Affaire Maylis Daubon : pourquoi les 30 ans de réclusion et la peine de sûreté de 20 ans sont un verdict historique
Le verdict est tombé après plusieurs semaines d'un procès sous haute tension. La Cour d'assises des Landes, à Mont-de-Marsan, a rendu une décision d'une rare sévérité à l'encontre de cette mère de famille de 53 ans. Accusée d'assassinat sur sa fille aînée Enea, de tentative d'assassinat sur sa cadette Luan, et de tentative d'assassinat sur son ex-mari, elle a été reconnue coupable de l'ensemble des faits.
Trente ans de réclusion et une peine de sûreté record
Au terme de délibérations intenses, les jurés ont donc suivi les réquisitions de l'avocat général concernant la durée de la peine : Maylis Daubon est condamnée à 30 ans de réclusion criminelle. Elle a été reconnue coupable d'avoir administré des médicaments à ses filles pour les rendre malades, un processus qui a conduit à la mort de l'aînée, Enea, en 2019. L'accusation de tentative d'assassinat sur son ex-conjoint, Yannick Reverdy, a également été retenue. Conformément à la procédure, l'accusée dispose désormais d'un délai de dix jours pour faire appel de cette condamnation.
Un mode opératoire glaçant et une emprise familiale
Au cœur de cette affaire se trouve un drame familial et un mode opératoire glaçant. L'affaire a révélé qu'Enea, âgée de 18 ans au moment des faits, était décédée des suites d'une crise de convulsions après avoir ingéré une dose massive de Propranolol, un bêtabloquant. Les analyses toxicologiques avaient révélé un taux "dix fois supérieur à la dose thérapeutique", rapporte La Provence. Sa sœur cadette, Luan, a quant à elle été sauvée par l'interpellation de sa mère, les enquêteurs ayant découvert qu'on lui administrait un antidépresseur et un somnifère réservés aux adultes.
Au fil des audiences, le profil psychologique de la mère a été disséqué. Des experts psychologues ont évoqué la piste du syndrome de Münchhausen par procuration, un trouble psychiatrique rare où un parent rend volontairement son enfant malade pour attirer l'attention et la compassion. Cette hypothèse est renforcée par le fait qu'Enea avait consulté pas moins de 30 médecins différents avant sa mort. Malgré les preuves accablantes, Luan, la cadette, a continué de défendre sa mère durant le procès, illustrant l'emprise psychologique au cœur de ce dossier.
Un verdict plus sévère que les réquisitions
Si la peine de trente ans était attendue, la cour est allée plus loin que les demandes du ministère public sur un point crucial. L'avocat général avait requis une période de sûreté de quinze ans, mais les jurés ont prononcé une peine de sûreté de vingt ans. La présidente de la cour d'assises, Emmanuelle Adoul, a justifié cette sévérité "au regard de la gravité des faits, de la mort d'Enea, de leur durée, des modes opératoires et des préjudices pour les parties civiles", selon les propos rapportés par Ici Mont-de-Marsan.
Mais quelle est la signification d'une période de sûreté de 20 ans ? Concrètement, cela veut dire que Maylis Daubon ne pourra bénéficier d'aucun aménagement de peine (libération conditionnelle, semi-liberté) avant d'avoir purgé au minimum ces vingt années de détention. À l'annonce du verdict, l'ex-mari de l'accusée et père des victimes, Yannick Reverdy, a fondu en larmes, déclarant : "C'est le combat de ma vie et c'est peut-être un nouveau départ pour nous". De son côté, l'avocat de la défense, Me Gérard Danglade, a qualifié la décision d'"extrêmement lourde et inquiétante".