Bientôt la fin du chèque gratuit ?
Depuis le 9 janvier 2025, le paysage bancaire connaît une révolution silencieuse. Alors que la France reste très attachée à son carnet de chèques, une nouvelle directive européenne est venue rebattre les cartes en imposant la gratuité des virements instantanés. Ce changement radical pour les transactions entre particuliers, c'est l'enjeu, signera-t-il l'arrêt de mort du paiement papier ?
Une exception française coûteuse et risquée
Si vous avez encore un chéquier dans votre sac, sachez que vous faites partie d'une minorité à l'échelle du continent. La France fait figure d'anomalie, émettant à elle seule environ 87 % des chèques dans toute l'Union européenne, alors que nous ne représentons que 15 % de sa population, comme le souligne MoneyVox. Cette singularité culturelle explique en partie pourquoi le chèque résiste encore dans notre pays, là où nos voisins l'ont abandonné depuis longtemps au profit de solutions plus modernes.
Pour les établissements financiers, ce maintien à un coût qui devient difficile à supporter. Le traitement d'un chèque nécessite différentes manipulations, le rendant environ 50 fois plus cher pour les banques qu'un virement ou un paiement par carte d'un point de vue logistique et comptable, rapportent nos confrères. Au-delà du coût de traitement du chèque pour ces dernières, c'est la sécurité qui inquiète. Le chèque concentre 30 % du montant total de la fraude aux moyens de paiement, selon Les Échos. Alors que d'après la Banque de France, il n'a totalisé que 2 % des transactions dans l'Hexagone en 2024...
Près de 400 milliards d'euros sur papier
Mais ces 2 %, qui représentent une baisse conséquente de 13 % par rapport à 2023, ont généré 392 milliards d'euros d'échanges pour un total de 784 millions de chèques signés, soit 11 par Français sur l'année passée (contre deux pour les autres nations, voire aucun en Allemagne, Espagne, Belgique ou aux Pays-Bas). Les Français auraient-ils tant de mal que cela à s'en passer ou certaines transactions dans notre pays ne peuvent, aujourd'hui encore, pas se dérouler autrement qu'en dégainant son carnet ?
Mais les banques poussent pour que la bascule se fasse. Concrètement, pour les particuliers effectuant un virement instantané, le service est désormais gratuit. Service-Public.fr précise que les fonds sont désormais crédités en moins de 10 secondes, et ce, 24h/24 et 7j/7. Et les banques pourraient êtres tentées de rendre les chèques payants, à l'émission comme à l'encaissement, pour dissuader de l'utiliser.
Les conséquences du virement instantané gratuit sur le chèque pourraient être radicales : pourquoi attendre plusieurs jours pour un encaissement ou risquer un courrier perdu quand le transfert peut être immédiat et sans frais ? Cette alternative numérique comble les derniers avantages pratiques du chèque, notamment pour les paiements entre particuliers le week-end.
MoneyVox, enfin, nous apprend que même l'Etat voudrait se passer du papier : "En 2026, PayFip, le portail de paiement en ligne du Trésor Public, va intégrer une nouvelle option de paiement, le 'virement simplifié' (ou initiation de paiement). Soit une technique qui permet de l'autoriser, en quelques clics depuis un mobile et sans avoir à renseigner un IBAN à 27 caractères, à initier un virement depuis votre compte pour régler une facture de crèche ou de cantine, certaines taxes locales, etc."