
Ce samedi 8 février, les obsèques du petit Émile se sont déroulées lors d'un office religieux à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (Var). Après son inhumation à La Bouilladisse (Bouches-du-Rhône), Anne et...
L’histoire d’Anne, une Française de 54 ans, arnaquée de 830.000 euros par un escroc se faisant passer pour l’acteur Brad Pitt, a fait le tour du monde. Révélée dans Sept à Huit sur TF1, cette sombre affaire repose sur une arnaque aux sentiments en ligne.
Cette fraude, réalisée par des escrocs originaires d'Afrique de l'Ouest appelés des “brouteurs”, s’appuie sur des techniques de manipulation émotionnelle pour soutirer de l’argent aux victimes, souvent isolées et vulnérables.
"En Côte d'Ivoire, on les appelle les "brouteurs", en référence aux moutons qui se nourrissent sans efforts dans la prairie", indique France Info. Ces brouteurs agissent dans l'ombre sur internet, cachés derrière de faux comptes sur Facebook, Whatsapp ou encore Instagram.
Dans le cas d’Anne, ce sont des faux profils séduisants, des déclarations d’amour rapides et des demandes d’argent pressantes qui ont ouvert la voie à une spirale financière et émotionnelle dangereuse. Alors, comment reconnaître ces escrocs et éviter de tomber dans leurs filets ? David, le créateur du compte : “Méta-brouteur”, suivi par plus de 100.000 personnes, a répondu aux questions de 20 minutes.
Les brouteurs sont des escrocs qui opèrent principalement sur les réseaux sociaux et les sites de rencontres en ligne. Leur mode opératoire repose sur des scénarios émotionnellement chargés, souvent basés sur des mensonges construits sur plusieurs semaines ou mois. “Les brouteurs chassent sur tous les réseaux sociaux, de Facebook aux jeux mobiles en ligne. Et pour que la cyber arnaque aux sentiments fonctionne, il faut que les messages soient particulièrement anxiogènes et pressants. Les démarches que vous allez devoir, donc, engager doivent être faites très, très, très rapidement”, indique David.
Ils se font passer pour des individus séduisants – dans le cas d’Anne, un Brad Pitt – pour capter la confiance de la victime. Très rapidement, ils s’engouffrent dans une relation émotionnelle, promettant des rencontres, des moments heureux ensemble, mais multipliant les excuses pour ne jamais rencontrer leur proie. À un moment donné, souvent lorsque la victime est émotionnellement engagée, le "brouteur" demande de l’argent, souvent pour "couvrir des frais de voyage" ou "régler une urgence". L'escroc sait jouer sur la culpabilité de sa victime, la poussant à croire qu’elle est la seule à pouvoir l’aider.
“Pour agir, les escrocs peuvent récupérer les photos de personnes existantes et les réutiliser sous d’autres noms. Une rapide recherche inversée de l’image permet, cependant, très souvent, de s’en rendre compte. Il y a certaines personnalités qu’ils aiment copier et là, ça va commencer. Vous allez voir des fausses personnalités qui vont vous contacter. Pas forcément Brad Pitt, mais on va dire David Hallyday, Patrick Bruel, Slimane… Et aussi surprenant que cela puisse paraître comme Anne, arnaquée par un faux Brad Pitt à hauteur de 830.000 euros, de nombreuses personnes, souvent isolées socialement, se font bel et bien avoir. Et ce, alors même que la rencontre promise n’arrive jamais”, déplore le créateur de “Méta-brouteur”.
Les chiffres sont alarmants : en 2023, les arnaques aux sentiments ont presque doublé par rapport à l'année précédente, et les femmes de plus de 50 ans représentent 80% des victimes, comme le rappelle le site Cybermalveillance.gouv.
D'après David, alias Méta-Brouteur, plusieurs éléments peuvent alerter la victime potentielle. Le premier réflexe est de douter des profils qui semblent trop parfaits. "Si vous recevez un message d’un profil trop bien garni, trop séduisant ou trop rapide dans ses déclarations, il y a des chances que ce soit un brouteur", explique-t-il.
En outre, les réponses aux messages sont souvent incohérentes. L’arnaqueur peut utiliser un langage maladroit ou non adapté à la situation, un indice révélateur que la personne derrière l’écran ne maîtrise pas bien la langue. “Je l’ai dit : “il y a des pattern”. Alors, on va avoir les fautes de français, quelques expressions usées. Il y a aussi parfois des photos de profil qu’on reconnaît assez souvent, parce que c’est répété, c’est souvent utilité”, indique David pour 20 minutes.
A la différence des arnaqueurs, les brouteurs ont une tendance à éviter les rencontres en face à face. Chaque demande d’explication sur la possibilité de se voir est suivie d’une excuse plus farfelue que la précédente. Si cette personne refuse systématiquement de vous rencontrer en personne, mais vous assure qu’il existe toujours une raison valable, il s’agit d’un signal d’alarme.
Une autre technique souvent employée par les escrocs consiste à envoyer des documents falsifiés (factures, pièces d’identité, contrats) ou à utiliser des images volées. "Vérifier l’authenticité des photos via une recherche inversée sur Internet peut s’avérer très utile", conseille David. Cette méthode permet de savoir si la photo a été utilisée ailleurs, souvent sur des profils douteux.
“Dans tous les cas, il existe tout de même un élément central très prisé par ces escrocs : l’argent. Il y en a un qui est assez redondant, c’est les fameuses recharges PCS, transcash, ect. Quand on vous commence à parler de ça, normalement il doit y avoir une petite lumière qui s’allume dans votre tête”, indique David. Si vous n’avez jamais rencontré la personne en vrai et qu’elle vous demande de l’argent, il est préférable de couper immédiatement toute communication.
Si vous vous rendez compte que vous avez été victime d’un brouteur, la première chose à faire est de stopper toute communication avec l’escroc. Conservez les preuves (captures d’écran, messages, photos) et ne les supprimez pas, car elles peuvent être utiles pour l’enquête. "Même si vous êtes sous pression, même si vous craignez les menaces, il est important de ne pas céder", souligne David.
Une fois les preuves en main, il est crucial de signaler l’escroquerie auprès des autorités compétentes. Vous pouvez déposer plainte, contacter la plateforme Info-Escroqueries du ministère de l'Intérieur, et informer le site ou le réseau social où vous avez rencontré l'escroc.
En cas de transfert d’argent, contactez immédiatement votre banque pour tenter de récupérer les fonds. Certaines institutions financières remboursent les victimes d'escroqueries. Il est également conseillé de changer tous vos mots de passe, surtout si vous avez communiqué des informations personnelles à l'escroc.
Les brouteurs, qui se cachent souvent derrière des faux profils et des scénarios soigneusement montés, peuvent sembler invincibles. Mais en appliquant ces conseils simples, vous pouvez réduire considérablement vos chances de devenir une victime. Comme le souligne David, "il faut toujours garder à l’esprit qu’il y a une chance sur deux que la personne que vous rencontrez en ligne ne soit pas celle qu’elle prétend être". Restez vigilant, protégez vos informations personnelles et, surtout, ne cédez jamais à la pression d'un inconnu.