Procès Cédric Jubillar : un témoin "rarissime" pourrait faire basculer l’affaire
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Dans moins de trois semaines, Cédric Jubillar sera jugé devant la cour d’assises du Tarn, à Albi. L’ex-plaquiste de 38 ans, accusé du meurtre de son épouse Delphine Jubillar, disparue dans la nuit du mardi 15 au mercredi 16 décembre 2020 à Cagnac-les-Mines, clame toujours son innocence.
Alors que de nombreux témoins sont attendus à la bare, la défense a convoqué un témoin exceptionnel, rarement entendu devant une cour d’assises. Comme le rapporte La Dépêche, il s’agit de Dominique Alzéari, ancien procureur de la République de Toulouse, aujourd’hui avocat général à la cour d’appel de Paris. Cette décision est rarissime dans un procès d’assises. "Ce sera l’un des moments forts de ce procès", confie une source proche du dossier citée par La Dépêche. Dominique Alzéari sera entendu au sujet de la conférence de presse qu’il avait donnée le 18 juin 2021, jour de l’interpellation de Cédric Jubillar.
Une conférence de presse au cœur des tensions
Pour les avocats de la défense, cette intervention publique a marqué un tournant dans l'affaire. "Il a passé son temps à donner des informations biaisées, parcellaires et parfois mensongères", s’étaient insurgés Mes Emmanuelle Franck, Alexandre Martin et Jean-Baptiste Alary, dans les colonnes de La Dépêche. Selon eux, la conférence de presse a orienté l’opinion publique et fragilisé la présomption d’innocence de leur client. Ils qualifient même cette prise de parole comme étant le "péché originel" de cette affaire.
À l’époque, Dominique Alzéari avait détaillé plusieurs éléments : la présence d’une couette dans la machine à laver, une dispute entendue par le fils du couple, et les déplacements nocturnes de Cédric Jubillar. Mais, d’après la défense, ces informations étaient inexactes ou incomplètes. "Il ne s’agissait pas d’une couette, mais d’une housse en train de sécher", soulignent-ils. Quant aux fameux "40 pas" attribués à l’accusé entre 4 h et 5 h du matin, le podomètre montrerait en réalité 275 pas sur une autre tranche horaire.
Un témoignage décisif pour la défense ?
Dominique Alzéari sera entendu après l’ouverture du procès, prévue le 22 septembre prochain. Pour la défense, son audition est capitale. Elle pourrait permettre de démontrer que l’accusation a construit son dossier sur des éléments fragiles. "L’accusation essaie de faire rentrer des ronds dans des carrés", déclarait Me Franck, déjà il y a quelques mois.
En plus de cette intervention publique, les avocats de Cédric Jubillar veulent pointer les incertitudes autour de plusieurs preuves : la couette, les traces de pas, mais aussi le témoignage du fils aîné du couple, Louis, âgé de 6 ans au moment des faits. Alors que depuis le début de l'affaire, Cédric Jubillar nie toute dispute avec sa femme, les propos de son fils contredisent sa version des faits. Entendu à plusieurs reprises par les enquêteurs, Louis a évoqué une altercation à laquelle il aurait assisté. "Ils se poussaient avec les deux bras, une fois papa et une fois maman", a-t-il raconté, ajoutant que sa mère aurait crié : "Arrête-toi !"
Quatre ans après, l’affaire n’a pas fini de livrer ses secrets les mieux gardés.