurs éléments incitent les assureurs à rester prudents. Le taux du Livret A, principal concurrent, a été abaissé à 1,7 % cet été, ce qui limite la pression à la hausse sur les rendements servis. En outre, les assureurs ont déjà largement puisé dans leurs réserves ces dernières années pour maintenir un taux attractif, et leur marge de manœuvre s’est réduite : la provision pour participation aux bénéfices (PPB) est passée de 5,5 % fin 2022 à 3,89 % fin 2024.

Cependant, pour continuer à collecter de l’épargne, les assureurs devront rester compétitifs face à d'autres placements, comme les comptes à terme, qui bénéficieront aussi de la remontée des taux. Un scénario d’équilibre reste toutefois le plus probable : des rendements en légère baisse, mais toujours supérieurs au Livret A.
 

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