Des jeunes de banlieue se faisant passer pour de faux banquiers dépouillaient des retraités

C’est une affaire qui illustre parfaitement la diversification de la délinquance juvénile. Ce week-end Le Parisien rapportait le démantèlement d’un réseau particulièrement actif en Île-de-France, spécialisé dans l'arnaque au faux conseiller bancaire. Trois suspects, deux hommes et une femme âgés de 16 à 22 ans, ont été interpellés mi-novembre par la brigade des fraudes aux moyens de paiement (BFMP). Nos confrères indiquent que le plus jeune, pas même majeur donc, était le plus actif de la bande !

Un réseau transnational ciblant les plus âgés

L'enquête, débutée en avril 2025, a mis au jour une organisation criminelle structurée qui ciblait spécifiquement les personnes vulnérables. Selon les informations communiquées, au moins sept victimes âgées de plus de 70 ans ont été identifiées à Paris et en proche banlieue. Le préjudice total est important : plus de 130 000 euros ont été détournés en quelques mois.

Si les "petites mains" du réseau ont été arrêtées en France, la tête pensante serait, elle, bien loin de l'Hexagone. Les autorités ont émis un mandat d'arrêt international contre le cerveau présumé des opérations, qui serait localisé en Israël ou en Thaïlande. Lors des perquisitions, les enquêteurs ont saisi des espèces, des montres de luxe, des pierres précieuses ainsi que des bijoux, dont une bague d'une valeur de 30 000 euros, rien que chez le jeune de 16 ans !

Une mécanique bien huilée : du téléphone au coursier

Pour piéger leurs interlocuteurs, les escrocs utilisaient une technique désormais bien connue mais toujours aussi efficace : le spoofing. Concrètement, le numéro qui s'affiche sur le téléphone de la victime est bien celui de sa banque, ce qui endort immédiatement toute méfiance. Au bout du fil, un faux conseiller - se faisant appeler par exemple "Francis" du CIC - prétexte des opérations frauduleuses imminentes sur le compte pour créer un sentiment d'urgence.

Mais ce réseau allait plus loin que le simple virement en ligne. Une fois la victime paniquée et convaincue de devoir "sécuriser" ses moyens de paiement, le piège se refermait physiquement. Les malfaiteurs envoyaient un complice directement au domicile des retraités. Ce mode opératoire de l'escroquerie avec coursier VTC permettait de récupérer cartes bancaires, codes confidentiels et parfois même des bijoux, sous prétexte de les mettre en lieu sûr. Les suspects interpellés utilisaient d'ailleurs des comptes sur des plateformes comme Bolt pour se déplacer, agissant comme de véritables collecteurs pour le compte du réseau.

Ne jamais remettre sa carte bancaire à un tiers

Face à l'ampleur du phénomène - qui a causé un préjudice global d'un milliard d'euros en France depuis 2020 selon Le Parisien - il est crucial de savoir comment se protéger de la fraude au spoofing. La règle d'or est simple : votre banque n'enverra jamais un coursier récupérer votre carte bancaire à votre domicile, quel que soit le motif. De même, un conseiller ne vous demandera jamais votre code secret ou votre mot de passe par téléphone.

Si vous avez un doute, raccrochez immédiatement et rappelez vous-même votre agence ou composez le numéro officiel Info Escroqueries au 0 805 805 817. Si le piège s'est déjà refermé, réagissez vite : faites opposition et portez plainte. Sachez que le remboursement pour une victime d'arnaque au faux banquier est un droit si aucune négligence grave n'est prouvée. Enfin, la justice se montre de plus en plus sévère : les peines encourues pour abus de faiblesse sur seniors peuvent atteindre 7 ans de prison, et jusqu'à 10 ans lorsque l'escroquerie est commise en bande organisée.