"Il est amoureux de moi" : un faux Brad Pitt fait une nouvelle victime en Suisse, une Française stoppe l'anarque
d'escroquerie, connu sous le nom de catfishing, exploite la vulnérabilité affective pour extorquer des sommes colossales. Deux affaires récentes, impliquant l'usurpation de l'identité de l'acteur américain, révèlent un mode opératoire organisé et destructeur. D'un côté, une quinquagénaire Française ans a perdu 830 000 euros ; de l'autre, une retraitée suisse a été délestée de près de 100 000 francs (107 000 euros environ).
Une escroquerie transfrontalière au montant record
"L'arnaque à la romance" au faux Brad Pitt a donc frappé des deux côtés de la frontière. En France, Anne, 53 ans, avait vécu une relation virtuelle de 18 mois qui lui avait coûté la quasi-totalité de son indemnité de divorce. L'affaire avait été médiatisée en janvier 2025 dans l'émission de TF1 Sept à Huit. Ce qui avait valu à la victime de nombreuses moqueries sur les réseaux sociaux. Et pourtant, elle n'est pas la seule à être tombée dans le piège. En Suisse, une retraitée vaudoise nommée Patricia a été escroquée de près de 100 000 francs suisses sur une période d'un an, selon la Radio Télévision Suisse (RTS).
Dans les deux cas, le point de départ est un faux profil Instagram. Les victimes sont d'abord contactées par un prétendu "manager" ou la "mère" de l'acteur, avant que le faux Brad Pitt n'entre en scène. S'ensuit une relation amoureuse secrète, nourrie de messages tendres comme "Mon amour, tu es mon tout" et d'une promesse de mariage, créant une emprise psychologique totale.
Patricia révèle au média suisse qu'après plusieurs échanges, elle reçoit un premier SMS : "Bébé, ce sont 50 00 dollars demandés par mon management". Elle refuse, puis cède certaine qu'une rencontre aura bien lieu : "Je me dis: 'Bon, peut-être que c’est leur façon de faire… Moi, je n’ai jamais été en contact avec un acteur."
L'escalade avant la prise de conscience grâce à Anne
Nos confrères racontent que l'arnaque va ensuite crescendo : "Je t’aime tellement bébé. Je ne peux attendre de passer le reste de ma vie avec toi. Pitt." Il finit par demander à Patricia, ancienne assistante médicale aux moyens limités, des sommes de plus en plus importantes. "Il y a un tel stress pour moi que je me laisse avoir à aller à la banque et à payer".
Puis c'est le bouquet final : son arnaqueur lui demande de la rejoindre à Los Angeles. Elle achète un billet d'avion... et passera 3 semaines seule dans un hôtel "à boire des cocktails", en versant malgré tout 20 000 dollars de plus. C'est en rentrant en Suisse que survient le déclic quand elle apprend l'histoire de la Française Anne, la précédente victime. L'arnaque s'arrête net, et une plainte est déposée. Mais il y a peu de chances pour que Patricia puisse un jour récupérer son argent...
Le mode opératoire ultra-professionnel des "brouteurs"
Derrière ces profils se cachent des cybercriminels organisés, surnommés les "brouteurs", opérant souvent depuis l'Afrique de l'Ouest. Le mode opératoire des brouteurs africains repose sur une technique de manipulation psychologique appelée le "love bombing", qui consiste à inonder la victime de compliments et de déclarations pour la rendre dépendante affectivement. Pour rendre l'illusion crédible, les escrocs n'hésitent pas à utiliser des technologies avancées, envoyant des photos retouchées ou même des vidéos générées par intelligence artificielle (deepfake), tout en esquivant systématiquement les appels directs.
Une fois la confiance établie, le scénario de l'extorsion commence. D'abord, des demandes pour des frais de gestion afin d'organiser une rencontre, puis des prétextes de plus en plus dramatiques : des comptes bloqués suite à son divorce avec Angelina Jolie ou des frais médicaux urgents pour un cancer. C'est ainsi qu'Anne, victime de cette escroquerie sentimentale, a versé 830 000 euros, croyant "sauver la vie d'un homme".