L'évasion "à l'ancienne" de deux détenus à Dijon, l'un est interpellé

Publié par Matthieu Chauvin
le 28/11/2025
Barreaux prison
Istock
Une évasion "à l'ancienne" a eu lieu à la maison d'arrêt de Dijon jeudi 27 novembre. Deux détenus ont scié les barreaux de leur cellule avant de s'enfuir à l'aide de draps noués. La scène, digne d'un film, a été découverte aux premières lueurs du jour, déclenchant une vaste chasse à l'homme et mettant en lumière les failles de sécurité d'un établissement pénitentiaire sous tension.
 

Pas de commando armé de kalachnikovs et d'explosifs, pas d'hélicoptère, pas de prise d'otages... Le mode opératoire, qualifié "d'à l'ancienne" par plusieurs sources, témoigne d'une préparation minutieuse. C'est lors du contrôle des effectifs, vers 7h du matin, que les surveillants du quartier disciplinaire de la prison de Dijon ont constaté l'absence de deux hommes. Selon le procureur de la République Olivier Caracotch, les détenus évadés de la maison d'arrêt de Dijon "ont vraisemblablement scié des barreaux et pris la fuite à l'aide de draps". Une lame de scie à métaux a d'ailleurs été retrouvée sur les lieux, confirmant la méthode d'évasion par sciage des barreaux.

Les deux fugitifs présentent des profils jugés "préoccupants". Le premier, âgé de 19 ans, était en détention provisoire pour des faits de tentative d’assassinat et association de malfaiteurs, lié au banditisme organisé et considéré comme "potentiellement dangereux". Le second, âgé de 32 ans, était incarcéré pour menaces et violences habituelles aggravées sur sa conjointe.

Une enquête ouverte, un des fuyards interpellé

Dès l'alerte donnée, un important dispositif a été déployé, mobilisant forces de police et de gendarmerie, notamment les équipes régionales d’intervention et de sécurité (ERIS), pour retrouver les fugitifs. Le parquet de Dijon a immédiatement ouvert une enquête de flagrance pour "évasion en bande organisée", un délit passible de 10 ans d'emprisonnement qui s'ajouteraient à leur peine. Les investigations ont été confiées à la Division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS), qui devra notamment déterminer si les fuyards ont bénéficié de complicités internes ou externes.

La traque a connu un premier dénouement rapide. Selon Infos Dijon, le détenu de 32 ans, poursuivi pour violences conjugales, a été interpellé dès le lendemain matin, le 28 novembre, en Saône-et-Loire. En revanche, tous les efforts se concentrent désormais pour retrouver le fugitif de 19 ans, toujours en cavale. Le parquet a publié le communiqué suivant : 

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"Le parquet de Dijon confirme l’interpellation ce matin par la BRI de Dijon d’un homme en Saône et Loire. Sous réserve de la vérification formelle de son identité, il s’agit très probablement de l’une des deux personnes (celle âgée de 32 ans) évadées la veille de la maison d’arrêt de Dijon. Le parquet de Dijon tient à saluer le travail effectué en 24 heures par les services d’enquête et précise que tous les moyens restent mobilisés pour parvenir à l’interpellation de la seconde personne en fuite."

Une prison vétuste et surpeuplée, un drame annoncé

Cette évasion met un coup de projecteur brutal sur la situation critique de la maison d'arrêt de Dijon. L'établissement, qui date de 1853, est jugé vétuste par le ministère de la Justice lui-même. Il souffre surtout d'une surpopulation carcérale alarmante : au 31 octobre, il accueillait 311 détenus pour seulement 180 places, soit un taux d'occupation de 173 %.

Depuis des mois, les syndicats pénitentiaires, dont FO Justice et l'UFAP, alertaient sur un "manque de sécurité alarmant" et un "aveuglement total de la direction", comme le rapporte Libération. Ahmed Saih, délégué FO Justice, a dénoncé des failles répétées : "On a fait plusieurs communiqués sur le sujet, notamment sur les lames de scie découvertes au sein de l'établissement." Ironie du sort d'après Le Figaro, une autre lame de scie que celle ayant servi à l'évasion aurait été découverte dans la cellule de l'un des évadés une semaine seulement avant les faits. Qui interviennent alors même que des projets de sécurisation et un plan "zéro portable en prison" étaient annoncés pour cet établissement.

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